À qui vont bénéficier les cent milliards d’euros ?
Etalés sur deux ans, les cent milliards d’euros sont répartis autour de trois axes : la performance des entreprises, le volet social, et la transition écologique, objet d’un effort inédit de 30 milliards d’euros
«Une ambition et une ampleur historiques » : en présentant enfin, hier, son plan de relance de 100 milliards d’euros sur deux ans, l’exécutif a clairement signifié que celui-ci, concocté avant tout en réponse à la crise économique liée à la pandémie de Covid-19 – « La France a tenu mais elle est incontestablement affaiblie », a souligné le Premier ministre –, entendait aller au-delà, afin de préparer la France de 2030.
« Priorité absolue » : sauvegarder l’emploi
Baptisé « France relance », cet ensemble de mesures, qui devraient avoir un « effet d’entraînement sur le reste de l’économie », « produira des effets concrets et perceptibles pour le plus grand nombre » , a promis Jean Castex. Avec une « priorité absolue » : l’emploi, alors que 800 000 suppressions sont attendues en 2020, et un objectif « ambitieux mais à notre portée » : retrouver en 2022 le « niveau de richesse d’avant la crise ».
Le Premier ministre en a appelé « au sens des responsabilités de tous les acteurs pour que les entreprises embauchent, à commencer par les jeunes, pour que les partenaires sociaux dialoguent et trouvent des accords, pour que les collectivités investissent aux côtés de l’État [...] et pour que les ménages investissent et consomment au lieu d’épargner ». L’exécutif promet une exécution sans perte de temps, avec un comité de pilotage présidé par le Premier ministre pour vérifier l’allocation des fonds, et les redistribuer si certains projets prennent du retard.
Après les 470 milliards d’euros de soutien d’urgence mobilisés depuis le début de la crise, le plan de relance est un plan d’investissement sur le moyen terme, autour de trois priorités : la transition écologique, la compétitivité des entreprises et la cohésion sociale, défend Matignon.
Onze milliards pour les transports
Trente milliards d’euros seront ainsi consacrés au « verdissement » de l’économie. Le transport bénéficiera notamment de 11 milliards d’euros, dont 4,7 milliards pour la SNCF afin de financer le fret ferroviaire, les petites lignes et le train de nuit. Près de 7 milliards seront alloués à la rénovation énergétique des bâtiments, serpent de mer des politiques écologiques, dont 4 milliards pour le parc public (écoles, universités, etc.) et 2 milliards dédiés aux ménages.
Pour réindustrialiser les territoires, le plan mise sur l’amélioration de la compétitivité des entreprises, avec 35 milliards d’euros mobilisés, dont 20 milliards pour baisser les impôts de production payés par les entreprises, malgré les protestations des maires qui en sont les principaux bénéficiaires. Le reste de l’enveloppe soutiendra les fonds propres des entreprises que la crise a mis à mal, ou encore subventionnera la relocalisation d’activités et l’innovation dans des secteurs d’avenir, comme l’intelligence artificielle.
Face à cette débauche de moyens pour les entreprises, le gouvernement, qui a écarté toute mesure de relance de la consommation, veut montrer qu’il n’a pas oublié les plus modestes et tous ceux menacés de perdre ou ne pas trouver d’emploi.
Ainsi, 35 milliards d’euros sont dédiés à la cohésion sociale et territoriale, incluant 15 milliards pour l’emploi, dont 6,7 milliards déjà annoncés cet été pour les jeunes ou encore 6,6 milliards pour le dispositif d’activité partielle de longue durée. S’y ajoutent les 6 milliards d’investissement dans l’hôpital, ou encore la revalorisation de l’allocation de rentrée scolaire et les aides aux collectivités.