Pas de chasse à la glu cette année : de vives réactions
Une« atteinte à la liberté lamentable » pour les uns, un simple « respect du droit » pour les autres. La chasse à la glu, pratiquée dans cinq des six départements de la région (Var, Vaucluse, Alpes-de-HauteProvence, Alpes-Maritimes et Bouches-du-Rhône) pour les grives et les merles, a été interdite pour cette année. L’Élysée l’a annoncé jeudi 27 août, alors que la France était le dernier pays de l’Union européenne à l’autoriser, à titre dérogatoire, dans le sud-est, alors que cette chasse est interdite par la directive Oiseaux. Yves Verilhac, directeur de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), qui milite depuis des années contre cette pratique, se félicite de cette décision, sans pour autant crier victoire : « Je ne suis pas sûr qu’on doive célébrer le simple fait que la loi soit respectée, mais c’est une bonne chose. » Début juillet, la Commission européenne a adressé à la France un avis motivé lui demandant de « réexaminer ses méthodes de capture d’oiseaux », dans le cadre d’une procédure d’infraction ouverte il y a un an. Elle donnait trois mois au gouvernement pour répondre, avant de saisir la Cour de justice de l’UE.
« Le gouvernement a seulement répondu à l’injonction européenne » ,estime Yves Verilhac, la maintenir aurait coûté une amende de millions d’euros aux Français. »
Si cette méthode est dans le collimateur de l’Europe et des associations, c’est notamment parce qu’ils la jugent « non sélective ». C’est-à-dire que des oiseaux, parfois protégés, peuvent se retrouver coincés. Le directeur de la LPO évoque notamment un faucon, retrouvé mort dans le Var. Une accusation que réfute Éric Camoin, président de l’association nationale de défense des chasses traditionnelles à la grive, basée à Forcalquier. « Les « glueurs » restent sur place après avoir déposé leurs baguettes. Si un oiseau protégé se pose, on le relâche immédiatement. » Ce système, qui serait utilisé par quelque 5 000 chasseurs, est régulé, comme les autres techniques de chasse, par des quotas. Chaque année, un quota était fixé au niveau national, puis régional, et départemental, qui était ensuite divisé entre les chasseurs. « En fonction des années, ça représentait environ cinq oiseaux par chasseurs », indique Éric Camoin.
« C’est quand même la seule pratique où on ne tue pas les oiseaux »
« Jean Castex avait pris des engagements, on devait avoir 22 000 oiseaux cette année », tonne-t-il, remonté contre une parole politique qui ne « vaut plus rien ». Pour ce pratiquant, cette pratique, c’est quelque chose qu’on a dans le ventre, une passion de l’oiseau transmise de génération en génération. » Il souligne notamment les attentions que les chasseurs fournissent à leurs animaux. Une fois capturés, ils sont soit gardés pendant la saison, d’octobre, à décembre, soit garder à l’année dans des volières. « La chasse a la glu, c’est quand même la seule pratique où on ne tue pas les oiseaux, c’est quand même paradoxal ! ». Si Emmanuel Macron a fixé à zéro pour cette saison le quota de chasse à la glu, l’Élysée a, en revanche, indiqué à l’AFP que « les quotas des autres chasses traditionnelles sont maintenus à leur niveau de l’an dernier ».
« Dans d’autres endroits en France, ces techniques consistent à les étrangler, à les écraser, on s’attaque également à ces méthodes, mais elles concernent une plus faible quantité d’oiseau. » détaille le directeur de la LPO.
« Emmanuel Macron agit sous la pression des écologistes »
Chez les politiques locaux, les réactions sont contrastées. Loïc Dombreval, député des Alpes-Maritimes, et président du groupe d’étude sur la condition animale à l’Assemblée nationale, s’est réjoui sur son compte Twitter : « Victoire : l’Élysée décide d’interdire la chasse à la glu. Le Président des chasseurs demandait aux députés de rendre leur mandat. Ce seront les chasseurs qui devront rendre leur glu. »
La sénatrice Dominique Estrosi Sassone, qui avait déjà soutenu cette pratique a estimé qu’Emmanuel Macron « agit sous la pression des écologistes, d’une écologie parisienne, dont ne veulent pas les territoires attachés à nos valeurs et traditions ».
Une tradition qui ne perdurait plus que dans la région, et qui semble vouée à disparaître.