300 000 personnes sans domicile
« La situation est apocalyptique, Beyrouth n’a jamais
connu ça de son histoire », a lancé, hier, le gouverneur de Beyrouth, Marwan Abboud, qui avait éclaté en sanglots, mardi, devant les caméras dans le port dévasté. On estime que 300 000 personnes sont sans domicile, a-t-il déclaré. L’état d’urgence a été décrété pendant deux semaines après la double explosion présentée comme accidentelle par les autorités. Le gouvernement cherche également à « assigner à domicile les responsables ».
Cargaison saisie
« Il est inadmissible qu’une cargaison de nitrate d’ammonium, estimée à 2 750 tonnes, soit présente depuis six ans dans un entrepôt, sans mesures de précaution. C’est inacceptable et nous ne pouvons pas nous
taire », a dit le Premier ministre Hassan Diab. Selon une source des services de sécurité, le nitrate d’ammonium avait été saisi sur un bateau moldave il y a six ans et entreposé au hangar numéro 12 du port, « sans aucun suivi ».
Hôpitaux saturés
Au milieu des ruines, les secouristes ont poursuivi leurs recherches pour trouver d’éventuels survivants. Une centaine de pompiers spécialisés ont été dépêchés par l’Union européenne pour les aider. Les hôpitaux de la capitale, déjà confrontés à la pandémie de Covid-19, sont saturés [photo AFP]. Des habitants, blessés et ensanglantés, ont dû faire le tour des hôpitaux toute la nuit pour recevoir des soins. D’après les autorités, les explosions de mardi soir sont les pires vécues par la capitale libanaise, malgré son histoire tourmentée. Les déflagrations ont, en effet, soufflé les vitres des habitations dans la plupart des quartiers de Beyrouth et de sa banlieue, et les artères de la ville restent jonchées de décombres. Le gouverneur de Beyrouth a estimé les dommages à plus de trois milliards de dollars. Sur les réseaux sociaux, les appels de citoyens libanais se sont multipliés pour réclamer la démission de l’ensemble des dirigeants du pays, rendus responsables de cette tragédie, alors que la classe politique est accusée depuis longtemps de corruption et d’incompétence.
« Pendez-les ! »
« Partez tous ! [...] Vous êtes corrompus, négligents, destructeurs, immoraux. Vous êtes des lâches. C’est votre lâcheté et votre négligence qui ont tué les gens », a lancé un journaliste libanais connu, Marcel Ghanem, dont l’émission télévisée jouit d’une grande audience. Le hashtag « Pendezles» circule, lui, sur Twitter.
Trois jours de deuil
Trois jours de deuil national ont été décrétés. Les autorités ont proclamé Beyrouth « ville sinistrée » et appelé à l’aide.