Nice-Matin (Cannes)

Pinot, quelle frayeur !

Le leader de la Groupama-FDJ a lourdement chuté à trois kilomètres de l’arrivée sur la Promenade des Anglais. Par bonheur, il n’a pas perdu la moindre minute par rapport aux favoris

- VINCENT MENICHINI

Tout au long de cette étape rendue infernale par la météo, on se disait que Thibaut Pinot était passé entre les gouttes, à l’inverse de Pavel Sivakov, le lieutenant d’Egan Bernal, déglingué par une chute dès les premiers kilomètres de course. On osait imaginer qu’il avait esquivé le concours de « ventre y glisse », qui a animé cette étape sur la Côte d’Azur, où la pluie est réapparue deux mois plus tard et par trombes d’eau.

Et puis patatras ! A trois kilomètres de l’arrivée, moment de l’emballemen­t final sur la Promenade des Anglais, Thibaut Pinot a été pris dans une énième chute au coeur du peloton. « Ça s’est relevé et ça a freiné. Et comme ça a freiné, c’est tombé, a lâché, fataliste, Marc Madiot, le patron de la Groupama- FDJ. A trois bornes de l’arrivée, c’est la place des sprinters, il faut avoir un peu de chance. » Et, bien sûr, Pinot n’en a pas eu.

Marc Madiot : « Thibaut était agacé et énervé »

Épaule et genou droit traumatisé­s, plaies multiples, maillot arraché, le leader de la Groupama-FDJ s’est relevé. Avec le masque des mauvais jours et ce sentiment terrible que rien ne lui sera épargné sur la Grande Boucle, qu’il n’a terminée qu’à trois reprises en sept participat­ions, dont la dernière fois en 2015. Plus de quatre minutes après Alexander Kristoff - le vainqueur du jour - Pinot a finalement franchi la ligne d’arrivée, escorté de cinq équipiers et avec le vélo de William Bonnet.

Par bonheur, les commissair­es avaient eu l’excellente idée de neutralise­r cette « rando-rivière » à trois kilomètres de l’arrivée, soit l’endroit où Pinot a failli perdre toute chance de victoire à Paris. « Cela aurait pu vraiment être pire », a répété Thomas Voeckler, le consultant de France Télévision­s, à l’issue de cette folle virée à Nice et ses environs. « Thibaut est éraflé mais n’a rien de cassé, c’est le principal, a confié Valentin Madouas, son coéquipier à la Groupama-FDJ. Mais une chute comme celle-là, ce n’est jamais bon signe pour un début de Tour. C’était l’une de mes pires journées sur un vélo. On a eu peur du début à la fin de l’étape. On est sept sur huit à être tombés dans l’équipe. Thibaut va se relever. Le Tour est encore long. Il va se passer beaucoup de choses. »

Dès aujourd’hui, lors d’une deuxième étape où les coureurs vont devoir affronter trois difficulté­s majeures (Colmiane, Turini et Eze) et avaler près de 4000 mètres de dénivelé, le corps meurtri pour certains ? C’est bien possible. Pour Pinot, il faut surtout espérer que la nuit niçoise soit régénératr­ice et propice à chasser les démons qu’il trimballe dans sa roue depuis trop longtemps. « Il était agacé et énervé mais ça devrait rentrer dans l’ordre, a glissé Marc Madiot. Ça fait partie de la vie de la course. Il n’y a pas trop de dégâts. »

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(Photo AFP) Thibaut Pinot, les yeux dans le vague et maillot déchiré, vient de chuter à trois kilomètres de l’arrivée.

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