L’abri anti-aérien refait surface
L’abri anti-aérien dans lequel élèves et enseignants de la Fontonne se réfugiaient pendant la guerre a été localisé ! Et, 80 ans plus tard, d’anciens élèves, l’ont redécouvert. Souvenirs
On a failli crier à la légende urbaine. Un tunnel sous l’école de la Fontonne ? C’était sans compter sur la détermination des amoureux du patrimoine et de l’histoire du quartier. Comme les bénévoles de l’association Mémoires de la Fontonne. « J’avais toujours entendu des anciens raconter que petits, durant la guerre, ils descendaient avec leur maître ou leur maîtresse dans un abri creusé sous la cour de l’école...», raconte Luc Pefau, le président.
Oui, mais plus aucune trace de l’entrée ou de la sortie de ce refuge. Au fil des décennies, l’école, créée dans les années 1930. On a bien cru que le tunnel, lui, avait complètement disparu. Au pire, qu’au final, c’était un tuyau percé. Le travail de recherche a fini par payer. Grâce aux efforts conjugués du gardien de l’école et d’un membre de l’association, l’entrée a été retrouvée. Tout simplement dissimulée sous une lourde plaque d’égoût. Il a fallu attendre pour inspecter les lieux. L’école a toujours été occupée, même durant le confinement, car elle a accueilli les enfants des soignants, des forces de l’ordre, etc.
Bonne surprise : le tunnel est en très bon état. Avec des parois maçonnées et les vestiges de supports en béton sur lesquels étaient posées des planches, aujourd’hui disparues. C’est là, assis côte à côte, que les petits patientaient durant les raids aériens. Avec l’aval de la Ville, représentée par Anne-Marie Bousquet, adjointe du quartier et directrice durant dix-sept ans à la Fontonne (!), une visite a enfin pu être organisée, pour un public particulier : celles et ceux qui, élèves, ont été contraints de fréquenter ce site peu commun. Comme Marcel Cerrato et Henri Pheulpin. L’occasion de se retrouver et de parler. C’était la guerre. Ils étaient enfants. Ils ont aujourd’hui dépassé les 80 printemps.
Paulette Sauliere, de son nom de jeune fille, est venue avec sa fille et ses deux arrière petites filles. Particularité : toutes ont été élèves ici. « La plus jeune de mes petitesfilles y était encore l’année dernière...», explique Paulette, dont la famille a longtemps tenu une boucherie dans le quartier. « J’habite toujours la maison où je suis née », sourit cette élégante petite dame aux cheveux blancs comme neige. Pas question pour elle, ni pour les autres, de descendre dans l’abri, bien sûr.
« Les sirènes résonnaient, on descendait »
Mais les souvenirs, eux, émergent. « J’étais très jeune, j’étais impressionnée. Les sirènes résonnaient et la maîtresse, Mme Sauvage, tapait dans ses mains et nous disait, allez, on se met en rang, on descend. On avait peur. C’était noir. On entendait le bruit des avions. »
A l’époque, les filles et les garçons étaient séparés. Léonardo Sargiampiepri habitait alors chemin des Maures. « C’était la campagne. Les Italiens puis les Allemands avaient positionné des canons parce que c’était en hauteur. Les avions des Anglais et des Américains venaient bombarder leurs positions. J’ai fait toute ma scolarité à la Fontonne, de la maternelle jusqu’au certifcat d’études que j’ai passé avec M. Boissier. Pendant la guerre, je vivais avec ma mère et ma grand-mère. Parfois, il n’y avait pas grand chose à manger. J’ai connu mon père à l’âge de 9 ans, à son retour de la guerre...» Antoinette Alvaro-Blancherie, aujourd’hui âgée de 86 ans, avait 7 ans, lors des raids aériens. « On s’asseyait sur les bancs. La maîtresse nous encourageaient de la voix à être calmes. » Antoinette est venue au rendezvous avec des photos de classe. Où chacun essaie de se rappeler qui est qui. Un nom sur un visage du passé.