À Toulon, les experts font tomber des trafiquants
Les traces d’ADN découvertes sur des armes et un chalumeau ont permis de confondre des membres d’une “association de malfaiteurs”
Alors que le quartier Sainte-Musse, à Toulon, est depuis des années le théâtre d’une sanglante guerre de territoire autour du trafic de stupéfiants, quatre jeunes gens ont été jugés pour leur participation présumée à une « association de malfaiteurs ».
Le 7 mars 2019, les policiers avaient interpellé Bilal Z., un « ravitailleur » qui, dans l’organisation d’un trafic, est chargé d’approvisionner en produits stupéfiants un « charbonneur » (revendeur). Les trafiquants utilisaient un logement vacant comme lieu de stockage.
Un « appartement logistique »
Dans cet « appartement logistique » dont Bilal Z., alors âgé de 18 ans, détenait une clé, les enquêteurs ont procédé à de nombreuses saisies : quelques centaines de grammes de drogue, un revolver, une carabine, des plaques pour gilets pare-balles, des sachets pour conditionner les stups etc. Une véritable mine d’informations pour les experts en police technique et scientifique. Les analyses d’empreintes digitales et de traces d’ADN ont permis de mettre en cause trois autres individus, renvoyés devant le tribunal correctionnel aux côtés de Bilal Z.
Des empreintes de Soufiane S. ont été décelées sur des sachets de conditionnement. L’ADN de Ali N. a été trouvé sur les armes. Les traces génétiques de Jamel Z. ont été mises au jour sur un chalumeau. Tous contestent ou minimisent leur implication. « J’ai rendu service par bon coeur », dit Jamel Z. « L’ADN, ça se transporte », laisse entendre Ali N.
« On ne peut pas établir de culpabilité sur des indices, renchérit son avocat, Me Jonathan Haddad. Or, les expertises doivent être traitées pour ce qu’elles sont : des indices .»
Me Christophe Hernandez, l’avocat du « ravitailleur » a notamment insisté sur le profil de son client au casier judiciaire vierge et sans train de vie dispendieux. « Dans cette activité, la maind’oeuvre se saisit au vol, [Bilal Z.] a occupé ce jour-là un rôle de ravitailleur, tout le reste n’est que spéculation .»
Interdiction de « paraître » à Toulon
Il restait à Me Sophie Valazza, dont le client Jamel Z. a déjà été condamné à trente reprises, à tenter d’infléchir une sanction inéluctable. « Je vous demande de le juger en fonction des éléments et non de son casier judiciaire… »
Seul Me Bertrand Pin, aux intérêts de Soufiane S., décrochera une relaxe. « Ilya seulement deux traces papillaires et des explications jugées “ambiguës”, il n’y a rien d’autre, aucun ADN, pas de trace sur la marchandise… » Les autres ont été jugés coupables. Bilal Z. s’en tire avec une peine mixte (quatre mois ferme, huit avec sursis). Ali N. et Jamel Z., condamnés à deux et trois ans ferme, restent en prison. Une interdiction de « paraître » à Toulon pendant deux ans a également été ordonnée.