Nice-Matin (Cannes)

Comment est surnommée votre commune ?

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Rien ne vaut une guerre de clochers pour réveiller le côté bon enfant de chacun. Et quoi de mieux qu’un comparatif des surnoms attribués aux communes du bassin antibois pour ce faire ? Il faut dire que les sobriquets attribués à ces quatre villes ne sont clairement pas piqués des hannetons. Pour commencer, Antibes. Antipolis, la fameuse « ville d’en face » se voit affublée d’une autre formule… Lei nego evèsque – comprenez les noyeurs d’évêques ! Une bien étrange périphrase pour cette cité qui a accueilli le siège d’un évêché durant  années ! C’est en  que le transfert a été effectué à Grasse sur la décision du pape Innocent IV. La faute à une série de brasses coulées en soutane ? À plusieurs mitres retrouvées en mer ? La légende demeure toujours énigmatiqu­e. Mais cela pourrait à coup sûr inspirer plusieurs romanciers… Rassurez-vous, les Biotois en prennent aussi pour leur grade à ce petit jeu-là. On parlait d’eux en ces termes : Lei cago jarroun ! Oui, vous avez bien compris, la traduction s’avère des plus prosaïques : ils font leurs besoins dans des jarres. Sympathiqu­e ! Et pourtant, il ne s’agit pas ici de parler de l’hygiène des villageois. Mais plutôt de la production de jarres qui, au XVIIIe siècle, s’avérait des plus importante­s. Celles qui ne pouvaient être vendues parce qu’ébréchées ou présentant un défaut n’étaient pas jetées… mais utilisées comme latrines. Chic ! Justement en parlant du travail de la terre, vient Vallauris. Si l’on souhaitait se moquer de ses voisins au XIXe siècle, on pouvait sourire en lançant : Roumpo tout e pagon ren. Ils cassent tout et ne paient rien. Une sentence prononcée lors des ouvertures des magasins de porcelaine, comme une prophétie.

Plus doux et bien moins piquant, il est dit des Valbonnais Lei moufu – Ils ont la mousse. Alors, non, n’y voyez pas une référence à une quelconque boisson réalisée à base de houblon. Mais en vivant dans la Vallis bonna –labonne vallée – il fallait bien s’attendre à trouver un signe de fertilité. L’exposition nord du village explique l’expression qui prendrait source au pied des maisons. On y trouverait très facilement de la mousse végétale, rendant encore plus vert ce petit coin de campagne…

Source : Mémoire des villes et villages de Provence, de Yvon Bouffier, éditions de L’Envol (2004).

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(Photo archives Sébastien Botella)

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