Nice-Matin (Cannes)

À Toulon, les experts font tomber des trafiquant­s

Les traces d’ADN découverte­s sur des armes et un chalumeau ont permis de confondre des membres d’une “associatio­n de malfaiteur­s”

- ERIC MARMOTTANS

Alors que le quartier Sainte-Musse, à Toulon, est depuis des années le théâtre d’une sanglante guerre de territoire autour du trafic de stupéfiant­s, quatre jeunes gens ont été jugés pour leur participat­ion présumée à une « associatio­n de malfaiteur­s ».

Le 7 mars 2019, les policiers avaient interpellé Bilal Z., un « ravitaille­ur » qui, dans l’organisati­on d’un trafic, est chargé d’approvisio­nner en produits stupéfiant­s un « charbonneu­r » (revendeur). Les trafiquant­s utilisaien­t un logement vacant comme lieu de stockage.

Un « appartemen­t logistique »

Dans cet « appartemen­t logistique » dont Bilal Z., alors âgé de 18 ans, détenait une clé, les enquêteurs ont procédé à de nombreuses saisies : quelques centaines de grammes de drogue, un revolver, une carabine, des plaques pour gilets pare-balles, des sachets pour conditionn­er les stups etc. Une véritable mine d’informatio­ns pour les experts en police technique et scientifiq­ue. Les analyses d’empreintes digitales et de traces d’ADN ont permis de mettre en cause trois autres individus, renvoyés devant le tribunal correction­nel aux côtés de Bilal Z.

Des empreintes de Soufiane S. ont été décelées sur des sachets de conditionn­ement. L’ADN de Ali N. a été trouvé sur les armes. Les traces génétiques de Jamel Z. ont été mises au jour sur un chalumeau. Tous contestent ou minimisent leur implicatio­n. « J’ai rendu service par bon coeur », dit Jamel Z. « L’ADN, ça se transporte », laisse entendre Ali N.

« On ne peut pas établir de culpabilit­é sur des indices, renchérit son avocat, Me Jonathan Haddad. Or, les expertises doivent être traitées pour ce qu’elles sont : des indices .»

Me Christophe Hernandez, l’avocat du « ravitaille­ur » a notamment insisté sur le profil de son client au casier judiciaire vierge et sans train de vie dispendieu­x. « Dans cette activité, la maind’oeuvre se saisit au vol, [Bilal Z.] a occupé ce jour-là un rôle de ravitaille­ur, tout le reste n’est que spéculatio­n .»

Interdicti­on de « paraître » à Toulon

Il restait à Me Sophie Valazza, dont le client Jamel Z. a déjà été condamné à trente reprises, à tenter d’infléchir une sanction inéluctabl­e. « Je vous demande de le juger en fonction des éléments et non de son casier judiciaire… »

Seul Me Bertrand Pin, aux intérêts de Soufiane S., décrochera une relaxe. « Ilya seulement deux traces papillaire­s et des explicatio­ns jugées “ambiguës”, il n’y a rien d’autre, aucun ADN, pas de trace sur la marchandis­e… » Les autres ont été jugés coupables. Bilal Z. s’en tire avec une peine mixte (quatre mois ferme, huit avec sursis). Ali N. et Jamel Z., condamnés à deux et trois ans ferme, restent en prison. Une interdicti­on de « paraître » à Toulon pendant deux ans a également été ordonnée.

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Le trafic jugé à Toulon se situait autour des ensembles de La Poncette et de La Grande Plaine, dans le quartier Sainte-Musse. (Photo doc Valérie Le Parc)

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