La voix du Tour est niçoise
A l’antenne depuis près de vingt ans, Christophe Cessieux sera de nouveau sur la Grande Boucle avec RMC dans l’Intégrale Tour. Le Niçois attend le grand départ avec impatience
Un Tour de France au départ de Nice, voilà un événement que Christophe Cessieux, journaliste sur RMC, ne voulait manquer sous aucun prétexte. Et pour cause, le chef d’orchestre de l’Intégrale Tour, l’émission phare de RMC sur la Grande Boucle, est niçois. Pour Christophe Cessieux, c’est donc à domicile, autour de la baie des Anges, que le Tour va s’élancer avec deux mois de retard à la suite de la crise sanitaire liée au Covid-19. Pour cet amoureux de vélo, le Tour 2020 sera un événement majeur. Aussi bien professionnellement qu’humainement. Alors avant de se lancer dans trois semaines intenses sur les routes de France, le Niçois s’est confié sur ce millésime particulier mais aussi sur ses souvenirs de grande boucle.
Là, l’ancien petit garçon du port de Nice a rembobiné sa vie. On y parle de Paris-Nice, de Bernard Thévenet, d’Eddy Merckx mais aussi de l’affaire Festina.
On vous imagine soulagé de prendre la route du Tour ?
J’attends ce moment avec impatience. Il est vrai que je suis passé par plusieurs phases, j’ai été très inquiet car ce n’est pas évident de reporter un tel événement. Rien que les étapes niçoises représentent personnes à loger, il faut pouvoir accueillir tout le monde en septembre alors que ce n’était pas prévu deux mois avant...
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Pinot à un coup à jouer”
Vous avez envisagé son annulation ?
Oui, mais il faut reconnaître la patience et la sérénité affichée par Christian Prudhomme et les organisateurs du Tour. Ils n’ont jamais donné l’impression de paniquer, ils ont pris leur temps et ils sont récompensés.
Qu’est-ce que cela change pour vous, le Tour en septembre ?
La préparation est forcément différente pour nous aussi, on arrive sur le Tour avec moins de repères puisque la saison cycliste est à peine commencée. Au sein de RMC, on peut saluer le maintien de l’Intégrale Tour en plein mois de septembre qui est, d’habitude, un mois de rentrée et donc très important pour la grille. Là, on va avoir la même place qu’en juillet. Malgré le plan social qui touche le groupe RMC, on part avec la même équipe qu’en juillet à l’exception d’un reporter d’images.
Quelle est la force de l’Intégrale Tour ?
On vit le Tour de France et on le fait vivre à travers notre bande de potes. On a instauré un certain état d’esprit, avec des passionnés de vélos et une bonne humeur. Tout le monde se tutoie à l’antenne tout en étant rigoureux. On est la seule radio à faire vivre le Tour en direct, en intégralité, on dédie réellement notre antenne au Tour. Quand Alain Weill a repris RMC en , on a commencé à suivre le Tour de manière artisanale. On avait la voiture du directeur technique avec un siège enfant, un camion à pizza pour faire le studio technique, c’était folklorique mais c’est vite devenu un rendezvous incontournable de la station.
Ce départ de Nice, dont vous êtes originaire, est forcément particulier pour vous ?
Oui, c’est chez moi, j’ai grandi au quartier du Port, j’étais scolarisé à Port Lympia puis au lycée Massena. Mon grand-père a été journaliste au Patriote et mon père a travaillé pendant près de ans à Nice-Matin . Je vais croiser mes amis d’enfance sur le
Un Tour marquant ?
Celui de mais je bossais dessus. Cette année, ça doit être mon vingtième Tour mais celui de est à part. On sortait de l’euphorie de la Coupe du monde de football et l’affaire Festina a été un vrai choc. Les cyclistes étaient les vilains petits canards. Le soir, on s’arrêtait devant les commissariats pour faire un point sur les coureurs arrêtés. Mais, nous, les journalistes on a vécu un drôle de Tour. Le public nous jetait des pierres, les journalistes de L’Équipe avaient dû enlever les stickers sur leurs voitures pour passer inaperçus. Et à côté de ça, certains spectateurs étaient vraiment déçus pour les coureurs. On était entre le marteau et l’enclume.
Un coureur ?
Eddy Merckx, il gagnait tout, il avait la classe même s’il n’était pas très populaire en France. Ensuite, j’ai beaucoup aimé Bernard Hinault. En revanche, j’ai eu beaucoup de mal avec Lance Armstrong. Il était odieux, insupportable avec les journalistes. C’étaient des années très particulières à suivre...
L’édition ?
C’est un Tour difficile à appréhender car on ne sait pas dans quel état vont arriver les coureurs. Tous les repères habituels ont disparu et cela va donner lieu à une compétition très ouverte. D’autant que le tracé est fabuleux et il faut être en forme rapidement. Dès la deuxième étape, si vous avez un coup de moins bien, vous pouvez perdre le Tour. Il y a aussi des inconnues comme les conditions climatiques. Quel temps fera-t-il dans les Vosges en septembre ? Un garçon comme Pinot, pas fan de la chaleur, peut être avantagé. Le vainqueur ne sera pas un inconnu, sauf si quelqu’un arrive chargé comme Bjarne Riis en qui avait des yeux incroyables alors que jusqu’ici, c’était un coureur presque lambda. Mais ce Tour sera attractif, des équipes comme Ineos ou Jumbo arrivent avec de grosses ambitions même si s’embarquer avec trois leaders sur une course de trois semaines, paraissait difficile. Ça faisait beaucoup de coqs dans la même basse-cour. Finalement, le choix de ne pas emmener Thomas et Froome sur le Tour est peut-être une sage décision de la part d’Ineos. Bernal est le seul leader assumé et au moins c’est clair.
L’étape Pra-Loup-Nice de a marqué mon enfance”
Un Français vainqueur à Paris ?
Pinot a clairement un coup à jouer. À condition de terminer le Tour, ce qui est souvent son talon d’Achille.
Ce Tour, c’est aussi celui d’un retour à la vie quelque part.
C’est le premier événement majeur en sport depuis le Covid. Dans sa forme presque initiale. En septembre, il y aura moins de monde sur les routes qu’en juillet mais le Tour c’est un spectacle populaire par essence, c’est gratuit. C’est le seul au monde.