Nice-Matin (Cannes)

« À Nice, chaque tournage avec Georges Lautner était une fête »

Miou-Miou, à l’affiche de Belle-Fille de Méliane Marcaggi, évoque ce nouveau rôle et revient sur les films qui ont marqué son esprit. Sans oublier ses passages azuréens derrière la caméra

- ALAIN GRASSET magazine@nicematin.fr

On ne l’a plus vue au cinéma depuis Pupille de la réalisatri­ce Jeanne Herry (2018), sa propre fille née de son histoire d’amour avec Julien Clerc. Miou-Miou revient au grand écran aujourd’hui avec Belle-Fille de Méliane Marcaggi dont elle partage l’affiche avec Alexandra Lamy et Thomas Dutronc.

Une Miou-Miou en pleine forme et toujours souriante qui se souvient de ses bonheurs de tournage à Nice, notamment aux Studios de la Victorine avec le regretté Georges Lautner.

Cet après-midi-là, alors qu’il fait plus de 30 degrés à Paris, Miou-Miou, l’inoubliabl­e interprète des Valseuses aux côtés de Gérard Depardieu et Patrick Dewaere et de La Dérobade de Daniel Duval qui lui valut un César de la meilleure actrice en 1971, fait la promo de Belle-Fille de Méliane Marcaggi. Une comédienne visiblemen­t heureuse, avec un rire toujours aussi mythique, comme en témoignent ses éclats (de rire) répétés durant l’entretien. Une comédienne rare aussi qui assure le SAV de ce film où elle interprète la mère d’un jeune homme (Thomas Dutronc) mort au lendemain d’une nuit d’amour avec Louise, une femme trompée (Alexandra Lamy) en Corse.

« Pas d’effets appuyés »

« Lorsque la réalisatri­ce Méliane Marcaggi, qui a des origines corses, m’a proposé cette histoire, j’avoue que j’étais assez étonnée de me retrouver dans le rôle d’Andréa, une veuve corse, dit Miou-Miou. J’étais dans un cliché total qui remontait aux nouvelles de Mérimée il y a une centaine d’années. Je me suis dit qu’il y avait aujourd’hui des veuves plus colorées, je l’ai accepté. » Et de souligner que « Belle-Fille est une comédie élégante, qui n’a pas d’effets appuyés car tout vient naturellem­ent ».

Le tournage s’est déroulé en Corse. «Lapremière fois que j’y suis allée, c’était au début des années 70 avec Le Café de la gare , qui tournait un film de la réalisatri­ce Sotha dont je ne sais plus le titre. À l’époque, j’étais enceinte de ma première fille, Angèle, dont le père était Patrick Dewaere [plus tard, elle sera adoptée par Julien Clerc, ndlr] .Vu mon état, j’étais scripte !... » De sa partenaire principale, Alexandra Lamy, la bellefille en question à l’écran, Miou-Miou confie : « Elle est toute en énergie, lumineuse, elle rit jusqu’à moteur ! Moi, je suis plutôt concentrée. Un jour en rentrant à l’hôtel, j’ai dit à Alexandra : “Il faut que je te parle ! Ça ne te dérange pas que je sois comme ça, concentrée.” Elle m’a dit : “Mais non, au contraire !” Du coup ? On s’est complétées ! » Simple et franche, Miou-Miou ne cache pas qu’une fois achevée sa journée de tournage, elle rentre directemen­t à son hôtel. « Je suis devenue casanière ! Vous savez, sur les tournages dans le passé, j’ai beaucoup donné dans les sorties... » Une Miou comme on la surnomme qui tourne aussi en famille, pour Pupille réalisé par sa seconde fille, Jeanne Herry (42 ans). « Une excellente metteuse en scène, dit-elle. Très attentive avec ses interprète­s, elle sait vraiment ce qu’elle veut. Pour moi, c’est un peu délicat parce que je suis sa mère. Elle est la cheffe sur un tournage, alors qu’à la maison c’était moi ! » (rires)

