À Nice, le masque est désormais obligatoire
Alors que les admissions de patients atteints de la Covid-19 sont en hausse dans les Alpes-Maritimes, Christian Estrosi impose le port du masque en extérieur dans certains secteurs de la ville
Àpartir d’aujourd’hui, sortons masqués à Nice !
Alors que les admissions de patients atteints de la Covid19 sont en hausse dans les Alpes-Maritimes, signale Santé publique France dans son dernier bulletin, Christian Estrosi a pris un arrêté municipal. Valable jusqu’à vendredi, il impose le port du masque dans les espaces extérieurs les plus fréquentés de la ville. Une décision qui fait écho aux recommandations du ministre de la Santé, encourageant le port du masque « s’il y a concentration de personnes ».
« Le préfet nous a confirmé travailler sur ce sujet à son niveau. Dans cette attente, j’ai pris un arrêté visant les axes majeurs dans lesquels le masque est obligatoire de 10 heures à 1 heure du matin. Je compte sur le sens des responsabilités des Niçois et de nos visiteurs pour le respecter [...] Il faut se protéger et protéger les autres », a justifié, hier, le maire de Nice.
De Gambetta au port
D’après cet arrêté, dont le détail n’a pas encore été officialisé, le périmètre est délimité, à l’ouest, par le boulevard Gambetta ; au nord, par l’avenue Thiers et la gare ; à l’est, par l’avenue Jean-Médecin, la place Masséna, l’avenue Félix-Faure, la promenade du Paillon (Coulée verte), l’avenue Saint-JeanBaptiste, la rue du DocteurCiaudo, la place Garibaldi, la rue Cassini, la place Île-deBeauté et le port ; enfin, au sud, il est délimité par le boulevard Magnan, en ce qui concerne la chaussée sud de la promenade des Anglais ; ensuite, les deux chaussées de la Prom’ à partir du boulevard Gambetta, puis la rue Max-Gallo, le quai des ÉtatsUnis et le quai Rauba-Capeu. Les contrevenants s’exposent à une amende de 35 euros. Seuls les enfants de moins de 11 ans sont exemptés de cette obligation. Christian Estrosi avait déjà tenté, en mai, de généraliser le port du masque en extérieur sur l’ensemble de la commune, avant d’y renoncer à cause de deux recours devant le tribunal administratif. Vendredi, il a annoncé au conseil municipal qu’il avait demandé au préfet de prendre un arrêté pour l’imposer sur certains secteurs ciblés. La préfecture avait alors fait savoir que le représentant de l’État s’était attelé à la question à l’échelle non pas seulement de Nice, mais de l’ensemble des Alpes-Maritimes, « de manière à limiter les risques de contamination dans un département accueillant d’importants flux touristiques ». Contactée hier, la préfecture n’a pas donné suite à nos sollicitations. « Pourquoi de heures à heure du matin et pas de heures à heures ? Pourquoi dans certaines rues et pas d’autres ?
Quid des plages ? Quid des enfants ? ».
Cette nouvelle mesure et ses contours étonnent le docteur Véronique Mondain, infectiologue au CHU de Nice. « Le masque, quand on déambule dans la rue à bonne distance les uns des autres ou en famille, n’est pas utile. Il peut même être contre-productif, assure cette spécialiste. C’est l’été, il fait très chaud, le masque est humidifié par la sueur : c’est compliqué de le supporter ! Cela peut dissuader certains de sortir ou créer d’autres effets collatéraux. » L’équilibre est difficile à trouver car, en même temps, « passer son temps à mettre et retirer le masque (en entrant et sortant d’un lieu clos) n’est pas une bonne chose, du fait du risque d’infection des mains et de la détérioration du masque à sa manipulation ». Et le médecin de nuancer : « On ne peut pas totalement tirer un trait sur le port du masque en extérieur. On l’a vu dans le contexte particulier du concert de The Avener (sur le quai des États-Unis le juillet) : personnes concentrées qui, de surcroît, crient et chantent… D’ailleurs, on a aujourd’hui un peu de recul et on n’observe pas de reprise de l’épidémie liée à cet événement. Cela montre que l’extérieur est un peu protecteur ».
Sans trancher, ni condamner cette nouvelle disposition, Véronique Mondain déplore surtout « que les décisions soient prises au niveau politique sans avis des experts, épidémiologistes ou infectiologues. Autant il faut saluer les mesures prises pour sécuriser les risques en lien avec les flux de touristes, autant il faut équilibrer les risques encourus avec la conservation d’une vie sociale.
Les personnes dépistées ces derniers temps ont pour la plupart fait un test sans symptômes. Une PCR positive ne veut pas dire contagiosité, ce virus circule à bas bruit comme de très nombreux virus. Les personnes fragiles doivent se protéger mais il y a un vrai risque de surenchère. Messages diffusés par hautparleurs, drones… La dictature Covid pointe son nez… »
Dr Mondain : « Ça peut être contre-productif »