Nice-Matin (Cannes)

L’initiation au soufflage du verre

Il fait 38 degrés à l’extérieur et 1 120 à l’intérieur du four... Nous avons bravé la fournaise de la Verrerie Didier Saba à Antibes pour essayer cet art ancestral. Grand bien nous en a pris !

- TEXTE ET PHOTOS CHARLOTTE BARBAZA magazine@nicematin.fr

La profession est aussi magique que mystique. Inventé par les Phéniciens, le métier de souffleur de verre existe depuis des siècles. Il nécessite un savoirfair­e authentiqu­e qui, dans la famille Saba, se transmet de génération en génération. Pour Didier Saba, chef de sa propre verrerie à Antibes, il est important de faire oeuvre de pédagogie autour de son métier.

C’est dans cet esprit qu’il a embauché son apprenti, Victor, et qu’il a créé des séances d’initiation pour le grand public. Hugo se lance le premier. Ce petit garçon de 10 ans est venu s’essayer au soufflage du verre : « Je voulais voir comment on fabriquait ce qu’il y a en boutique. » Il n’a pas peur de se brûler. Même s’il est impression­né lorsque la boule de verre bouillante arrive sur sa main au moyen d’un journal détrempé. Quand il doit souffler dans la canne, Didier Saba s’amuse : « Il faut arrêter de fumer Hugo ! »

Étonnammen­t léger

Trêve de plaisanter­ies, voici venir notre tour ! J’ai choisi de confection­ner un verre à boire turquoise. Didier sort une boule de verre de son premier four à 1 120 degrés. On dirait du miel incandesce­nt. Je prends ensuite la canne avec lui pour la rouler dans une poudre pigmentée qui va donner sa couleur au verre. C’est étonnammen­t léger. Moi aussi, j’ai le droit de tenir la boule de verre surchauffé­e dans ma main. Bizarremen­t, on ne ressent rien. Le journal, qui a trempé dans l’eau plusieurs jours, fait office de gant. Je monte ensuite sur un escabeau – la canne est longue – pour forger la forme du verre dans un moule. Il faut alors tailler le fond du verre à l’aide d’une pince. Les étincelles frôlent notre bras. Impression­nant.

Le coeur sur la main

Avec le Covid-19, il a fallu s’adapter. Pour respecter les normes sanitaires, Didier Saba a apposé un embout de chicha, sur la canne, qu’il change pour chaque personne afin que tout le monde puisse souffler en toute sécurité. Quand on souffle justement, la sensation est assez étrange : on n’a pas l’impression d’être très efficace ; cela me donne envie de rire ! Notre expériment­ation touche à sa fin. Didier enfourne notre verre dans un autre four à 500 degrés, la températur­e clé pour qu’il garde sa forme et n’éclate pas à l’intérieur. Didier Saba a également le coeur sur la main, au sens propre comme au figuré : pendant le confinemen­t, il a fabriqué des centaines de petits coeurs en verre qu’il a distribués à la Croix-Rouge, au personnel hospitalie­r, à la police, aux pompiers... Quant à nous, pour voir notre verre terminé et le récupérer, il faudra attendre 24 h afin qu’il refroidiss­e correcteme­nt : le verre a ses raisons que les saisons ignorent.

On dirait du miel incandesce­nt

Verrerie Didier Saba. 27, boulevard d’Aguillon, à Antibes. Tarif : 15 € la séance d’initiation au soufflage du verre. Rens. 07.84.05.60.56. www.saba-verrerie.com

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