Nice-Matin (Cannes)

«Onest attendu de pied ferme »

Pionnière de la création Canal Plus en 2005, Engrenages revient pour une huitième et dernière saison dans laquelle Tewfik Jallab mène la danse.

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

Jusqu’ici, on avait surtout croisé le visage de Tewfik Jallab au cinéma, que ce soit dans des films nerveux (Le Convoi, Paradise Beach) ou d’auteurs (Né quelque part, La marche, Ce qui nous lie) mais également au théâtre. Et puis le natif d’Argenteuil s’est fait choper par la patrouille d’Engrenages, la « série préférée des flics » qui brille sur les écrans de Canal Plus depuis 2005. C’est donc sous les traits d’Ali Amrani que Tewfik Jallab a emboîté le pas des cadres de la série événement de la chaîne cryptée qui, ce soir, débute sa huitième et dernière saison. Désormais bras droit de Laure, Ali digère mal les conséquenc­es de la chute de Gilou (Thierry Godard) en fin de saison 7. Les dérapages de ses collègues et le fiasco qui en a découlé le placardise­nt lui et tout le groupe. Ali assume son ambition et vit comme une injustice le fait de payer pour les erreurs de ses aînés. Le patron de la PJ s’intéresse à son profil. Au moment où il devient père, il est tenté de privilégie­r son avenir

‘‘ personnel et sa carrière. Pour autant, l’enquête sur la mort du jeune migrant marocain l’interpelle intimement. Il va prendre des risques pour aller au bout et découvrir à cette occasion que la solidarité du groupe est une valeur essentiell­e de la police. C’est donc un personnage avec plus d’épaisseur, plus de doutes, plus de vices que l’on retrouve pour cette saison finale. Une saison pour prendre la mesure de la série, une deuxième pour s’émanciper et devenir, au fil des épisodes, un personnage central de la série, Tewfik Jallab est dans la place. Au téléphone, un homme impatient d’en découdre avec les audiences, heureux et surtout fier de participer à la conclusion d’une telle série. Quitte à y revenir, plus tard, au coeur d’un spin-off ? C’est possible. La plèbe, elle, ne demande que ça. Car au-dessus d’Engrenages, c’est le soleil...

Peut-on jouer dans une série à succès et ne pas être accro aux séries ?

(Rires) Oui, c’était mon cas avant de jouer dans Engrenages d’ailleurs. Je n’avais jamais réussi à me lancer dans une série, c’était un concept qui m’était vraiment étranger. Je ne sais pas si c’était une manière de me protéger d’une drogue dure car il paraît que ça rend accro mais j’avais ce côté vierge de celui qui n’a encore rien vu. Des gens de mon entourage envient ce postulat, on me dit souvent « Comment, tu n’as jamais vu Game of Thrones ??!! » .Non (rires). Mais pendant le confinemen­t j’ai craqué et j’ai découvert Vikings, Succession, des séries qui ne devraient pas me parler mais je me suis fait happer. Voilà, je suis dedans (rires).

Du coup, pourquoi avoir accepté de vous lancer dans Engrenages ?

Je connaissai­s l’exigence de Canal Plus, le niveau de jeu, de réalisatio­n. Et puis c’est la série préférée de ma mère (rires). Sachant qu’elle a un oeil critique fatal, je savais que je faisais le bon choix en me lançant dans l’aventure.

Et puis vous voilà sous les traits d’Ali, un flic.

Jouer un flic quand on est acteur, c’est un peu le passage obligé. Ce sont des rôles complexes, surtout aujourd’hui avec le tirailleme­nt au sein de la profession. Quelque part, je suis celui qui dénonce leurs conditions de travail, le manque de moyens, la précarité de leur vie personnell­e.

La série Engrenages est connue pour son sens du détail, comment cela se concrétise sur le tournage ?

Comme pour chaque rôle, j’ai rencontré des profession­nels pour m’imprégner. Je me suis documenté sur le métier de policier, j’ai observé. Et puis on a constammen­t un conseiller technique sur le plateau qui nous fait des retours quotidiens sur la façon de se déplacer, de s’approprier le commissari­at, les lieux, les techniques, des gens. Tout est pointu.

Avez-vous des points communs avec votre personnage ?

Pas tellement puisqu’il a un côté premier de la classe alors que je suis très mauvais élève. J’ai du mal avec l’autorité, je suis moins doux dans mon quotidien, moins patient. Mais j’ai beaucoup aimé le travail d’écriture des auteurs qui ont fait évoluer ce personnage dans cette huitième saison. C’est toujours chiant d’interpréte­r quelqu’un de parfait, là, on lui découvre des vices, des doutes. On a essayé de le rendre moins propre, plus ambitieux.

Jouer un flic, quand on est acteur, c’est un passage obligé.”

Aviez-vous conscience de la popularité de la série en rejoignant l’équipe durant la septième saison ?

J’avais une autre forme de pression. Les historique­s avaient la pression que ça marche en , moi, je ne voulais pas les décevoir. Je voulais que tout le monde soit fier et c’est pourquoi j’ai donné le meilleur de moi-même car c’est exigeant. Une saison c’est sept mois de tournage, la moitié de nuit, jusqu’à  heures par jour. On termine lessivé...

Quel était votre état d’esprit au moment du tournage en sachant que c’est la dernière ?

La saison sept devait être la dernière quand j’ai signé. Cette huitième saison, au final, c’est du bonus. Et puis je voulais savoir ce que ça fait de jouer dans une série. On a aussi évoqué l’idée d’un spin-off (série dérivée) sur la série dans laquelle on pourrait évoquer des problémati­ques actuelles de la police comme le racisme, le fossé qui se creuse avec la population, les effectifs réduits, etc.

Vous voilà addict aux séries, ça y est...

Ouais, j’ai envie de replonger car c’est assez addictif. Mais pour rejouer dans une série, il faut que le projet soit quelque chose d’exceptionn­el car je viens de toucher au gratin. C’est presque un cadeau empoisonné de commencer avec Engrenages (rires).

Sentez-vous de l’attente autour de cette huitième saison ?

Oui, on est attendu de pied ferme. Il y a une grosse excitation, je le sens, je le vois. J’ai surtout peur de décevoir ma mère, c’est elle qui va décider de ma santé mentale des prochaines semaines (rires).

Engrenages. Huitième saison, dix épisodes (deux épisodes tous les lundis), à partir de 20 h 45, ce soir, sur Canal Plus.

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