Cannes : dans la ville du cinéma, le rideau n’est pas près de tomber
« On est à -50 % par rapport à l’an passé ; on a réduit le nombre de séances par salle par jour de cinq à quatre et, cette semaine, on passe à trois. On doit faire des économies de personnel car on ne rentre pas dans nos frais. L’été, c’est déjà plus faible que le reste de l’année. Là, c’est évidemment amplifié...» Dépeinte comme ça, la toile n’est guère reluisante aux Arcades à Cannes. Clairement, l’art et essai ne fait pas exception à la règle. Pour autant, ne comptez pas sur Laetitia Mazeran, la directrice d’exploitation du cinéma cannois, pour broyer du (film) noir... «On s’adapte, on garde quand même des films en sortie nationale, avec trois nouveautés par semaine. » Envisager un break estival ? Même pas en rêve... On s’accroche, on « reste positif ». Et on préfère évoquer « l’événement de septembre » ,le festival In & Out [ du 2 au 6 ]. « Nous présenterons onze films, des expositions, des rencontres avec les réalisateurs, notamment Nicolas Maury [Garçon chiffon] et ceux de La Première Marche [Hakim Atoui et Baptiste Etchegaray]. Ça va donner le ton de la rentrée, voir si le public répond présent. En tout cas, on va continuer à proposer des choses. »
Proposer, c’est aussi le credo de Colin Arteaga, directeur de l’Olympia (9 salles, 1 200 fauteuils) voisin. S’il faut « enlever un zéro » aux scores réalisés l’été dernier avec Le Roi Lion, lui regarde la courbe avant tout : «Ça reste timide, mais mieux qu’en début d’été. Les sorties récentes des Blagues de Toto, en journée, et de Greenland, en soirée, attirent du monde. Puis, on a eu une belle avant-première avec Antoine de Maximy [le 26 juillet pour son film J’irai mourir dans les Carpates], ça fait plaisir de voir une salle plus remplie que d’habitude. »
« Dommage que certains distributeurs ne jouent pas le jeu »
En attendant la sortie du blockbuster Tenet (26 août) pour « sauver l’été », on fait dans le teasing en diffusant deux gros succès de Christopher Nolan, Inception et Interstellar. « On cherche des idées, on essaye de créer des événements. » Exemple : le marathon Twilight, hier et aujourd’hui, destiné, surtout, aux ados, les plus assidus actuellement en salles. Pas de sinistrose, donc, chez Colin Arteaga, mais un regret, quand même : «Onaapprisque le film Mulan sortait sur la plateforme Disney +. Pour nous, c’est une catastrophe. Dommage que certains distributeurs ne jouent pas le jeu et ne soutiennent pas les salles. Mais bon... Ce n’est pas le cas de tous : Universal et Warner, par exemple, nous ont proposé au départ de piocher dans leurs vieux catalogues, c’était top. »