Le Cannois Luwawu-Cabarrot en playoffs
Prévu ce soir à Orlando, le début des playoffs NBA opposera les Nets de Brooklyn au tenant du titre, Toronto, avec l’Azuréen dans les rangs new-yorkais
Je n’arrive pas à dormir... ”
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On a gagné le respect ” ‘‘TLC’’ version NBA
C’est un jour historique dans une carrière de basketteur. Celui qui vous fait basculer du bon côté, dans un monde où l’oxygène se fait plus rare et les shoots un peu plus lourds. Ce soir (22h), Timothé Luwawu-Cabarrot et les Brooklyn Nets débutent le premier tour des playoffs NBA face aux Raptors de Toronto, tenants du titre outre-Atlantique et favoris de la confrontation.
Pour le joueur formé à Antibes, il s’agira d’une découverte quatre ans après son arrivée dans la grande ligue. Souvent utilisé par l’entraîneur Jacque Vaughn depuis la reprise fin juillet, le natif de Cannes a su profiter des absences (Kevin Durant, Kyrie Irving…) pour glisser son dribble dans la rotation et rentabiliser au maximum son temps de jeu.
Bien dans son basket, “TLC” se sent épanoui dans les rangs des Nets et le leur rend bien. Avec son Frenchie de 25 ans, la franchise new-yorkaise tient un joueur fiable semble-t-il arrivé à maturité. L’ancien des Sharks a pris le temps d’en parler avant de se jeter dans le grand bain.
Thimothé, la reprise s’est plutôt bien passée...
C’est clair, on arrive en confiance (). C’était une bonne chose de jouer contre Portland pour le dernier match, d’avoir cette atmosphère de playoffs avant d’arriver aux véritables playoffs. On sait où on est, sur quoi on doit bosser et ce qu’on doit faire pour gagner des matchs. A titre personnel, ça fait
‘‘ plaisir mais je savais où j’en étais. Je suis bien physiquement et mentalement. Ça fait vraiment deux-trois ans que je bosse chaque été pour être là où je suis. Quand je vois le chemin parcouru, le two-way contract, le -Day contract (l’équivalent de piges en NBA) et maintenant une place dans la rotation… On a un bon groupe, je me sens bien avec mon basket et les personnes qui sont ici.
Vous avez beaucoup travaillé pendant le confinement !
Peu importait la suite ou ce qui allait se passer, mon but, c’était juste d’être meilleur et pouvoir jouer mon jeu. Que ce soit à trois points, à la finition, dans la raquette, au niveau de mon dribble… Je voulais être plus confortable dans mon ‘‘game’’. Finalement la NBA a repris et je suis beaucoup mieux, le travail paye.
Ce format dans la bulle semble vous convenir ?
C’est compliqué à vivre. C’est long d’être loin de la famille et des amis. La dernière fois que j’ai vu ma mère et ma soeur c’était à Noël, je n’ai pas vu mes amis de France depuis un an. C’est la première fois de toute ma vie que je ne suis pas rentré en France pendant plus d’un an. On fait comme on peut, c’est plus important d’être ici, focus, et de saisir cette opportunité.
Je me bats et je sais que ça va payer.
Comment définir votre rôle du moment ?
J’ai peut-être évolué aux yeux des fans et des personnes extérieures, les gens pensent que j’ai progressé mais je sais que j’ai toujours été capable de faire ce genre de choses, notamment à l’entraînement. Mes coéquipiers le savent, dans l’équipe pas grand monde n’est étonné de ce que je fais. Il fallait juste que j’aie l’opportunité de le faire et de le montrer. C’est bien d’avoir un vrai rôle, de jouer la fin du match et d’être un atout majeur de l’équipe.
Le record de points, le temps de jeu conséquent, la régularité… On a le temps de savourer ?
J’essaie juste de passer à autre chose le plus rapidement possible. Ça fait plaisir de battre le record de points (), de jouer beaucoup et de défendre sur le meilleur joueur adverse, mais les matchs arrivent tellement vite que tu ne peux pas rester relax et être content de ce que tu as fait. Ce n’est pas mon état d’esprit du moment : je veux faire le taf, montrer à chaque match et ne pas forcément penser à ce que je fais. C’est quand je serai en France que je pourrai regarder en arrière et me dire que le travail a payé.
Vos proches parlent d’évolution, notamment dans la tête.
J’ai beaucoup appris, notamment la dernière année à Chicago et Oklahoma. Je me suis rendu compte de beaucoup de choses, j’ai passé un cap. J’ai juste changé un peu mon état d’esprit. Je sais ce que je sais faire et je dois le montrer à chaque match. Par exemple, en ce moment, je n’arrive pas à dormir... Ça fait une semaine que je ne dors pas, que j’appréhende les matchs et que j’ai envie de jouer. Ce n’est pas comme avant où tu ressens un peu de stress, où tu te dis que tu vas peut-être rater des tirs.
Je suis plus relax, beaucoup plus confiant. Je suis plus focus et concentré, plus pro dans mes actions avant, pendant et après les matchs. J’ai évolué dans ma façon d’apprendre sur les autres joueurs, les systèmes de jeu, les préférences des mecs en face…
C’est vraiment ça qui a changé dans ma tête.
L’environnement à Brooklyn vous convient parfaitement ?
Complètement ! C’est une question d’opportunités, c’est sûrement la meilleure franchise pour laquelle j’ai joué avec les meilleures personnes pour qui j’ai bossé. J’ai aussi grandi et changé, si j’étais arrivé avec le même état d’esprit dans n’importe quelle autre équipe, j’aurais pu faire les mêmes choses mais je suis beaucoup plus content de le faire avec Brooklyn.
Que peuvent espérer les Nets en playoffs ?
Avec le match face à Portland [défaite - le août] on a gagné beaucoup de respect dans la ligue. Ça a été assez compliqué au début, on a dû recomposer une équipe à cause des blessures mais on l’a fait et on l’a bien fait. On est bien coaché, on est soudé. On va arriver en playoffs comme underdogs (), on peut surprendre des équipes.
Vous ne savez pas encore si vous serez à Brooklyn à la rentrée ?
Pour l’instant je n’y pense pas, je fais ce que j’ai à faire, je suis focus sur les matchs qui sont là. Si je souhaite rester ? Bien sûr !
PROPOS RECUEILLIS PAR VIVIEN SEILLER
1. Cinq victoires en huit matchs depuis la reprise.
2. 26 points face à Milwaukee, son record en NBA.
3. Outsiders.