Les Républicains en plein doute
Le scénario de est-il déjà en train de se réécrire pour : Marine Le Pen seule candidate de la droite face à Emmanuel Macron ? C’est en tout cas l’objectif que s’est fixé une nouvelle fois la présidente du Rassemblement national pour sa rentrée à Fréjus, devant – Covid oblige – un auditoire réduit aux élus et aux journalistes. Il faut dire que les Républicains, réunis, eux, ce même week-end dans les Yvelines, lui ont laissé, la mort dans l’âme, une porte largement ouverte. Eux aussi ne cessent pourtant d’y penser, à cette future élection présidentielle, avec la volonté, bien sûr, qu’un des leurs soit présent au second tour. Seulement voilà : des candidats, il y en a trop dans leurs rangs. Trop, c’est-à-dire personne.
François Baroin, dont le nom est régulièrement avancé par le président de LR, Christian Jacob, se fait attendre. Il a assuré, avant-hier, qu’il finirait par préciser ses intentions à l’automne. Mais le doute s’est installé chez les siens : a-t-il vraiment envie de se jeter dans la bataille ? Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne se précipite pas. Du coup, chacun, au Port-Marly, a fait un pas en avant. Sans oublier que les deux candidatures dont on parle le plus, chez les Républicains, sont celles de Xavier Bertrand et de Valérie Pécresse, qui n’appartiennent plus à LR.
« Aujourd’hui, a reconnu tristement Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, personne n’écrase le match, on n’a pas de candidat naturel. » Un aveu qu’a immédiatement exploité Marine Le Pen. Celle-ci ne s’est pas donné beaucoup de mal pour renouveler son programme. Elle a choisi au contraire d’en revenir aux valeurs sûres du
Rassemblement national, que l’actualité, hélas, nourrit jour après jour, celles de la lutte contre l’insécurité. Elle n’a pas repris le terme qu’elle avait employé la première, « ensauvagement », mais a employé le mot encore plus fort de
« barbarie ». En désignant nommément son adversaire : le nouveau ministre de la Justice, Éric DupondMoretti, l’incarnation à ses yeux du laxisme judiciaire face à
« l’ultra- violence ». Un discours qu’elle reprendra, en mois, aussi souvent qu’il le faudra, avec la conviction d’être entendue des Français. D’autant qu’elle mise sur la division de LR, les uns prêts à rejoindre, par « porosité », dit-elle, Emmanuel Macron, les autres, pense-t-elle, à la rejoindre elle-même. Une analyse que n’est pas loin de partager, paradoxalement, le président de la République lui-même, qui, en train de réorganiser sa majorité, accueillerait bien volontiers une partie de ces Républicains perdus. Christian Estrosi vient d’ouvrir la voie.
« Les deux candidatures dont on parle le plus chez Les Républicains, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, n’en font plus partie. »