Mouglalis, Gamblin, Arestrup à Grasse
Présentée hier, la programmation du TdG met à l’honneur des grands noms de la scène mais prévoit aussi des rendez-vous audacieux sur ou hors des planches.
Il a fallu mettre des petites étiquettes à la hâte sur les programmes déjà imprimés pour modifier certaines dates. Dédoubler des représentations afin que la jauge contrainte puisse être respectée. Penser grand air, spectacle dans les prés. Mais le théâtre, sera bien là, cette saison, à Grasse. Art entier, indispensable. « Après six mois sans accueillir de spectateurs, j’ai une émotion toute particulière, peut-être la plus forte de ma longue carrière au Théâtre de Grasse (TdG), à rouvrir ses portes », souriait hier, sous le masque, son directeur. Ce renouveau, Jean Flores a voulu le dire avec des fleurs. Roses poudrées pour un second printemps, artistique. Sur le programme, sur sa chemisette raccord, flower power. Fin du huis clos (qui n’avait heureusement rien de Sartrien) pour l’équipe de cette salle qui compte 450 places dont 60 %, au maximum seront occupés (avec un siège d’écart entre chaque « groupe social ») ces prochains temps. Le paradis, ce sera les autres, cette fois. Les compagnies qui reviennent rôder leur création, les spectateurs qui froissent à nouveau le velours rouge des fauteuils récemment changés.
« Pour cette saison, on avait prévu des surprises, des artistes du bout du monde. Il a fallu revoir, sans se placer en victime », raconte Jean Flores. Pour envisager au mieux les scénarios possibles, la programmation 2020-2021 présentée hier a été scindée en deux actes.
Fracasse version Kaamelott
S’il fait montre de prudence quant à l’annonce des dates pour 2021, le TdG joue, toujours dans sa programmation, la carte de l’audace ravivant ce côté farfouilleur, dénicheur de spectacles originaux, de pépites quand d’autres institutions préfèrent le « banco, ça va marcher ».
Ainsi, ces prochains mois, on se régalera, entre autres, avec Rouge, le 22 novembre dans lequel Niels Arestrup campe l’artiste Mark Rothko assisté de Ken (Alexis Moncorgé, le petit-fils de Gabin). On nagera dans le bonheur avec la création danse et vidéo Acqua alta à l’esthétique très léchée les 13 et 14 octobre. On découvrira un flamboyant Fracasse, avec une version de ce classique de Théophile Gautier
interprétée par l’équipe de Kaamelott le 6 et 7 novembre. Et pour le plaisir des écoutilles (et celui des mirettes), le bassiste et contrebassiste Kyle Eastwood, régalera en quintet le 18 octobre. Les « expériences » emplissent aussi le calendrier. À commencer par la grande fête champêtre, artistique, acrobatique et musicale menée par la compagnie Hors surface dimanche 13 septembre dans le grand pré de Cabris. Ou l’agora de Thierry Combe, montée toute en palissades le samedi 26 et dimanche 27 septembre dans le pré de Saint-Vallier et dans laquelle le public s’installe pour entendre parler le comédien du handicap de son grand frère « extra-ordinaire ».
Improbable duo Michel Fau/Roschdy Zem
Les réservations pour ce premier acte ouvrent mercredi 9 septembre, mais il faudra encore un peu patienter avant de booker sa place pour les spectacles arrivant en 2021. Hier, les noms des spectacles qui viendront ponctuer l’acte II ont été soufflés. Sans aucune date précisée encore, la programmation étant en cours d’affinage, en fonction notamment de l’évolution des mesures sécuritaires.
Mais ce que l’on sait déjà, c’est qu’on devra compter, côté théâtre sur une Anna Mouglalis sulfureuse dans le drame de Strindberg Mademoiselle Julie. Mais aussi Jacques Gambin, en mode fantasque, campant Elwood P. Dowd, que sa folie mènera de salons bourgeois en asile d’aliénés dans la pièce Harvey de Mary Chase.
À l’affiche prochainement encore, un improbable duel entre Michel Fau (qui signe aussi la mise en scène) et Roschdy Zem dans Trahisons d’Harold Pinter. Ou Éric-Emmanuel Schmitt, sur les planches avec sa propre oeuvre Madame Pylinska et le secret de Chopin. Pour se décoincer les zygomatiques, rien de mieux que Vincent Dedienne, Haroun, Panayotis Pascot et Bun Hay Mean (plus connu sous le pseudo du Chinois marrant).
Danse plurielle
En musique, le TdG ratisse large. De Youssoupha, le rappeur, à Olivia Ruiz et son spectacle Bouches cousues en passant par Keren Ann sur scène avec le Quatuor Debussy (une rencontre qui promet d’être sublime). La danse se conjuguera encore au pluriel avec le rey du flamenco Andres Marin, le poétique Je danse parce que je me méfie des mots de Kaori Ito, le contemporain Boys Don’t Cry d’Hervé Koubi, la comédie musicale participative Let’s Move de Sylvain Groud ou des propositions plus urbaines comme Näss, Queen Blood d’Ousmane Sy.
Théâtre de Grasse (2, avenue Maximin-Isnard). Spectacles entre 12 et 38 €. Rens. 04.93.40.53.00. Toutes les dates : theatredegrasse.com