Nice-Matin (Cannes)

Bonnard, sa vie, son oeuvre, sa lumière

Le musée du Cannet propose jusqu’au 1er novembre un parcours repensé autour des tableaux du « peintre du bonheur ». Ses paysages cannettans y sont mis en évidence.

- AURORE HARROUIS aharrouis@nicematin.fr PHOTOS FRANZ CHAVAROCHE

Il faut être patient, savoir attendre, l’émotion surgit à son moment. [...] Le choc est instantané, souvent imprévu. »

Pierre Bonnard avait raison. Il a fallu patienter près de quatre mois avant de s’imprégner à nouveau de ses couleurs dans son musée, au Cannet. Doux choc. Jolie émotion.

Il faudra rester encore un peu sage afin de découvrir l’exposition exceptionn­elle qui aurait dû se tenir cet été : Enfances rêvées - Bonnard, les Nabis et l’enfance. En partenaria­t avec le musée Mitsubishi

‘‘ Ichigokan de Tokyo, les oeuvres exposées au Japon devaient arriver au Cannet mais la crise sanitaire en a décidé autrement. Partie remise à 2022. Alors, un nouveau parcours est mis en place, depuis début juillet et jusqu’au 1er novembre. « Pensé en deux mois, alors qu’une exposition se prépare généraleme­nt sur une durée d’unan» , précise Véronique Serrano, conservate­ur au musée Bonnard. C’est ainsi qu’est née l’exposition Le Cannet, une évidence. Le fil conducteur est limpide, suivant la carrière du maître en s’attardant sur ses peintures cannettane­s, notamment les dernières acquisitio­ns du musée et plusieurs prêts de collection­neurs. Comme au spectacle, la vie artistique de Bonnard commence en haut de l’affiche. Il crée des oeuvres réclames pour France Champagne ,en1891puis La Revue blanche en 1894. On repère son style. Le jeune homme qui s’oriente vers le droit revêt l’habit de peintre. Dans ses premières oeuvres parisienne­s – Le Tramway vert ou Les Grands Boulevards –, son sens si particulie­r du cadrage capte l’attention. Afin de laisser la couleur se déployer dans la plus grande liberté, il n’utilisait pas de chevalet, mais punaisait directemen­t la toile sur le mur, sans contrainte d’un format préétabli.

Les teintes affolent le pinceau

Le Nu orange, acquis par la ville grâce à la générosité de l’État, de la Région Sud et de 356 donateurs éclate de couleurs. Infinie richesse de nuances. L’obsession des teintes, qui, toute sa vie, a « affolé » son pinceau et tourmenté son esprit. Il y a encore, dans cette évidence, Marthe. Modèle, amante, épouse, elle est l’héroïne de nombreux tableaux. Bonnard la saisit dans toutes les situations : accoudée sur la table, jouant avec le chat, assoupie dans le jardin et, surtout, entrant dans le bain ou en sortant... Nu immergé dans l’azur des baignoires. Intérieur nimbé de douceur de vivre. Il y a encore, sous un élégant chapeau, l’autre femme, Renée Monchaty. Jeune artiste amoureuse qui se tue quelques semaines après le mariage de Marthe et Bonnard. Et puis, les paysages. Incandesce­nts. Capturés au Cannet où le peintre a vécu de 1926 jusqu’à sa mort, en 1947. « Sur ses petits carnets, Pierre Bonnard multipliai­t d’abord les croquis. Puis il peignait, de mémoire », dit Véronique Serrano. Il avait ainsi, disait-il, « tous les sujets sous la main. Je vais les voir. Je prends des notes. Et puis je rentre chez moi. Et, avant de peindre, je réfléchis, je rêve. »

Avant de peindre, je rêve”

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