Nice-Matin (Cannes)

Sur les traces du loup avec l’Office de la biodiversi­té

Les fonctionna­ires de l’OFB observent les loups vivant dans l’arrière-pays grassois, à l’aide de caméras-pièges. De précieuses rencontres qui permettent de comprendre l’animal

- CORINNE JULIEN BOTTONI

Menacés d’extinction voilà quelques années, les loups font souvent l’actualité. Ils doivent aujourd’hui leur survie au statut d’espèce protégée et à la désertific­ation du monde rural. Présents en Italie depuis plus de trente ans, notamment au Piémont, ces canidés ont franchi les Alpes et se trouvent désormais sur notre sol. Signalés sur le plateau de Caussols, la montagne du Cheiron, le secteur des Courmettes, ils se regroupent en meutes. Le loup a toujours fasciné les hommes, alimentant la mythologie, la littératur­e, les arts, mais surtout les peurs et les fantasmes collectifs. En suivant une équipe de l’Office Français de la Biodiversi­té, nous avons découvert les techniques destinées à mieux connaître le loup.

Au col de l’Ecre, entre Gourdon et Caussols, le milieu géographiq­ue est caractéris­é par de grands plateaux calcaires émaillés de dolines.

Un hurlement qui peut s’entendre à  km à la ronde

C’est sur ce territoire, encore préservé, que Louis Bernard, Alexandre Viguier et Michel Pascal, fonctionna­ires à l’OFB, nous ont expliqué qu’« une meute évolue sur une superficie d’environ 20 000 hectares. Le massif du Cheiron en est l’épicentre. D’autres meutes existent à Caussols, dans le vallon de Nans ou encore à l’Audibergue. » Le loup, qui est un animal très intelligen­t et organisé, emprunte des pistes et des sentiers. Ainsi, est-il intéressan­t de poser des « piègesphot­os » destinés à mieux le localiser, détaillent encore les fonctionna­ires. Le canidé couvre en moyenne une vingtaine de kilomètres par jour. Une meute est généraleme­nt constituée d’une demidouzai­ne d’adultes. Une portée compte environ quatre louveteaux.

« Une hiérarchie s’installe au sein de la communauté, entre dominants et soumis. Les premiers mangent d’abord et parfois le dernier n’a que les os. Voilà pourquoi, un loup peut quitter la meute. Il lui arrive alors de rencontrer un condiscipl­e avec lequel il va former une nouvelle meute. »

Le loup hurle pour assembler la meute en général avant et après la chasse, pour transmettr­e une alarme, en particulie­r sur un site de tanière, pour se localiser pendant une tempête ou sur un territoire inconnu, et aussi pour communique­r sur de grandes distances. Ces hurlements peuvent, sous certaines conditions, être entendus sur des zones allant jusqu’à 130 km2.

Empreinte odorante

L’odorat est probableme­nt son sens le plus aiguisé et joue un rôle fondamenta­l dans la communicat­ion. Le loup a un grand nombre de glandes sudoripare­s apocrines sur la face, les lèvres, le dos et entre les orteils. L’odeur produite par ces glandes varie selon la microflore et le régime alimentair­e de chaque animal, ce qui donne à chacun une « empreinte odorante » distincte.

Une combinaiso­n de glandes sudoripare­s apocrines et écrines sur les pieds permet au loup de déposer son odeur lorsqu’il gratte le sol, ce qui se produit en général après le marquage à l’urine et la défécation pendant la saison de reproducti­on.

Le marquage urinaire est le moyen de communicat­ion olfactive le mieux étudié chez le loup. Sa fonction exacte est débattue, bien que la plupart des chercheurs s’accordent à dire que son premier but est d’établir des limites. L’urine des loups marque plus fréquemmen­t et vigoureuse­ment dans les zones inconnues, ou les zones d’intrusion, où l’odeur d’autres canidés est présente.

Les constats sur le terrain montrent que la régulation du nombre des loups ne réduit pas les dommages aux troupeaux, mais participen­t au contraire à la multiplica­tion des meutes.

 ??  ?? Sur le plateau de Caussols, des caméras-pièges (ci-dessous) permettent aux hommes de l’Office français de la biodiversi­té (OFB) un suivi toute l’année des canidés (en médaillon un loup photograph­ié à Séranon en juillet dernier). (Photos Eric Ottino)
Sur le plateau de Caussols, des caméras-pièges (ci-dessous) permettent aux hommes de l’Office français de la biodiversi­té (OFB) un suivi toute l’année des canidés (en médaillon un loup photograph­ié à Séranon en juillet dernier). (Photos Eric Ottino)
 ??  ?? Une louve et ses louveteaux sur la commune des Mujouls : un spectacle rare capturé par les caméras de l’OFB. (Photos OFB)
Une louve et ses louveteaux sur la commune des Mujouls : un spectacle rare capturé par les caméras de l’OFB. (Photos OFB)
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