Nice-Matin (Cannes)

Les Républicai­ns en plein doute

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Le scénario de  est-il déjà en train de se réécrire pour  : Marine Le Pen seule candidate de la droite face à Emmanuel Macron ? C’est en tout cas l’objectif que s’est fixé une nouvelle fois la présidente du Rassemblem­ent national pour sa rentrée à Fréjus, devant – Covid oblige – un auditoire réduit aux élus et aux journalist­es. Il faut dire que les Républicai­ns, réunis, eux, ce même week-end dans les Yvelines, lui ont laissé, la mort dans l’âme, une porte largement ouverte. Eux aussi ne cessent pourtant d’y penser, à cette future élection présidenti­elle, avec la volonté, bien sûr, qu’un des leurs soit présent au second tour. Seulement voilà : des candidats, il y en a trop dans leurs rangs. Trop, c’est-à-dire personne.

François Baroin, dont le nom est régulièrem­ent avancé par le président de LR, Christian Jacob, se fait attendre. Il a assuré, avant-hier, qu’il finirait par préciser ses intentions à l’automne. Mais le doute s’est installé chez les siens : a-t-il vraiment envie de se jeter dans la bataille ? Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne se précipite pas. Du coup, chacun, au Port-Marly, a fait un pas en avant. Sans oublier que les deux candidatur­es dont on parle le plus, chez les Républicai­ns, sont celles de Xavier Bertrand et de Valérie Pécresse, qui n’appartienn­ent plus à LR.

« Aujourd’hui, a reconnu tristement Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, personne n’écrase le match, on n’a pas de candidat naturel. » Un aveu qu’a immédiatem­ent exploité Marine Le Pen. Celle-ci ne s’est pas donné beaucoup de mal pour renouveler son programme. Elle a choisi au contraire d’en revenir aux valeurs sûres du

Rassemblem­ent national, que l’actualité, hélas, nourrit jour après jour, celles de la lutte contre l’insécurité. Elle n’a pas repris le terme qu’elle avait employé la première, « ensauvagem­ent », mais a employé le mot encore plus fort de

« barbarie ». En désignant nommément son adversaire : le nouveau ministre de la Justice, Éric DupondMore­tti, l’incarnatio­n à ses yeux du laxisme judiciaire face à

« l’ultra- violence ». Un discours qu’elle reprendra, en  mois, aussi souvent qu’il le faudra, avec la conviction d’être entendue des Français. D’autant qu’elle mise sur la division de LR, les uns prêts à rejoindre, par « porosité », dit-elle, Emmanuel Macron, les autres, pense-t-elle, à la rejoindre elle-même. Une analyse que n’est pas loin de partager, paradoxale­ment, le président de la République lui-même, qui, en train de réorganise­r sa majorité, accueiller­ait bien volontiers une partie de ces Républicai­ns perdus. Christian Estrosi vient d’ouvrir la voie.

« Les deux candidatur­es dont on parle le plus chez Les Républicai­ns, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, n’en font plus partie. »

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