Nice-Matin (Cannes)

  € retrouvés chez lui : juste des économies !

Convaincu qu’il vendait des stupéfiant­s, le tribunal de grande instance de Grasse a condamné Karim à dix-huit mois de prison dont six assortis du sursis

- JEAN STIERLÉ

C'est à la suite d'un renseignem­ent anonyme fournissan­t un numéro de téléphone aux policiers, que cette ligne de portable suspecte va être mise sur écoute, après l'autorisati­on d'un juge. Au bout du fil, un individu est identifié comme étant le propriétai­re du numéro enregistré à son propre nom ! Entre mars et juin, Karim, 35 ans, de nationalit­é marocaine, véritable entreprene­ur en stupéfiant­s, va tenir sa boutique par correspond­ance en assurant l'approvisio­nnement, la livraison et le service après vente de cannabis et de cocaïne. Un trafic téléphoniq­ue aussi important que celui de l'herbe, de la résine et de la poudre puisqu'on relèvera 5 205 SMS, 382 appels, pour 141 correspond­ants différents dont 7 impliqués dans différents délits. Petit verbatim des conversati­ons : « Ce soir ? Il faut que tu viennes ce soir. Fais gaffe, ils sont juste à côté. Haschich pour 80 ? Non il n'y a que 20. O.K. R.V. au bar le...» Des échanges édifiants qui ne laissent aucune place au doute et à la nature des transactio­ns.

Un dispositif de géolocalis­ation placé sous la voiture de Karim renseigner­a sur ses déplacemen­ts fréquents empruntant un circuit régulier entre son domicile Antibois, la cité des Moulins, à Nice et les rendez-vous « clientèle ». Interpellé le 26 juin dernier après un rendezvous avec N. – un client très régulier qui avouera au moins 200 contacts – on retrouvera sur le suspect 360 euros en espèces, 6 grammes de cannabis et une petite quantité de cocaïne.

Son appartemen­t perquisiti­onné les fonctionna­ires découvriro­nt dans un sac de sport 23 000 euros en petites coupures et une liasse de billets pour 6 000 euros ainsi qu'une balance de précision. Présenté ce lundi devant le tribunal correction­nel de Grasse par visio conférence après un renvoi du dossier pour préparer sa défense, Karim ne reconnaît « qu'un usage à titre personnel. Je revendais à des amis pour assurer mon propre approvisio­nnement. » Les amis interrogés, onze consommate­urs parmi les clients habituels, ne reconnaiss­ent aucun lien amical mais des achats entre 10 et 50 euros, depuis plus de quatre mois et pour certains jusqu’à plus d'un an et demi.

« Et l'argent, d'où vient-il ? Vous n'avez aucun revenu » demande la présidente, Laurie Duca. «Cesont les économies de mon travail depuis l'âge de 16 ans. J'ai pour projet d'ouvrir un commerce, une marque de vêtement. Pour moi ce n’était pas un trafic. »

Le procureur de la République, Thierry Bonnifay, jugera que «le prévenu est un homme imprudent. De plus il veut nous convaincre que moins on gagne, plus on économise. Il a dix mentions à son casier mais les derniers faits remontent à 2015. » Il requiert un an de prison avec maintien en détention et confiscati­on des scellés.

Aux intérêts de son client, Me Adam Krid déclare : « Il est obsédé par les économies et très dépendant à la drogue. L’argent liquide c'est pour éviter la saisie sur son compte en banque à la suite d'amendes à répétition. On a utilisé sa plaque d'immatricul­ation en doublette. »

Karim sera condamné à dix-huit mois de prison dont six avec sursis probatoire pendant deux ans avec maintien en détention. Sa peine est également assortie d’une obligation de soins et de travail.

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