Le virus associatif plus fort que la Covid- ?
Au Salon Viva associations, (plus d’une centaine de stands hier au Palais des Festivals), rencontre avec ces bénévoles et employés qui doivent s’adapter aux contraintes sanitaires
Difficile de respecter les gestes barrières quand l’objet même d’une association est de relier ses adhérents entre eux. Parfois au sens propre... et physique, pour les sports de combat !
« Un protocole a été mis en place par la Fédération, avec désinfection régulière des tatamis, port du masque obligatoire avant de monter sur le tapis et pour l’enseignant, même si c’est étouffant. Mais la fermeture des vestiaires ne nous facilite pas forcément la tâche », constate Patrick De Menech, directeur technique de Cannes Mougins Judo. Un bilan sera tiré à la fin du mois, mais nombre de judokas ont déjà renfilé le kimono !
Pareil à l’ESFK (Self-Défense Krav Maga), où « l’on a paradoxalement fait une de nos meilleures rentrées » , se réjouit Martin, instructeur, même si là aussi, l’habillage de la tenue doit se faire au compte-gouttes. En revanche, il est un sport qui se frotte les gants : l’escrime, avec son masque et ses combinaisons, dit presque merci à la Covid-19.
« C’est vrai que notre discipline est parfaitement adaptée, même si cette année, le prêt de matériel sera nominatif à l’année, et les appareils électroniques désinfectés », confirme Guillaume Chartier, secrétaire général. Ça n’empêche pas le Cercle de monter une nouvelle section « sabre laser » et d’espérer plus de licenciés, puisque la Fédération surfe habilement sur le contexte avec son affiche promotionnelle : Change de masque !
Airs de plein air
Pour la chorale protestante Joyful Gospel en revanche, impossible de chanter avec un masque ! Mais comment éviter les postillons qui vont de pair avec la partition ? Par le chant de plein air, à tous les sens du terme !
« On ne peut plus répéter dans l’église protestante du Riou, trop exiguë, alors pour se distancier, on répète le mardi soir sur le ponton maritime qui fait face au kiosque 37, confient Carole et Olivier. On a aussi déposé un dossier pour obtenir salle polyvalente de 200 m2 à la Bocca ». Histoire d’ouvrir bien grande la leur.
Pour Benjamin Dupetit, le problème se pose de façon inverse. Ses cours d’improvisation théâtrale ne font pas appel aux textes existants, mais bien plutôt à l’expression des corps.
« Après le déconfinement, j’ai organisé une seule séance où l’on était peu nombreux, et où je me suis servi du masque comme d’un thème à travailler. Mais pour jouer en gardant ses distances, ça va être plus compliqué car c’est par le toucher et la proximité qu’on crée quelque chose, souligne le prof de l’atelier du Théâtre.
On va devoir réfléchir à une nouvelle méthode, bosser davantage sur l’élocution ». Même souci pour Magali de l’Amoriello, dont l’école Absolute danse, du classique au cabaret, doit concilier exigence esthétique et obligations pratiques. Sans s’essouffler sous le rempart textile. « Nous n’avons pas de protocole particulier, et je vais voir avec mes élèves comment elles souhaitent évoluer. J’envisage de réviser toutes mes chorégraphies afin qu’elles puissent danser sans trop de proximité. Mais ça reste très compliqué ».
La Covid-19 s’avère aussi casse-tête pour des associations qui ont une utilité quasi-vitale. « Pendant le confinement, nous ne pouvions même plus remplir nos fonctions car les visites étaient interdites à domicile, voir dans certains Ehpad. Aujourd’hui, certaines personnes âgées ont tellement peur de tomber malades qu’elles refusent encore toute visite », se désolent Lucile et Nicole, au stand des Petits frères des pauvres. Pour rompre l’isolement de certains aînés, ces bénévoles s’efforcent de les rassurer, mais ce n’est pas toujours évident quand on porte un masque !
À Repair Café, c’est le recrutement de ses intervenants qui est perturbé, « car beaucoup de nos réparateurs sont des retraités, qui hésitent désormais à s’exposer » .Et pourtant, Dieu sait s’il ne manque pas d’électroménager ou d’appareils informatiques, auquel il faut redonner une seconde vie. Quant à Basile Ngangue Ebelle, il sait bien qu’il devra sans doute faire une croix sur les Américains et Africains. Mais son 17e Festival du Film Panafricain (reporté d’avril) aura bien lieu du 23 au 28 octobre, à Miramar. Même masqué.