En Italie, les jeunes retournent aux champs
Il arrive, un bonnet bordeaux vissé sur la tête, propose de discuter autour d’un café, dans le petit bar de Costa D’Oneglia, un village tout en pierre à deux pas d’Imperia (Ligurie). Sur les collines aux alentours, les oliviers et leur feuillage argenté s’étendent à perte de vue. C’est là que travaille Christian Gastaldi, 26 ans, oléiculteur depuis six ans.
Difficultés à trouver des terrains
Ce jeune homme est loin d’être une exception. Selon la Coldiretti, principal syndicat d’agriculteurs, entre 2015 et 2017, dans la Péninsule, le nombre d’exploitations agricoles entre les mains de moins de 35 ans a augmenté de 35 % (8,6 % en France. Réponse à la forte crise de l’emploi qui touche les jeunes Italiens, l’agriculture est un secteur particulièrement soutenu par la valorisation des produits made in Italy, l’innovation et la diversification des activités.
Le projet a été mûrement réfléchi pour cet enfant du pays passionné par sa terre et ses richesses naturelles. Sa licence de sciences politiques en poche, Christian s’est rapidement rendu compte qu’il préférait la vie au grand air. Chez lui, à Costa d’Oneglia, nombreux sont les terrains en friche parsemés d’oliviers.
« J’ai ouvert un statut d’auto-entrepreneur puis j’ai commencé à chercher des terrains. En Italie, c’est très compliqué car il y a une véritable suspicion envers ceux qui veulent s’installer. Les gens préfèrent laisser leur terrain à l’abandon que de les confier à un jeune agriculteur », raconte le jeune homme.
Mais ces obstacles sont loin de le décourager. En Italie, l’oléiculture fait partie du patrimoine et en Ligurie, elle s’inscrit pleinement dans le territoire avec ses terrasses plantées d’oliviers.
Miser sur la qualité
Christian lui, a parié sur la valorisation de ses produits, une spécialité tout italienne. Véritable fleuron de l’industrie transalpine, l’agroalimentaire italien s’exporte très bien et fait preuve d’un dynamisme à toute épreuve.
Ces dernières années, le bio s’est ainsi particulièrement développé de l’autre côté des Alpes. Selon la Coldiretti, premier syndicat agricole transalpin, il est cultivé sur 1,8 million d’hectares et permet l’embauche de 72 000 travailleurs, un vrai bond depuis 2013 avec une augmentation de 40 % de ce type de culture. Une manne dans laquelle se sont engouffrés de nombreux jeunes qui rivalisent d’ingéniosité pour créer des produits de qualité. L’Italie est par ailleurs championne des appellations contrôlées. Selon un rapport publié en 2017 par l’ISMEA (Institut italien sur le marché agricole), elle est en tête de l’Union Européenne avec 307 produits d’appellation protégée contre 247 pour la France. Christian espère que son produit sera classé. « Je suis goûteur d’huile, ce qui me permet de travailler sur les exigences liées à la qualité du produit. L’avenir de l’Italie et de nos exploitations est là. »
Egalement à la tête de la section jeunes agriculteurs de la CIA, l’un des principaux syndicats agricoles, Christian constate : «On travaille beaucoup et en équipe sur le territoire. On essaie de développer le goût des bonnes choses. Pour nous, l’avenir est là. »