Eric Mouzin: «Il faut qu’il dise où est Estelle»
Le père de la fillette, disparue en 2003, semble désormais convaincu que Michel Fourniret l’a enlevée et tuée. Les investigations ont repris
Éric Mouzin en est désormais convaincu. Michel Fourniret est bien la personne qui a enlevé et tué sa fille, Estelle, en 2003. « Maintenant on sait qui c’est. Il faut qu’il dise où est Estelle, c’est la seule chose importante », a déclaré Éric Mouzin à l’Agence France Presse (AFP), alors que le tueur en série était entendu, hier, par la juge d’instruction en charge de cette affaire. Interrogé sur les errements de l’enquête, au cours de laquelle la piste Fourniret a été plusieurs fois refermée, le père de la fillette a jugé que ce n’était pas «le moment des règlements de comptes ». En janvier 2018, quinze ans après la disparition de sa fille à Guermantes (Seine-et-Marne), Éric Mouzin
avait déposé plainte contre l’État pour « faute lourde » en raison de sa « mauvaise gestion » de l’enquête – 85 tomes de procédure, 85 000 pages, huit juges d’instruction, des investigations inexploitables en raison de l’absence de procès-verbaux de synthèse…
ADN retrouvé
La semaine dernière, l’exépouse du tueur en série, Monique Olivier, 71 ans, a accusé devant la juge d’instruction Michel Fourniret d’avoir séquestré et tué la fillette de 9 ans à Ville-sur-Lumes (Ardennes) en 2003, livrant des détails inédits. Parallèlement, l’ADN partiel d’Estelle Mouzin, mêlé à d’autres traces, a été identifié récemment sur un matelas saisi en 2003 dans la maison de Ville-sur-Lumes, selon Me Richard Delgenes, l’avocat de Monique Olivier. Souvent fuyant ou elliptique dans ses réponses, « l’Ogre des Ardennes » est entendu depuis 10 heures par la magistrate Sabine Kheris, qui a repris les investigations depuis 2019 et obtenu d’importantes avancées dans cette enquête longtemps dans l’impasse. L’audition doit se poursuivre aujourd’hui.
Hier, les avocats du tueur en série, qui est en partie passé aux aveux et a été mis en examen en novembre dernier pour « enlèvement et séquestration suivis de mort », ont toutefois appelé à la « prudence ». « Les informations diffusées dans la presse à notre grande surprise doivent être abordées avec prudence et les plus grandes précautions pour le respect de la présomption d’innocence », a déclaré Me Vincent Nioré à son arrivée au tribunal de Paris avec Me Cédric Labrousse, une vingtaine de minutes avant le début de l’audition de leur client.