En Italie, précautions maximales pour la rentrée scolaire
Les premiers établissements rouvriront le 14 septembre après être restés fermés plus de six mois
En Italie, tous les projecteurs sont braqués sur une école, celle de Vo’ (Vénétie), l’une des premières villes à avoir été classées en zone rouge pendant la crise sanitaire. C’est là que le président de la République, Sergio Mattarella, inaugurera la rentrée scolaire le 14 septembre. Une rentrée très attendue après la fermeture des écoles le 5 mars dernier. Grande scène pour recevoir le Président, places limitées pour les élèves et professeurs, matériel de cours postCovid livré à temps : à Vo’, les autorités ont mis les bouchées doubles.
« Jusqu’au dernier moment, on s’est demandé si les écoles allaient reprendre », commente pourtant Fausta, maman romaine d’une petite Camilla. Le calendrier scolaire est en effet établi par les régions : le premier jour de classe aura ainsi lieu le 16 septembre dans le Frioul, mais le 24 dans les Pouilles. À Vintimille et dans toute la Ligurie, le président de la région, Giovanni Toti, a confirmé la date du 14 septembre. « Enfin la réouverture ! », titrait ainsi en début de semaine le journal local Il Corriere del Veneto, avant d’égrener les nouvelles règles sanitaires édictées par le ministère de l’Education. Un document qui a fait l’objet d’âpres discussions. En voici les principaux points.
● Deux millions de bancs spéciaux
Les élèves devront être assis à un mètre les uns des autres. Pour ce faire, deux millions et demi de bancs monoplaces ont été commandés. Ils seront prioritairement destinés aux élèves de 6 ans et plus. Sans ces bancs, ces derniers devront être masqués. Dix entreprises ont été mobilisées pour les produire, mais les livraisons sont loin d’être toutes effectives. Si à Vò, par exemple, tout est là, d’autres communes ont menacé de ne pas ouvrir leurs portes pour cause de retard dans les livraisons.
● Activités en petits groupes
En Vénétie, certains établissements n’ont pas hésité à convertir des préfabriqués destinés aux victimes de tremblement de terre en salles de classe afin d’éviter la concentration des élèves. Pour les plus petits, le gouvernement encourage une pédagogie en petits groupes, afin de limiter au maximum les cas contacts. Mais nombreux sont les directeurs d’établissements à souligner le manque de personnel. « L’école va reprendre avec au moins 200 000 précaires », commentait le journal Il Manifesto. Même si l’Europe a demandé qu’un tiers d’entre eux soient titularisés, l’Italie peine à clore cet épineux dossier.
● Masques et gel distribués en masse
Outre les bancs, 11 millions de masques seront distribués chaque jour dans les écoles, et l’État prévoit de livrer 170 000 litres de gel hydroalcoolique par semaine, avec distributeurs à l’entrée des établissements et dans chaque salle de classe.
● Tests obligatoires pour les enseignants
De leur côté, les enseignants doivent tous se faire tester avant la rentrée. Et dans chaque établissement, l’un d’eux sera nommé « référent » : à lui de gérer les potentiels cas de Covid. Si, par exemple, un élève présente des symptômes, au référent de l’isoler des autres étudiants et de le prendre en charge le temps que ses parents viennent le chercher. Il sera aussi chargé de contrôler la véracité des raisons des absences, ainsi que les potentielles fraudes à la sécurité sociale italienne. Enfin, si un enseignant tombe malade, l’établissement doit le remplacer sous trois jours.
● Prise de température quotidienne des élèves
Chaque élève devra mesurer sa température avant de se rendre en cours. «Ilenva de la responsabilité des parents », a averti le ministère. Un petit manuel a été distribué dans les journaux expliquant les consignes à observer. Des symptômes mais pas de fièvre ? L’enfant doit rester à la maison et laisser passer trois jours avant de revenir en cours. Objectif : « Éviter qu’[ils] prennent les transports avec de la fièvre, [et] que les écoles prennent en charge des élèves potentiellement malades alors que le personnel manque », explique le Corriere della Sera.
Dans la pratique, l’ensemble de ces mesures peine encore à se mettre en place. « 1,2 milliard d’euros ont été mis dans l’école, constatait une représentante syndicale lors d’une manifestation à Rome en juin dernier. Mais c’est de l’argent qui aurait dû être injecté depuis longtemps ; ce n’est pas nouveau que l’école italienne a besoin de fonds. » Une manifestation des enseignants est déjà prévue le 26 septembre.