« L’état d’esprit est combatif »
Alain Gargani, président de la CPME Sud Paca, qui représente 70 000 TPE-PME de la région, a fait le point jeudi de la situation économique. « Certains ne passeront pas le cap »
Selon une enquête réalisée par la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) Sud Paca auprès de ses adhérents et rapportée par Alain Gargani, son président : « Après le confinement, 52 % des entreprises étaient déjà en situation difficile. Aujourd'hui, 25 % d’entre elles estiment qu’elles ne passeront pas le cap. » Mesures sanitaires, recours au télétravail, chômage partiel, état d'esprit et attentes des entrepreneurs... La CPME SudPaca, qui représente 70 000 entrepreneurs dans la région, a dressé jeudi matin, quelques heures avant l'annonce du plan #FranceRelance du Premier ministre, un état des lieux de la situation économique régionale pour les TPE-PME. Et ce, en présence de représentants de la fédération régionale de l'habillement et du groupement national des indépendants (GNI) de la restauration. Voici ce qu'il fallait retenir.
Mesures sanitaires coûteuses
Les mesures sanitaires (distribution de gel et de masques, barrières et dispositifs de distanciation...), respectées par l'ensemble de ces professionnels, représentent une charge supplémentaire pour les entreprises déjà en difficulté. « Il serait bon qu'il y ait des soutiens financiers de la part du Gouvernement », a souligné Alain Gargani.
Mieux encadrer le télétravail
« Le télétravail est un outil pour continuer à travailler mais il y a des pour et des contre. Aujourd'hui il faut qu'on le régule, qu'on définisse un cadre avec les partenaires sociaux pour écrire une feuille de route sur le sujet. » Concernant le plan de relance du Gouvernement, si les différentes mesures (prêt garanti par l'Etat, chômage partiel, report de charges) « ont donné de l'oxygène », les dirigeants craignent le mois de mars 2021, au moment du remboursement du prêt. « Nous demandons au Gouvernement de prévoir cette sortie-là en transformant le
PGE en fonds propres, sur dix ou vingt ans, pour le rembourser et permettre de souffler quelque temps, avec un taux donné maintenant et pas en mars. » Alain Gargani réclame ainsi « une visibilité de ce remboursement et des annulations de dettes pour certains secteurs. Il faut que ce soit clair et précis ».
Poursuivre le chômage partiel
La CPME Sud Paca espère aussi que le chômage partiel se poursuivra jusqu'en décembre, voire janvier 2021 car, après « la frénésie nationale » que cette annonce a créée, « aujourd'hui ça rechute ».
Selon Alain Gargani, « l'état d'esprit des entrepreneurs reste, malgré tout, positif et combatif ». Certaines entreprises ont su se réinventer, être agiles. « Nous tenons la barque, nous sommes fidèles au poste. Nous voulons éviter la casse des entreprises et des licenciements. Il y a eu une énorme dynamique. » Pour autant l'inquiétude est là.
« La digitalisation ne suffira pas »
A la fédération nationale de l'habillement, qui compte 5 000 commerces en Région Sud, on estime que : « A Noël, nous aurons perdu 20 % de nos commerces. Or 5 000 commerces, ça représente 15 000 emplois. »
Sa représentante Caroline Baron a aussi calculé ce que coûtent les mesures sanitaires à ces petits commerces : « Environ 1 000 euros par mois pour une TPE de 5 salariés, soit 12 000 euros par an, ce qui représente un jeune qui rentre à l'emploi. » Sa principale crainte ? « Si le télétravail est maintenu à 100 %, nous sommes tous morts. Il n'y aura plus personne ni dans la rue, ni dans les restaurants. La digitalisation de nos métiers ne suffira pas. »
Même inquiétude pour Christiane Thibault, vice-présidente du GNI en région Paca. Dans la restauration, « 20à 25 % des entreprises de la région vont avoir du mal à se relever » selon elle. Et de préconiser un étalement des prêts et des reports de charges alors qu'aucun décret n'est encore paru.
A noter que le 22 septembre prochain, la CPME Sud Paca présentera son projet de constituer une commission régionale « qui s’adossera aux tribunaux de commerce pour accompagner les chefs d’entreprise en difficulté avant qu’ils n’arrivent dans le mur », dixit Alain Gargani.