Votre Boeuf sauce sera servi avec des... fleurs
En ouverture de la 43e édition du plus ancien festival d’humour de France, le Théâtre de la Marguerite offre un spectacle gratuit. Rendez-vous demain avec la Compagnie d’Ailleurs !
Sortis du cadre, ils viennent de sauter hors de leur tableau. En endossant leur costume de palette, le tandem de la Compagnie d’Ailleurs fait vibrer la poésie sur les pavés. Créée en 1992 en Uruguay, la troupe aujourd’hui installée à Colombes (92) poursuit sa mission : faire rêver les passants. Ce sera chose faite demain avec A fleur de rue. Un spectacle offert par le Théâtre de la Marguerite comme ouverture de son Boeuf Théâtre, plus ancien festival d’humour de France (voir ci-dessous). Alessandro Meneguzzi, metteur en scène et directeur artistique dévoile les nuances qu’il faudra savourer de 17 heures à 19 heures dans le vieil Antibes.
Comment est née cette création ?
J’ai une formation en architecture et cela se ressent dans tous nos spectacles. On part toujours de l’univers d’un peintre ou d’un sculpteur. Pour notre première création, nous avons pris le parti de nous inspirer de Bottero, pour les échasses c’est Giacometti… Ici, l’univers pictural répond à Lautrec et au Douanier Rousseau, avec l’idée du jour et de la nuit. Ces personnages s’interrogent : « Pourquoi si la vie est belle le monde paraît si laid ? » Ils ont clairement décidé de prouver que le monde peut être beau.
Comment ?
Pour ce faire, ils déambulent avec de petits chariots de peintres ambulants. Ils vont écrire des phrases poétiques et les disséminer dans la ville. Il faut savoir que nous construisons tout nous-mêmes avec de la récupération.
Du recyclage ?
Oui, toujours. Nous faisons très attention à cela. On aime détourner les objets, leur donner un nouveau sens.
Antonello et Romeo : qui sont ces deux personnages oniriques ?
Des excentriques marchands de fleurs venant de Venise. L’un est petit et ventru, l’autre plus maigre et grand. Romeo est le séducteur, il va aller à la rencontre du public mais ne va pas oser offrir des fleurs aux dames alors qu’il le souhaite…
Un vrai timide !
Voilà ! C’est à ce moment-là où Antonello lui sert d’intermédiaire. Ils ont avec eux un orgue de barbarie pour faire entendre des musiques classiques, comme du Mozart.
Vous jouez avec des masques couvrant intégralement votre visage : un travail de comédien particulier…
Notre formation a été réalisée au sein de l’école internationale Jacques Lecoq [NDLR. référence du théâtre gestuel, établissement basé dans le Xe arrondissement de Paris]. Ces masques sont l’âme des personnages. Et tout le reste passe par le corps. Les enfants nous interpellent souvent pour nous demander pourquoi on ne parle pas, on leur répond avec notre intention, la gestuelle. C’est aussi ce qui nous permet de jouer dans le monde entier aussi bien en Chine qu’en Israël. Nous parlons à l’universel.
Quelle est la différence culturelle entre les publics s’il en existe une ?
Il y en a peu en réalité. Quand on a joué en Chine, on a eu face à nous un public plus timide, parce qu’il a moins l’habitude de ce type de spectacle. En France, s’il pleut, c’est terminé : personne ne s’arrête pour vous regarder. Par contre, en Hollande, les gens restent sous leur parapluie sans problème ! Ce sont des choses dont il faut tenir compte.
Et votre théâtre évolue constamment au gré des interactions, des rues…
On dit que chaque spectacle a besoin d’une mise en scène spécifique à chaque ville. Nous faisons toujours un repérage préalable et nous nous adaptons en fonction des endroits où l’on doit jouer. Nous avons pour habitude de dire que nos personnages sont les lettres d’un alphabet et que la commune est le livre. Dans chaque ville nous vivons des expériences différentes. Dernièrement nous jouer au bord de la mer à SaintCyprien () et trois jours après nous étions dans une cité en région parisienne. Le contexte est très différent et c’est d’ailleurs ce qui nous plaît dans l’art de rue. Au bout de dix ans à jouer cette création, on ne s’ennuie pas !
Rendez-vous demain de 17 heures à 19 heures pour découvrir ces artistes à Antibes sur le parcours République-Place Nationale-Clemenceau-Aubernond’Aguillon-Thuret-République. Entrée libre.