Nice-Matin (Cannes)

Le maître de cérémonie

Eurosport retransmet­tra en direct, à partir de 18 h 30, la présentati­on des équipes sur la place Masséna, et c’est Guillaume Di Grazia qui sera le chef d’orchestre de la chaîne

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU FAURE

Voilà vingt ans que Guilaume Di Grazia commente le Tour de France pour Eurosport. L’auteur d’un livre sur l’épopée de Julian Alaphilipp­e en 2019 (Orage et désespoirs - Pourquoi Julian Alaphilipp­e pouvait gagner le tour de France ?) commentera la présentati­on des coureurs place Mass & na.

La présentati­on des équipes est une étape importante sur le Tour. En quoi l’édition 2020 est-elle différente ?

Bizarremen­t, la présentati­on ne différera pas vraiment d’une édition ordinaire. On sera en plateau depuis Paris, c’est toujours le cas sur l’épreuve car on prend généraleme­nt le train le lendemain pour se rendre physiqueme­nt sur le site du grand départ. Cette saison, on va rester sur Paris car pour des raisons sanitaires il faut tout mettre en oeuvre pour que la course aille au bout. Moins il y a de gens sur la caravane, plus le Tour a de chance de se terminer.

Qu’est-ce que cela change dans votre manière de travailler ?

A Paris, on va être trois à commenter et on sera chacun dans une cabine séparée. C’est-à-dire que l’on va commenter sans se voir. Heureuseme­nt que l’on se connaît bien avec Steve Chainel et Jacky Durand sinon c’est difficile de créer quelque chose à l’antenne sans se voir...

A quel Tour devons-nous nous attendre ?

Sans doute le plus ouvert depuis plus de dix ans. On l’a vu sur le Dauphiné, tout a volé en éclats.

Il y a des doutes sur INEOS qui semble avoir une équipe moins forte que d’habitude. Il y a beaucoup d’équipes qui vont venir avec des leaders imprévus comme AGR puisque Romain Bardet n’avait pas prévu, au départ, d’être sur le Tour. Sans oublier que nous sommes à un croisement de génération­s car un garçon comme Bernal n’a que - ans quand des Pinot, Quintana ou Bardet approchent la trentaine.

Peut-on assister à un vainqueur surprise ?

A l’exception de Bernal, il n’y a aucun ancien vainqueur au départ donc les chances de voir un nouveau nom l’emporter sont importante­s. Un Français ? Pourquoi pas, c’est le bon moment en tout cas. Mais il n’y a qu’un seul Tricolore qui peut aller au bout, c’est Pinot. Il faut faire vite car la relève arrive, je pense à Mathieu Van der Poel, le petit-fils de Raymond Poulidor ou au Belge Remco Evenepoel, futur phénomène. Là, il y a une petite lucarne pour qu’un Français gagne le Tour, il ne faut pas la rater.

‘‘ Alaphilipp­e ressemble beaucoup à Virenque, ils ont ce supplément d’âme”

Avez-vous peur que le vainqueur 2020 soit déprécié ?

Dans dix ans, quand on regardera le palmarès, si le Tour de France va au bout, on aura oublié les conditions. ASO a fait un miracle permettant au Tour de partir. L’Euro de football, les JO, la L, tout a été reporté ou annulé mais le Tour va partir avec deux idées fixes : sécurité et continuité. On ne se rend pas compte du travail réalisé pour que ça puisse partir. Celui qui gagnera le Tour sera dans l’histoire. C’est le Tour qui fait le vainqueur et non l’inverse.

On ne gagne pas cette course par hasard...

Que vous inspire le tracé 2020 ?

Les trois premiers jours sont superbes. L’idée de la boucle d’entrée, c’est parfait pour voir passer plusieurs fois les coureurs. La deuxième étape est assez intense, on peut assister à un changement de Maillot jaune dès la fin de la deuxième étape. Globalemen­t, la première semaine est intense et le tracé propose de nombreuses arrivées inédites ainsi que quatre nouvelles ascensions. Et puis ce chrono l’avant-dernier jour à la Planche des Belles-Filles, chez Pinot, ce n’est pas un hasard. C’est un gros clin d’oeil aux coureurs français. On reprochait souvent à certains tracés d’avantager les rouleurs, comme lors de la victoire de Bradley Wiggins en  avec plus de  kilomètres de chrono, ce n’est plus le cas car les amateurs de vélos aiment les grimpeurs et le mano a mano en montagne.

C’est pour ça qu’un garçon comme Julian Alaphilipp­e est si aimé du public ?

L’an dernier, il n’avait pas les capacités de gagner le Tour mais le scénario était parfait pour lui. C’est quelqu’un qui a besoin de donner pour recevoir, il fait tout pour être un bon client, auprès du public, de la presse. Mais l’an dernier il a perdu de l’énergie en ne faisant pas de sacrifices comporteme­ntaux. Le Tour se gagne aussi de la ligne d’arrivée au podium protocolai­re, du podium au bus, du bus à la chambre, etc.

Il y a un peu de Richard Virenque en lui, non ?

Ce sont deux garçons qui s’apprécient énormément. Richard le conseille beaucoup car ils se ressemblen­t. Les deux ont un côté showman, ils se nourrissen­t du public, ils ont besoin d’être aimés. Cela leur donne un supplément d’âme.

Difficile d’imaginer Alaphilipp­e gagner le Tour ?

Il va viser des étapes, se faire plaisir, pourquoi pas passer quelques jours en jaune mais pour aller au bout il faut une grosse équipe. Il évolue dans une équipe belge pour qui le Tour de Flandres a plus de valeur que le Tour de France. C’est dans l’ADN du cyclisme belge. Il y a un côté un peu mystique.

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(Photo Eurosport) Guillaume Di Grazia, auteur d’un livre sur le Tour  de Julian Alaphilipp­e.

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