Ils aident les agriculteurs en difficulté
En 2015, la Mutuelle sociale agricole (MSA) recensait 605 suicides parmi les affiliés au régime agricole de plus de 15 ans. Un risque de 12,6 % supérieur aux autres professions. Isolement, surmenage, endettement, accident du travail, la vie qui dérape parfois et c’est un engrenage infernal qui débute. Dans ce milieu pudique où parler est encore trop souvent assimilé à un aveu de faiblesse, l’association Solidarité paysans lutte contre la solitude qui frappe les exploitants en proposant des services de soutien aussi bien psychologique qu’administratif.
Monique Aubert s’en souvient encore. Quand ses enfants sont devenus grands, elle a décidé de s’offrir une nouvelle vie. Alors elle s’est mise à chercher un terrain, à Tourves dans le Var, d’où elle était originaire et y a installé son troupeau. Une cinquantaine de chèvres en tout. « Un jour, je suis rentrée du marché, et on m’avait tout volé. » Personne n’a rien vu, dans cette partie isolée de la campagne. A l’époque, la chevrière pense tout arrêter. Dans les journaux, elle a lu des articles sur cette association d’agriculteurs qui aide les agriculteurs. Des gens comme elle, c’est ce qu’il lui faut. Ses doigts composent le numéro de l’association Solidarité paysans. Bien vite, des collègues sont dépêchés sur place. Des éleveurs lui prêtent des bêtes, pour qu’elle continue à produire et que l’argent rentre dans les caisses, l’association l’accompagne dans ses démarches administratives. « Il est important que les choses soient prises à temps », souligne Coline Tremoulet qui gère l’association dans le Var et les Alpes-Maritimes. « Parfois, une fragilité financière entraîne une fragilité familiale, parfois une séparation, raconte Monique Aubert, devenue depuis 2006, bénévole à Solidarité paysans. La personne se retrouve seule et peut se réfugier dans l’alcool par exemple. »
Développer la prévention
Signe que la situation du monde agricole préoccupe, en février dernier, un sénateur interpellait le ministre de l’agriculture sur « le taux alarmant de mortalité par suicide observé chez les agriculteurs ».
La prévention – par le biais de l’instauration d’une visite médicale annuelle pour les agriculteurs avec un médecin de la Mutualité sociale agricole (MSA) – est donc une piste cruciale à développer pour permettre également d’évaluer exactement le nombre de suicides, très certainement sous-estimé.
Dans cette optique, un vaste projet de prévention baptisé « Agri-sentinelle », un réseau mettant à contribution tous les acteurs travaillant avec des agriculteurs afin de signaler les situations à risques, a été mis en place début 2019.
Depuis trois ans, la FDSEA des AlpesMaritimes a aussi mis en place une cellule de crise. Cette cellule fait appel au sens d’observation des agriculteurs. « L’idée est de repérer ce qui ne va pas bien, d’alerter les services qui activent alors des aides, comme la venue d’une assistante sociale », explique Jean-Philippe Frère, secrétaire général de la FDSEA 06.
« Les mentalités évoluent, veut croire Coline Tremoulet. Les gens sont sensibles à la situation de l’agriculteur. On compte aussi sur des initiatives comme le dernier film de Guillaume Canet Au nom de la terre qui aborde le sujet du suicide des agriculteurs et qui a fait plusieurs millions d’entrées. »
Solidarité paysans Tél : 04.94.73.78.01. Portable : 06.32.59.87.04. Médiatrice Var/A.-M. Coline Tremoulet Breton