Nice-Matin (Cannes)

Des restanques restaurées dans les règles de l’art

À Saint-Cézaire-sur-Siagne, Gisèle Rochette, attachée aux traditions rurales, vient de réhabilite­r les restanques qui émaillent sa propriété. Mais pas question de le faire en dépit du bon sens !

- CORINNE JULIEN BOTTONI

Les restanques font partie du patrimoine provençal. Réalisées en pierres sèches, la plupart du temps trouvées sur place, elles façonnent des terrains pentus, suivant les courbes de niveau, en créant des terrasses maintenues par des murets plus ou moins hauts, érigés sans mortier, ni liant. Il s’agit là d’un savoir-faire ancestral qui se transmet de génération en génération. Cette méthode de culture est tombée peu à peu dans l’oubli, à cause de la mécanisati­on. Aujourd’hui, on assiste à une restaurati­on de ce patrimoine rural, initié soit par les collectivi­tés locales, soit par des particulie­rs.

Renouer avec la vie agricole d’antan

À Saint-Cézaire-sur-Siagne, Gisèle Rochette, très attachée aux traditions rurales, vient de réhabilite­r les nombreuses restanques qui émaillent sa propriété.

« J’ai ressenti un véritable coup de foudre lorsque j’ai découvert cet endroit encore imprégné d’une forte présence agricole. Certaines restanques menaçant de s’écrouler, j’ai aussitôt ressenti le besoin de les faire restaurer. »

Il s’est alors agi de faire appel à quelqu’un maîtrisant parfaiteme­nt la restaurati­on de ce patrimoine rural. Éric Etrillard, jardinier spécialisé dans l’entretien et l’aménagemen­t de jardins provençaux et établi sur la commune depuis de nombreuses années déjà, s’est vite attelé à la reconstruc­tion de ces vénérables planches de terres.

« La réhabilita­tion d’une restanque nécessite une grande rigueur de travail. Rien n’est laissé au hasard. Il faut d’abord ramasser et dégager tout ce qui se trouve à terre pour ne conserver que ce qui est stable, sans hésiter à faire tomber ce qui ne l’est pas. On trie les pierres selon leur forme et leur grosseur, puis à l’aide d’un cordeau tendu, on trace une ligne droite entre les deux pierres de limite. »

Une fois ce minutieux travail de préparatio­n accompli, commence alors la reconstruc­tion du mur. Et Éric Etrillard de poursuivre : «Il faut placer au sol les plus grosses pierres qui vont constituer l’assise, en présentant toujours la meilleure face, puisqu’il s’agit du parement. Ces pierres doivent être parfaiteme­nt calées, avec des plus petites, soit à l’arrière, soit à l’avant. On réalise ensuite à mi-hauteur, un plat qui permet de poursuivre l’élévation du mur. Les pierres doivent toujours être croisées pour assurer une bonne stabilité du mur et éviter les “coups de sabre”. Il faut aussi décaler légèrement la première pierre pour créer du “fruit”, c’est-à-dire une légère inclinaiso­n. Les pierres traversant­es ou “points d’ancrage” traversent le mur de part en part et s’avèrent essentiell­es à la bonne stabilité de la restanque. »

Ne reste alors qu’à poser les pierres de couronneme­nt qui, comme leur nom l’indique, couvrent le haut du muret.

« Celles-ci doivent être assez lourdes pour bloquer par effet d’inertie, tout mouvement de pierres sur le haut du mur. Et si l’on veut donner une touche finale, il convient de combler les interstice­s avec des pierres de différente dimension », conclut Éric en désignant le haut du muret terminé. Cette restaurati­on effectuée dans les règles de l’art redonne à la restanque ses lettres de noblesse tout en rendant un bel hommage au monde rural d’antan.

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(Photo C. B.) Gisèle Rochette et Éric Etrillard devant la restanque restaurée.

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