L’appétit de jouer

Une mère de famille de 70 ans, mais qui ne les paraît pas du tout. Vieillir ne l’effraie pas. « Dans cette zone-là, une fois qu’on a enlevé les rôles de mamies qui font des gâteaux à leurs petits-enfants (rires), j’ai des propositio­ns vachement bien ! Là, je m’apprête à partir à Kiev, en Ukraine, pour tourner Le Dernier Mercenaire avec Jean-Claude Van Damme, Patrick Timsit et Valérie Kaprisky [un film pour Netflix, ndlr]. Ensuite, il y aura une série pour Arte, Nona et ses filles de et avec Valérie Donzelli, Virginie Ledoyen, Clotilde Hesme. Puis, Murder Party de Nicolas Plessis avec Eddy Mitchell et Mourir m’enrhume, une tueuse à gages ! »

Un appétit de jouer peut-être due à la crise sanitaire du Covid-19 ? « Le confinemen­t, c’était formidable ! Quand j’ai compris que je ne servais à rien à Paris, que je ne pouvais aider personne, et qu’au contraire j’étais un poids pour mes filles [Angèle et Jeanne], ma profonde inutilité m’a poussé à rejoindre la Bretagne ! (rires) On a une maison dans les Côtes-d’Armor [avec son compagnon, le romancier Jean Teulé, ndlr] .Jemesuisto­ujours demandé pourquoi on l’avait acheté làbas, or tout d’un coup c’était évident. »

Si elle n’est pas nostalgiqu­e du passé, MiouMiou prend cependant plaisir à revenir sur ses tournages azuréens, en particulie­r à

Nice avec le réalisateu­r des célèbres Tontons flingueurs, qui possédait une maison près de Grasse. « À Nice, chaque tournage avec Georges Lautner, c’était une fête. On a beaucoup fait de films aux Studios de la Victorine comme On aura tout vu, Est-ce bien raisonnabl­e ? et Pas de problème ! C’était quelqu’un qui travaillai­t énormément, mais qui aimait s’amuser. Quand je ne tournais pas, j’allais me promener dans les petites rues du Vieux-Nice, un quartier très pittoresqu­e que je trouve très beau. »

« Des photos sur la Croisette avec une vache, j’ai dit non ! »

En revanche, ses souvenirs de Cannes ne sont pas très bons. « Les Valseuses avait été présenté dans une section parallèle du Festival en 1974. Avec Patrick [Dewaere] et Gérard [Depardieu], Jean-Claude Brialy nous adit: “Suivez papa !” On faisait ce qu’il voulait. Je me souviens qu’on a nous a demandé de faire des photos sur la Croisette avec une vache ! Quelle idée ? Et là, j’ai dit non ! On a fait une bonne petite sieste avec Patrick. Vous vous rendez compte que si nous avions fait ces photos, elles sortiraien­t encore aujourd’hui. » Toutefois, ce fut plus drôle pour Tenue de soirée de Bertrand Blier. «Ensortant de la projection, quelqu’un a crié en s’adressant à Michel Blanc : “Mais où tu as mis ta moustache ?”. Et il a répondu : “Dans le slip de Gérard !” » (rires). Une anecdote qui pourrait figurer dans son (éventuelle) autobiogra­phie ? « Je n’ai aucune envie d’écrire mes mémoires. Ça ne m’intéresse pas. J’ai eu beaucoup de propositio­ns, et je les ai toutes refusées. » Pour Miou-Miou, pas de dérobade...

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(Photos Angela Rossi) Miou-Miou et Jonathan Zaccaï à l’affiche du film Belle-Fille de Méliane Marcaggi qui sort aujourd’hui.
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Selon Miou-Miou, Alexandra Lamy « est toute en énergie, lumineuse, elle rit jusqu’à moteur ! »

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