Nice-Matin (Cannes)

Joseph, étudiant libanais à Menton : « Nous allons émerger ensemble plus forts »

- ALICE ROUSSELOT

Étudiant sur le campus mentonnais de Sciences Po, Joseph Moussa se dit extrêmemen­t attristé par l’incident tragique qui a frappé le Liban, son

« pays natal bien-aimé ». Le jeune homme a appris la terrible nouvelle par le San Francisco Chronicle, avant que son frère ne lui envoie des séquences vidéo de l’explosion. Ce soir-là, Joseph avait invité des amis italiens, chinois et américains à dîner, précisémen­t pour rendre une sorte d’hommage à la culture et aux traditions du pays auquel il appartient.

« C’est la plus grande explosion que le pays ait connue dans sa longue histoire de guerres et de conflits. Tout au long de la nuit, et même hier, j’ai envoyé des messages à ma famille et à mes amis au Liban. Heureuseme­nt, mon oncle et sa famille sont en sécurité, mon frère quittait la ville en voiture au moment de l’explosion, et mes grands-mères se trouvaient dans des villages loin de Beyrouth », explique-t-il. Précisant partager de tout coeur la tristesse de ceux qui n’ont pas eu cette chance. Soulignant que même sa maison familiale située dans la banlieue au-dessus de Beyrouth, loin du port, a subi des dommages « avec ses fenêtres et ses cadres complèteme­nt brisés et propulsés dans la maison ».

Une ville « reconstrui­te sept fois à partir des cendres »

Joseph assure par ailleurs avoir ressenti

« un immense amour et un soutien réconforta­nt de la part de mes connaissan­ces en France », y compris de son propriétai­re, du directeur du CCAS de Menton (avec qui il a pu monter la plateforme Menton Livraison avec trois camarades) et de la directrice de Sciences Po Menton. « Le folklore libanais raconte qu’au cours de ses   ans d’histoire, Beyrouth a été reconstrui­te à partir de cendres sept fois. J’ai moi-même dû fuir =$le Liban avec ma famille durant l’été de , alors que le pays était témoin de frappes aériennes et de bombardeme­nts, poursuitil. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons et nous allons ensemble émerger plus forts, comme nous l’avons fait tant de fois dans le passé. » Et même si cela prendra du temps, Joseph est convaincu qu’après avoir pleuré collective­ment leurs morts, les Libanais s’uniront pour construire un pays

« véritablem­ent indépendan­t et unifié ». «Le “Paris du Moyen-Orient” ne succombera pas à une explosion, peu importe sa taille ou sa force, car nous, les Libanais, reconstrui­rons Beyrouth une fois de plus, jour par jour, fenêtre par fenêtre, et rêve par rêve », conclut-il.

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