Merakhaazan
Merakhaazan, c’est inventé. Au départ c’était comme un nom de groupe. C’était un alias, c’est devenu une identité. Merakhaazan, ça pourrait être un sorcier dans Conan , un chef de guerre mongol, un chevalier dans une contrée lointaine… » Merakhaazan surtout, c’est Jean-Christophe Bournine. Contrebassiste niçois qui s’est dit, très vite, qu’il n’irait ni dans une formation de jazz ni dans un orchestre. Son credo, depuis sa formation au Conservatoire de Nice, c’est que les contraires s’attirent. Que rien n’interdit de marier ses influences. Et que c’est de la dualité que naissent les belles choses. Dans Veines ,son second album sorti au printemps, il s’efforce de l’illustrer.
Le musicien livre dix titres instrumentaux où s’entrechoquent des accords électriques, des sonorités orientales, des envolées de cordes frottées ou frôlées… Mettant, davantage que dans ses compositions précédentes, la mélodie au centre. « Cet album est très construit, je n’ai pas travaillé avec la même méthode, confirme JeanChristophe Bournine. Avant, c’était davantage un regroupement de productions indépendantes, là, c’est un vrai processus d’album. »
Un disque où se devinent les différentes amours de Merakhaazan, élevé au noisy rock et à l’esthétique metal, rompu aux gammes et à la musique baroque, curieux d’airs traditionnels ou de rythmes jazzy. « Ma musique n’est même pas une volonté de faire une synthèse, c’est une digestion », résumet-il. Résultat, des couches et des couches qui se croisent et se décroisent, laissant l’auditeur s’imaginer un orchestre alors que le contrebassiste est seul en studio.
Au théâtre aussi
On pense parfois à Bumcello, le duo de Vincent Ségal et Cyril Atef, quand l’Azuréen transforme sa contrebasse en percussion. On songe encore aux Britanniques de Mogwai, quand sa musique se fait plus cinématographique, même si à la froideur des B.O., celui qui a commencé comme conteur préfère la chaleur du spectacle vivant. Lui, quand il fait des musiques de film, c’est en ciné-concert. Autrement, il préfère travailler avec des chorégraphes comme Hervé Koubi, ou en live pour le théâtre comme avec le collectif azuréen La Machine dont il fait désormais partie. « L’énergie de l’instrument peut se modeler comme le texte d’un comédien, on peut réagir spontanément, ça change tout. Et puis, la contrebasse est un générateur de sons incroyable, on peut tout faire avec. De la musique, mais aussi un parquet qui grince, une porte qui claque… » Devant le public, là où il se sent le mieux et face auquel il fait déjà vivre son nouvel album, grâce à la reprise de certains événements culturels (1), Merakhaazan se démultiplie grâce au looper. Il s’enregistre en direct et superpose les boucles. « La seule contrainte d’être en solo, c’est justement la boucle. On prend le risque de répéter ses structures. Mais en se creusant la tête, on trouve d’autres façons de faire et, pour mes prochains projets, je vais essayer d’aller vers autre chose. Le progrès c’est l’épure, dans n’importe quelle discipline. » 1. Merakhaazan présente Veines, ce soir, à 19 h. Au 109, à Nice. Entrée libre mais masquée. Dans le cadre des soirées « En-Cours ».