Nice-Matin (Cannes)

Florian Grill passe à l’offensive

Seul candidat à la présidence de la FFR face à Bernard Laporte, le président de la ligue régionale Île de France, prône la rupture avec la gouvernanc­e actuelle et surtout l’apaisement

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE BERSIA

Le président de la ligue régionale île de France, Florian Grill (54 ans), peut-il vraiment détrôner Bernard Laporte à la tête de la FFR, le 3 octobre (1) prochain lors des élections à la présidence ? Nous n’en sommes évidemment pas encore là, et « Bernie » a sans doute encore quelques atouts dans sa manche pour essayer de renvoyer l’impétrant 4 ans de plus à ses réflexions. Mais renforcée par la crise du Covid qui a mis en lumière les grandes fragilités du rugby français et encore exacerbé les tensions à tous les étages de la discipline, l’idée fait aujourd’hui son chemin... Fervent partisan d’une gouvernanc­e apaisée, là où il reproche notamment la brutalité du management actuel, Florian Grill pense avoir le profil et les clés pour rassembler et enrayer la chute des licenciés en investissa­nt vraiment dans la formation et les écoles… Et il n’est pas tout seul à prôner la rupture et le changement comme en atteste la liste des 37 soutiens qu’il vient de dévoiler. Des personnali­tés comme Jean-Marc L’Hermet, Eric Champ, Fabien Pelous, Julien Pierre, Abdelatif Benazzi, Jean-Pierre Skrela, Serge Blanco se sont rangés à ses côtés, pour former une équipe « armée pour répondre à la crise que traverse le rugby français » assure le chef de file d’ « Ovale ensemble ». En campagne depuis plusieurs semaines à travers l’Hexagone où il effectue une « tournée des barbecues », alors que Bernard Laporte n’a même pas encore dévoilé son programme ni son équipe, Florian Grill était de passage cette semaine dans le Var. À défaut d’être accueilli par Henri Mondino, son homologue président de la ligue Paca premier soutien de Bernard Laporte (qu’il s’est aussi bien gardé d’aller saluer), le candidat a été reçu et « drivé » par ses soutiens locaux, les Toulonnais Eric Champ et Xavier Taccard. Au total, il aura ainsi pu dialoguer « les yeux dans les yeux » avec les dirigeants d’une quinzaine de clubs varois, avec l’impression d’être très écouté et parfois même entendu. Avant de poursuivre sa route vers d’autres régions, comme l’avait fait, avec succès Bernard Laporte en 2016...

Florian grill, pourquoi cette candidatur­e ?

Parce que le rugby français a besoin d’un management apaisé qui sait rassembler, qui sait convaincre et unir, et pas d’un management qui divise, surtout en cette période compliquée

C’est le thème principal de votre campagne ?

Oui. Le rugby vient de subir un management assez violent avec par exemple le licencieme­nt de Guy Noves.

Il y a aussi eu une autre faute de management avec la gestion du dossier de sortie du grand stade. C’était une demande des clubs mais il y avait moyen de sortir sans payer autant de pénalités. Ensuite, il y aura peut-être une affaire avec le constructe­ur et in fine ce sont les clubs qui vont payer. On a aussi les tensions avec la LNR où on a atteint un paroxysme. Le rugby a vraiment besoin d’apaisement Par ailleurs, d’un point de vue financier, la fédération a augmenté ses charges de personnel de  % sur  ans et alors que toutes les fédération­s repoussent la date de leurs élections pour cause de Covid, lui anticipe cette date, ce qui aura pour conséquenc­e qu’on ne fera pas d’A.G. financière en amont de ces élections, sauf si le conciliate­ur et la justice le cas échéant en décident autrement...

Qu’est-ce qui vous sépare fondamenta­lement de Bernard Laporte ?

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J’ai  ans d’expérience dans le rugby territoria­l et régional :  ans comme joueur et  ans comme dirigeant. Je connais exactement les problémati­ques et les besoins des clubs. Je ne crois pas que ce soit le cas de Bernard Laporte ou de Serge Simon… Ils n’ont jamais été dirigeants bénévoles dans un club…

Comment enrayer la chute des licenciés (–  ) ?

Cette baisse n’est pas entièremen­t de sa faute. Elle s’explique par les accidents c’est sûr, mais aussi, les résultats de l’équipe de France. Mais Bernard Laporte n’a rien fait pour l’enrayer depuis  ans. Sa priorité aujourd’hui est clairement World rugby. La Fédé, c’est quand même un budget de  millions d’euros et la part consacrée aujourd’hui aux scolaires est de l’ordre de – de , %. Nous, on veut multiplier par dix le budget alloué aux scolaires. Aujourd’hui, on est à

  euros, on va mettre  millions, sans augmenter les charges de personnel… Il faut que les enfants jouent au rugby parce que c’est une vraie école de la vie. On a déjà pris contact avec le Ministère. Notre projet intéresse beaucoup. Il y a de vrais enjeux. La sauvegarde du rugby et des clubs est un enjeu de société. Ce n’est pas philosophi­que. Il y a la compétitio­n qui nous anime bien sûr mais le rugby a aussi une capacité à transforme­r des gens, à faire des adultes, et à créer des liens. Après le Covid on a besoin encore de redire ces valeurs et de retrouver du sens… Il faut remettre l’église au centre du village… J’en suis maintenant à  barbecues et chaque fois qu’on voit les gens en face-àface, on arrive à en convertir. Ces remontées sont très encouragea­ntes. (1) La Fédération française de rugby (FFR) a décidé hier de maintenir ses élections au 3 octobre, contre l’avis du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) saisi comme conciliate­ur par l’opposition, estimant dans un communiqué être «dans son bon droit». Florian Grill avait saisi le CNOSF et recommandé à la Fédération Françaised­eRugbydere­portercesé­lectionsde­deuxmois. Ce dernier estime ne pas avoir pu correcteme­nt faire campagne en cette période de crise sanitaire. Il propose un report au 12 décembre, menace de saisir le juge de l’élection en cas d’absence de compromis.

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(Photo AFP)

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