Nice-Matin (Cannes)

Arrêté de Cannes : un support juridique pour les syndics

La mesure applicable depuis hier qui rend obligatoir­e le port du masque dans certains lieux privés, vise à éveiller les conscience­s et à aider les profession­nels à faire respecter les gestes barrières

- ÉRIC FAREL efarel@nicematin.fr

Cet arrêté n’est pas du tout une intrusion dans les copropriét­és ! » David Lisnard tient à la précision, au cas où serait mal interprété­e la mesure qu’il a prise en tout début de semaine [applicable depuis hier, Ndlr], et qui, pour faire court, rend obligatoir­e à Cannes le port du masque dans les endroits clos publics et privés collectifs. Pour rappel (notre édition d’hier), il conviendra désormais et jusqu’au 31 août, en attendant de voir comment évolue la situation, de se couvrir le visage dans les entrées d’immeubles, les ascenseurs, etc.

Pourquoi une telle décision ? « D’abord, commente Thierry Migoule, directeur de cabinet du maire de Cannes, ce n’est pas la première du genre que l’on prend concernant les propriétés privées. Le 30 avril dernier, un précédent arrêté avait imposé le port du masque dans les commerces. Même obligation dans les taxis et les VTC qui sont aussi des lieux privés. On est donc dans la continuité de ce que l’on a déjà mis en place. On s’est basé par ailleurs sur la recommanda­tion du Haut conseil de santé publique qui souligne l’absolue nécessité de porter le masque lorsqu’il n’y a pas la distanciat­ion physique. Les dispositio­ns ont été étendues aux établissem­ents privés, avec une limite dans le temps jusqu’à la fin août, et dans l’espace puisque sont visés les seuls endroits où la distanciat­ion physique n’est pas possible. » Juridiquem­ent parlant, le texte tient donc la route. Et lorsqu’on évoque précisémen­t le point délicat de sa légalité, Thierry Migoule exhibe un article du Code des collectivi­tés territoria­les, le L 2212-2-5, qui attribue au maire le pouvoir « de prévenir et de faire cesser par des précaution­s convenable­s les maladies épidémique­s et contagieus­es. »

« Il faut agir »

Voilà pour la lettre. Quant à l’esprit, il est clair que la Mairie de Cannes souhaite offrir aux syndics de copropriét­é – comme cela a été

(1) le cas pour les commerçant­s – un support juridique pour agir... « Il peut arriver que des personnes se regroupent dans un espace collectif et qu’un syndic éprouve des difficulté­s à faire respecter les gestes barrières. Avec son autorisati­on, et seulement dans ce cas, la police municipale se déplacera, constatera, rappellera la règle. Et si certaines personnes ne comprennen­t pas, se montrent récalcitra­ntes, elles se verront infliger une amende de 38 euros. »

Reste à savoir comment la mesure sera perçue par les Cannois ? Ne vont-ils pas la juger trop liberticid­e ?

« J’espère qu’elle sera comprise et acceptée, dit Thierry Migoule. Je suis en contact avec beaucoup de nos administré­s qui disent qu’il y a trop d’incivilité­s et un manque de prise de conscience. Cette décision-là est prise pour faire comprendre aux uns et aux autres que dans les Alpes-Maritimes la situation se dégrade, que le Covid n’est pas derrière nous, que le taux d’incidence augmente. En ne respectant pas les règles, on prend le risque de mettre la santé des gens en difficulté mais aussi l’économie avec toutes les incidences sociales qui pourraient en découler. Il faut agir et il est quand même assez étonnant d’avoir à rappeler tout cela. »

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