« Cannes, ma deuxième Beyrouth »
« Une partie de ma famille et plusieurs amis vivent à Beyrouth ; la première chose que j’ai faite, c’est prendre de leurs nouvelles. De mon côté, heureusement, tout le monde va bien. Ça ne m’empêche pas de me dire que c’est comme si c’était ma famille qui était impactée...» Depuis Cannes, où il a vécu la tragédie « devant [sa] télé », Mohamad Ali Makieh demeure « totalement sous le choc ». Les images des déflagrations, des victimes, «des hôpitaux submergés » tournent incessamment en boucle dans son esprit. «Une telle explosion, c’est du jamais vu », souffle le natif de Baalbek (nord-est du pays), que ses études ont, ensuite, mené jusqu’à Beyrouth. Les études, c’est aussi ce qui l’a conduit à quitter le pays pour rejoindre l’Hexagone : Master en biologie et en informatique à Grenoble, avant d’arriver dans la cité des festivals en 2015, pour entamer sa carrière professionnelle – il travaille à Sophia, « dans le domaine de l’informatique. »
Un déracinement – il est venu seul en France – atténué par la présence d’une « communauté soudée : Cannes, c’est plus familial ; Nice, plus étudiant. Mais je vois surtout les choses à l’échelle de la Côte d’Azur ».
Où, jeune étudiant, il a pu compter sur le soutien des siens, « notamment pour les démarches administratives, la recherche d’un logement. » À 32 ans, aujourd’hui bien installé, Mohamad Ali a, comme une évidence, choisi de rendre la pareille. «La crise du Covid, mais aussi financière au pays a eu un fort impact sur les classes moyennes et, par ricochet, sur les jeunes venus étudier ici. Comme j’ai été aidé, j’essaie, à ma modeste échelle, d’aider à mon tour. » Volontaire dans les différentes associations (Mon Liban d’Azur, Les Amis du Liban, A.E.L.N.), il sait qu’une autre mission l’attend désormais : « L’impact va être fort ces prochains jours. J’ai peur qu’il y ait une grande pénurie de médicaments. ce serait bien de mettre en place des collaborations entre les hôpitaux des deux pays. » Tenant à « remercier la France, qui a toujours été là dans les coups durs, et son président », il espère, aussi, une aide des maires locaux, ceux de Nice et Cannes en tête. « On pourrait créer, avec les associations et le support des villes, des événements caritatifs, pour récolter des fonds. »
Retourner au pays, comme il le fait, habituellement, « tous les ans en été » ?Mohamad Ali n’y pense pas pour l’heure. «Avec la Covid, de toute manière...On prend des nouvelles des proches et on verra. Et puis, Cannes, c’est ma deuxième Beyrouth...»