Nice-Matin (Cannes)

Que faire contre les nids de frelons asiatiques ?

Cette espèce invasive, généraleme­nt inoffensiv­e pour l’Homme mais nocive pour les abeilles, n’est plus délogée par les pompiers. Les alternativ­es : le Départemen­t et les entreprise­s privées

- CLÉA JOUANNEAU cjouanneau@nicematin.fr

Depuis la fenêtre de son appartemen­t niçois, la famille Leccia a vu le nid grossir peu à peu. Sur le balcon du logement situé en face du sien, inhabité depuis 5 ans, des frelons asiatiques ont établi leur résidence. «On n’osait pas ouvrir la fenêtre. On a ouvert une fois et un frelon est entré. Heureuseme­nt, le bébé dormait » témoigne Benjamin Leccia. Craignant pour la sécurité de son enfant d’un an, le couple quitte son appartemen­t et part s’installer sous un autre toit. « Si on n’avait pas mes parents, je ne sais pas comment on se serait débrouillé­s ».

Les pouvoirs publics pas obligés d’agir

Premier réflexe : appeler les pompiers. « Mais ils nous ont dit que ça ne faisait plus partie de leurs missions. » Sans nouvelle de son syndic de copropriét­é, le couple se tourne alors vers le Départemen­t, qui peut prendre en charge la destructio­n d’un nid à travers son dispositif de lutte contre le frelon asiatique, lancé en 2015. Après plusieurs péripéties administra­tives, une entreprise passe finalement l’enlever... au bout de trois semaines. Et la famille a dû attendre encore quelques jours avant de pouvoir rentrer chez elle. « La société spécialisé­e nous a demandé d’attendre 48 heures avant de se réinstalle­r, car il en reste quelques-uns qu’ils n’arrivent pas à tuer. Comme ils ont perdu leur nid et leur reine, ils sont particuliè­rement énervés et peuvent être dangereux. » Avec ses pattes jaunes et son abdomen noir, le frelon asiatique prospère en France depuis 15 ans. S’il n’est pas foncièreme­nt agressif, cet insecte de trois centimètre­s peut attaquer quand il se sent menacé. Pas besoin de paniquer à la moindre piqûre, qui est, l’immense majorité du temps, douloureus­e mais sans danger. Mais pour les personnes allergique­s, elle peut être, dans de très rares cas, mortelle. Plusieurs piqûres peuvent également entraîner des complicati­ons. Mieux vaut donc éviter d’essayer de se débarrasse­r d’un nid seul. À l’échelle nationale, il n’existe pas de procédure commune à suivre. Les pouvoirs publics n’ont pas l’obligation légale d’intervenir.

Un dispositif du Départemen­t

Dans certains endroits, on se tourne plutôt vers la mairie, ou vers des fédération­s spécialisé­es. Dans les AlpesMarit­imes, c’est auprès du Départemen­t qu’on peut trouver un moyen de faire disparaîtr­e cette grosse boule bourdonnan­te. Le Départemen­t propose de déclencher l’interventi­on, à sa charge, d’entreprise­s spécialisé­es pour assurer sa destructio­n. Sous certaines conditions. Le nid doit être visible, et situé sur la propriété de la personne déposant la demande. Le dispositif s’adresse prioritair­ement aux apiculteur­s, le frelon étant la bête noire des abeilles.

« Le projet est à l’origine un soutien aux apiculteur­s, afin de défendre les pollinisat­eurs », détaille Bertrand Buttelli, responsabl­e en charge du développem­ent rural au Départemen­t des Alpes-Maritimes. « On s’est un peu retrouvés à remplacer les pompiers alors que ce n’est ni notre rôle, ni dans nos cordes. » Il affirme que le dispositif reçoit entre 1 500 et 2 000 signalisat­ions par an, et qu’il s’agit bien de frelons asiatiques dans un peu plus de la moitié des cas. « C’est naturel, quand on ouvre un service, qu’il soit accessible à tous les Azuréens, nuance-t-il. Mais comme nous sommes dans une démarche environnem­entale, en envoyant d’abord toujours une équipe vérifier qu’il s’agit bien de frelons asiatiques pour ne pas supprimer d’autres espèces, ça peut prendre du temps. Et ça ne correspond pas forcément à un service d’urgence à la personne. » Ainsi, le départemen­t indique qu’un délai allant de 5 à 15 jours est nécessaire entre la prise en compte du signalemen­t et la fin de l’interventi­on de destructio­n.

De  à  euros l’interventi­on

C’est d’ailleurs probableme­nt la dernière année que le départemen­t déploie ce dispositif. Il travaille actuelleme­nt sur le développem­ent d’une lutte « préventive » plutôt que « curative » contre cette espèce classée comme invasive. Pour une destructio­n plus rapide, la dernière solution est de se tourner directemen­t vers des entreprise­s spécialisé­es. En fonction de la localisati­on du nid, le prix d’une interventi­on varie entre 80 euros et 400 euros.

La demande de prise en charge de l’interventi­on se fait soit avec un formulaire en ligne disponible sur « MesDémarch­es06.fr », soit via le numéro vert 0.805.460.066.

 ??  ?? La famille Leccia a quitté son appartemen­t en attendant que le nid soit enlevé. (Photos DR et F.Bouton)
La famille Leccia a quitté son appartemen­t en attendant que le nid soit enlevé. (Photos DR et F.Bouton)
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France