Nice-Matin (Cannes)

Port du masque : l’interpella­tion qui fait réagir

La vidéo de l’arrestatio­n d’un salarié d’une supérette à Breil-sur-Roya, placé quatre heures en garde à vue, agite les réseaux sociaux. Le patron des gendarmes et la gérante du commerce s’opposent

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

La vidéo a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux. Postée vendredi sur sa chaîne YouTube par le journalist­e-réalisateu­r Jacques Cotta, elle montre l’interpella­tion par deux gendarmes d’un salarié du Carrefour Contact de Breil-sur-Roya. Hier soir, 250 000 personnes l’avaient visionnée.

Les faits remontent à mercredi. Sur les images de vidéosurve­illance de la supérette, on peut voir deux gendarmes s’approcher d’un jeune homme en train de ranger le rayon des bouteilles. Le film n’est pas sonorisé.

Selon un témoin, client du magasin interviewé par Jacques Cotta, les gendarmes ont reproché au jeune magasinier de mal porter son masque de protection. Qu’a répondu le salarié ? Selon un officier du service d’informatio­n et de communicat­ion des armées, le jeune homme a outragé les deux gendarmes qui appartienn­ent à la brigade de Tende. Les militaires ont alors essayé de menotter l’employé, qui a fini par se laisser emmener, devant un client médusé et choqué. Le jeune homme a été placé en garde à vue pendant quatre heures, avant d’être remis en liberté. « Il a reconnu les faits et le parquet de Nice a décidé d’un rappel à la loi », précise l’officier de gendarmeri­e. Nadège Pastorelli, la gérante de la supérette, jointe hier matin, ne décolère pas .«Je trouve que le comporteme­nt de ces gendarmes n’a pas été adapté, et je leur ai dit. Il y a pour moi un excès de zèle et j’ai trouvé la mesure de garde à vue injuste. Cette interventi­on a provoqué du stress inutile dans mon magasin et a fait pleurer certaines de mes salariées. » Interviewé par Jacques Cotta, elle se montre plus critique encore, estimant que les deux gendarmes « ont fait les cow-boys dans le magasin ».

Une amende et un rappel à la loi

Devant le déferlemen­t de commentair­es sans nuance qui ont accompagné la vidéo, le colonel Nasser Boualam, patron des gendarmes des Alpes-Maritimes, a réagi et apporté son soutien plein et entier aux militaires qui ont interpellé l’employé du Carrefour Contact. « Le chef de patrouille a demandé à trois reprises au salarié de l’établissem­ent de mettre son masque alors qu’il l’avait, non pas sous le nez comme le dit un témoin, mais sur le menton, précise le patron du groupement. Il a refusé et a insulté les militaires qui, de nouveau, lui ont demandé de mettre son masque correcteme­nt et de se calmer. Ce monsieur ne se calmant pas, le chef de patrouille lui a demandé de le suivre. Pendant sa garde à vue, il a intégralem­ent reconnu les faits et a admis lui-même que l’action des gendarmes était légitime et sans violence. »

L’employé récalcitra­nt est sorti de la gendarmeri­e après avoir été verbalisé. Il sera convoqué au tribunal pour un rappel à la loi. « Je lis beaucoup de commentair­es au sujet de cette vidéo qui sont faux, note le colonel Boualam. Mes gendarmes ont agi avec mesure et sang-froid. La responsabl­e du magasin dit des bêtises et se trouve en infraction, puisqu’elle n’a pas respecté les obligation­s qui lui incombent. Je voudrais qu’il y ait un peu plus de retenue et de mesure dans les commentair­es. L’action des forces de l’ordre est une fois de plus mise en cause alors que nous contrôlons régulièrem­ent les établissem­ents recevant du public pour protéger la population et pour éviter une nouvelle vague épidémique. » Dans la Roya, les relations entre une partie de la population et les forces de l’ordre sont souvent tendues, notamment en raison de la question des migrants. Cette vidéo en est une nouvelle illustrati­on.

 ??  ?? L’employé de la supérette qui portait mal son masque s’est emporté devant les gendarmes. Il a fini en garde à vue. Une réponse disproport­ionnée, selon l’employeur et un témoin ; la réponse normale en cas d’outrage, selon le chef des gendarmes. (Capture d’écran YouTube)
L’employé de la supérette qui portait mal son masque s’est emporté devant les gendarmes. Il a fini en garde à vue. Une réponse disproport­ionnée, selon l’employeur et un témoin ; la réponse normale en cas d’outrage, selon le chef des gendarmes. (Capture d’écran YouTube)

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