Nice-Matin (Cannes)

À l’Assemblée, changer les choses par la loi

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Promouvoir la « France des accents » et sanctionne­r la discrimina­tion par l’accent dans le Code pénal et le Code du travail. Ce combat, c’est Christophe Euzet, député LREM de l’Hérault, qui le mène. À cet effet, il a rédigé une propositio­n de loi cosignée par une trentaine de ses collègues. « La notion de discrimina­tion, très présente en droit français, n’intègre pas en effet les difficulté­s auxquelles font face, de façon pourtant très réelle, les locuteurs porteurs d’un accent local, lorsqu’ils veulent embrasser certaines carrières impliquant une expression publique », motive l’intéressé, qui souhaite « revalorise­r les prononciat­ions atypiques ».

Dans le texte qu’il a préparé, le député relève que les exemples de discrimina­tion par l’accent ne datent pas d’hier. « En son temps, l’académicie­n Paul Claudel s’excusait déjà de parler le français avec un accent “tardenois” [de l’Aisne, Ndlr] que le Parisien Edmond de Goncourt qualifiait de “parler aux lourdeurs paysannesq­ues”. Et un siècle plus tard, constate-t-il, rien n’a changé : les accents n’ont pas droit de cité sur les chaînes de radio et de télévision, dans le monde politique et à la tête des grandes fonctions. Notre Nation, qui se félicite souvent de la diversité de ses terroirs, désole donc par l’uniformité lissée de son expression publique. »

« Mettre le problème sur la place publique »

Dans son analyse, Christophe Euzet relève encore que le « processus de clonage linguistiq­ue lié à la domination d’une élite n’est pas un phénomène nouveau. Mais s’il s’expliquait jadis par le fait que les population­s périphériq­ues n’avaient pas le même degré de maîtrise de la langue officielle ; il n’en est plus rien aujourd’hui. »

À ses yeux, la glottophob­ie (lire ci-dessus) se trouve bien être « un facteur de discrimina­tion à l’embauche, à la crédibilit­é et à la promotion sociale ». Le parlementa­ire le confesse : «Ma propositio­n de loi ne va pas changer les choses du jour au lendemain, mais je veux mettre le problème sur la place publique et qu’une prise de conscience ait lieu. »

S’il était adopté, ce texte permettrai­t que soit défini un délit puni de trois ans d’emprisonne­ment et de 45 000 euros d’amende.

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(DR) Christophe Euzet veut que les mentalités changent par la loi.

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