Nice-Matin (Cannes)

Elle sort de la galère grâce au Secours populaire

Élodie Senet, Grassoise de 44 ans, a pu sortir d’une situation difficile grâce à l’aide de l’associatio­n. Son diplôme d’infirmière en poche, elle témoigne

- DELPHINE GOUATY

J’avais coutume de fréquenter Cannes, la Croisette et tout le tralala, et d’un seul coup, j’ai été propulsée aux antipodes de ce monde-là », témoigne Élodie Senet, Grassoise de 44 ans. Si le Secours populaire ne l’avait pas aidé, elle aurait peut-être baissé les bras. Son diplôme d’infirmière en poche, elle souhaite, aujourd’hui, partager son expérience.

« J’ai vraiment connu les deux extrêmes », témoigne cette maman de deux enfants : Gaspard, 11 ans et Éloise 16 ans. « J’avais une situation de vie qui était très confortabl­e. Mon mari ne voulait pas que je travaille. » Après une séparation difficile, il y a quatre ans, elle reprend ses études d’infirmière. « Trois années très intenses. J’avais la garde exclusive, puis la garde alternée de nos enfants. La dernière année, je devais faire trois stages et rendre un mémoire. » Pendant les vacances, elle travaille comme aide soignante, pour joindre les deux bouts. « Mais, pendant mes étu- des, mon ex-mari a cessé de me verser les pensions alimentair­es. »

« Il faut se mettre ànu»

Originaire du Nord, elle se retrouve livrée à elle-même, sans amis, ni famille dans la région. « Je me suis dit : “Allez, booste-toi, ne lâche pas ! » Je suis allée voir les assistante­s sociales du CCAS de Mandelieu et le Secours populaire à La Bocca. J’allais retirer un panier alimentair­e par semaine. J’ai dû demander à l’IFSI (1) l’autorisati­on de quitter les cours plus tôt pour aller chercher mon panier. C’était difficile. Il faut se mettre à nu devant tout le monde et relater sa situation qui n’est déjà pas facile. Mais ça peut arriver à tout le monde. »

Elle fait, alors, l’expérience de ce qu’elle ne voyait jusque-là qu’à « travers les médias. La première fois que je suis allée chercher mon panier, j’ai discuté avec les gens. Il y a un réel besoin. On ne s’imagine pas ! Ça touche tout le monde : des jeunes ; j’ai même vu un médecin généralist­e. »

Le panier est généreux et lui permet de tenir la semaine. Certaines aides de la Caf et sa bourse d’études lui permettent de compléter les courses à la maison et de mettre de l’essence dans sa voiture. Elle trouve ponctuelle­ment des vêtements de seconde main mais surtout, un soutien. «Ilya,sur place, toute une équipe, déclare-telle. Ils sont à l’écoute. Il y avait même un bureau dédié aux vacances, sorties... On discute, c’est convivial. C’est un petit espace. On sait toutes les misères des uns et des autres. À un moment donné, on met tous notre fierté au fond de notre poche. Les premiers temps, c’était l’horreur, je me demandais où j’en étais arrivé. Je me disais que j’étais tombée au plus bas. J’ai caché mes démarches à Éloise pour qu’elle ne soit pas trop touchée par cette situation précaire. »

Prête à aider à son tour

Le matin, elle met son réveil à 3 h pour travailler, de manière à ce que la journée, les enfants ne soient pas trop impactés par ses révisions. Toute une organisati­on...

Finalement, elle obtient son diplôme en juillet 2019 et travaille aujourd’hui au SSIAD de Cannes (2), pour la prise en charge de personnes âgées, dépendante­s, en fin de vie. « C’est extraordin­aire la prise en charge à domicile. Par rapport à l’hôpital, il y a une relation différente qui se tisse. On est dans l’intimité des gens, c’est à nous de nous adapter. » Sortie de sa « galère », Élodie assure qu’elle ira bientôt, à son tour, aider l’équipe du Secours populaire. « Ils ont besoin de bras, d’alimentair­e et de vêtements. Je vais leur déposer un sac de fourniture­s scolaires pour les remercier et j’irai sur mon temps libre solliciter les enseignes. »

1. Institut de Formation en Soins Infirmiers.

2. Service de soins infirmiers à domicile.

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(Photo D. G.) Dans une situation difficile, Élodie, aujourd’hui infirmière, a eu le courage de demander de l’aide pour mieux rebondir.

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