Dans les secrets de la tour et du palais de l’évêque
Vous êtes sûrement déjà passés devant la cathédrale Notre-Dame du Puy. Mais connaissez-vous l’histoire du palais épiscopal avant qu’il ne devienne mairie ?
On ne la fait pas aux Grassois. Nombreux savent déjà que l’actuel hôtel de ville se tient dans un palais épiscopal médiéval datant de la fin du XIIIe /début du XIVe siècle. Mais pour les visiteurs qui passent encore par la place du Puy, quelques précisions historiques s’imposent.
La tour en tuf daterait du début du XIIIe siècle. Elle avait une fonction d’abord défensive, la première de ce genre en ville. Au Moyen Âge, Grasse est une commune indépendante du pouvoir féodal. Elle lie des liens commerciaux importants avec Gênes et Pise. La ville reste indépendante de toute tutelle seigneuriale jusqu’en
1227, date à laquelle elle passe sous l’autorité du comte de Provence.
« En 1244, l’évêque d’Antibes avait fait une demande au pape Innocent V ,explique Élisabeth Lafite, guide conférencière, de déplacer l’évêché vers Grasse. Par bulle du pape, le transfert du siège épiscopal a été accepté. Pour installer l’évêché, un grand bâtiment a été construit, la cathédrale, en lieu et place d’une petite église romane. Elle n’est pas construite en tuf local, plutôt modeste, L’évêque a choisi quelque chose de plus noble, le calcaire blanc. Son lieu de vie, le palais est collé à la cathédrale. »
Une inspiration de style gothique
À l’étage du bâtiment, qui renferme aujourd’hui l’hôtel de ville, la salle du conseil municipal [photo ci-dessous] était autrefois la salle d’assemblée du diocèse (salle synodale). Elle est éclairée par de fines ouvertures médiévales, des baies, géminées ou triplées. Elle contient des huiles sur toiles de Christian Georg Schütz et de Johann Conrad Seekatz, s’apparentant au Romantisme allemand de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Tout près se tient la chapelle privée de l’évêque, un bijou d’architecture, en style gothique. En témoigne sa voûte en croisée d’ogive en calcaire. Cette chapelle se voit de l’extérieur. Les culots des petits arcs qui longent la toiture sont sculptés de figures animales, humaines et même l’évêque. Une porte donne aujourd’hui sur le vide [photo au centre] mais devait ouvrir sur une galerie en bois. Comme beaucoup de lieux de culte, le palais épiscopal sera une forme de « prise de guerre » lors de la Révolution française. Il sera transformé en hôtel de ville quelques années plus tard.