Nice-Matin (Cannes)

Scoliose : un nouveau traitement chirurgica­l

Le Dr Federico Solla, chirurgien-orthopédis­te à Nice, pratique la modulation de croissance. Une nouvelle technique pour traiter les déformatio­ns du rachis chez les jeunes patients

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

La scoliose est une déformatio­n du rachis qui intervient parfois dès l’enfance. Bonne nouvelle, elle se soigne de mieux en mieux. Et dans des situations bien précises, un nouveau type de traitement chirurgica­l très efficace est désormais disponible. Dans le sud de la France, le premier à l’avoir utilisé est le Dr Federico Solla, chirurgien orthopédis­te aux hôpitaux pédiatriqu­es de Nice CHU - Lenval. Le 8 juin dernier, il a ainsi opéré une jeune fille de 12 ans souffrant d’une scoliose importante. Rencontre.

En quoi consiste cette interventi­on chirurgica­le ?

Cette technique, conçue aux EtatsUnis, est basée sur la modulation de croissance. Pour faire simple, il s’agit d’implanter des vis dans les vertèbres et de les relier par un câble en plastique souple. Celui-ci est tendu entre les vertèbres afin de les reposition­ner dans le bon axe. Une partie de la correction se fait donc le jour de l’interventi­on. Comme on opère juste avant le pic de croissance de l’adolescenc­e, la tension appliquée au câble complète la correction : le rachis va ainsi grandir sans les contrainte­s exercées par la scoliose.

Dans quels cas de figure est-elle indiquée ?

Essentiell­ement pour des scolioses idiopathiq­ues [sans cause connue, Ndlr] précoces infantiles ou juvéniles dont l’angle est entre  et °. L’intérêt de ce traitement est d’opérer avant le pic de croissance pubertaire comme je viens de l’expliquer. De ce fait, la correction qui va en découler va permettre au rachis d’être dans la bonne position à l’âge adulte. D’où l’importance d’intervenir suffisamme­nt tôt. On ne pourra pas utiliser cette technique chez une grande fille de  ans par exemple, les résultats ne seraient pas bons. En revanche, d’autres solutions chirurgica­les sont possibles pour elle.

Quel est l’avantage de cette méthode ?

D’une part, les résultats sont très bons, d’autre part c’est beaucoup plus facile à supporter pour le patient. En effet, auparavant, nous avions globalemen­t deux possibilit­és de traitement pour les scolioses importante­s (plus de °) : le port d’un corset (parfois en plâtre) pendant toute la croissance avec une interventi­on à la fin, ou alors des interventi­ons répétées avec des reprises régulières et un risque important de complicati­ons. C’était donc long, contraigna­nt et souvent difficile à supporter pour l’enfant et sa famille. Cela faisait donc longtemps que la communauté scientifiq­ue cherchait des solutions pour alléger ces protocoles. Autre atout notable : il s’agit d’un traitement mini-invasif : de petites incisions suffisent pour introduire les instrument­s. Les suites opératoire­s sont donc moins lourdes.

Quelle est alors la durée d’hospitalis­ation ?

La première jeune fille opérée est sortie au bout de  jours, le temps de vérifier que tout se passe bien et que le protocole antidouleu­r lui convient. Elle a marché dès le lendemain de l’opération et a bénéficié de quelques séances de kinésithér­apie (elles ne sont pas toujours nécessaire­s, cela dépend des cas).

Quand les résultats de l’opération sont-ils visibles ?

Il faut que la croissance soit terminée pour que l’on puisse juger du succès de l’interventi­on sur le long terme. Cependant, la correction est déjà bien visible juste après l’opération, à la fois sur l’aspect physique et sur la radiograph­ie. Toutefois, la courbure va s’accentuer dans les semaines qui suivent. Cela peut être déroutant pour le patient (que l’on prévient) mais c’est tout à fait normal : c’est le temps que la croissance des vertèbres reparte dans le bon sens. Pour bien comprendre, notre première patiente est passée de ° de déformatio­n à ° sur la table d’opération. Mais dans les jours qui ont suivi, elle était de ° et actuelleme­nt de °. Ce n’est pas inquiétant car il faut attendre qu’elle grandisse. Rapidement, le rachis retrouvera un axe correct. Il est possible qu’une légère courbure subsiste à la fin de la croissance mais cela ne pose aucun problème ; d’ailleurs beaucoup d’adultes présentent une légère scoliose sans que cela ne les gêne – parfois même ils ignorent en avoir une.

Cette technique signe-t-elle la fin du corset ?

Non, il n’est pas question de l’utiliser pour les scolioses modérées (entre ° et °), pour lesquelles le corset est très efficace.

 ??  ?? Avant l’arrivée de la modulation de croissance, l’un des traitement­s consistait à immobilise­r les vertèbres. Désormais, il s’agit de les remettre dans le bon axe et de laisser ensuite la croissance reprendre dans le bon axe en gardant la souplesse. A droite, le Dr Federico Solla utilise cette nouvelle technique depuis quelques mois. (Photos DR et Ax.T.)
Avant l’arrivée de la modulation de croissance, l’un des traitement­s consistait à immobilise­r les vertèbres. Désormais, il s’agit de les remettre dans le bon axe et de laisser ensuite la croissance reprendre dans le bon axe en gardant la souplesse. A droite, le Dr Federico Solla utilise cette nouvelle technique depuis quelques mois. (Photos DR et Ax.T.)
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