LE JOUR OÙ... IL EST ALLÉ CHERCHER EDDY MERCKX

Tour de France . Cette année-là, Eddy Merckx a  ans. Le Belge est au sommet de sa carrière. Il est le vainqueur sortant du Tour. Au printemps, le “Cannibale” a fait une razzia dans les classiques, remportant Paris-Roubaix, la Flèche wallonne ou Gand-Wevelgem. Sur le Tour, il allait remporter le général, huit victoires d’étapes en plus du chrono par équipes avec la Faema, le classement de la montagne ou le combiné. Bref, il était intouchable. Pourtant, lors de la e étape, entre Thonon et Grenoble, Gilbert Bellone a réussi à lui mener la vie dure. « Sur ce Tourlà, j’avais eu des hauts et des bas. Mais sur cette étape-là, je me sentais super bien. Je me retrouve dans le groupe Merckx, il n’y a plus qu’une quinzaine de coureurs. Le Cannibale attaque. A ce moment-là, je sens que je peux le suivre, mais il y a Aimar et Van Impe, mes leaders dans le groupe. Merckx est tout seul devant et je vois que personne n’y va. Alors je tente ma chance.

Et un coureur qui est parti, largue le peloton et rattrape Merckx, il n’y en a pas eu beaucoup. Ce Merckx-là, pas celui de  qui était cuit. Personne ne le sait, mais pour moi, c’est un véritable exploit sportif ».

Au moment de la jonction, Merckx est le premier surpris de ce retour par l’arrière.

« Je me mets dans sa roue, mais il me dit : “allez roule”. Je suis resté un moment avec lui, mais il m’a fait exploser. Il a gagné l’étape en solitaire et je me suis fait larguer, mais ce n’est pas grave, je suis allé le chercher. C’était le plus fort, un vrai gagneur. Une force de la nature. Un grand, costaud, avec le bon moteur ».

La photo de cette prouesse est exposée à l’entrée de la maison de Gilbert Bellone. Elle lui rappelle souvent cette vie de coureur. « Parfois, je me fais des films tout seul, et je me dis, “peut-être que si j’étais parti avec lui au bon moment, j’aurais pu tenir le grand Merckx” ».