Nice-Matin (Cannes)

Seaway, navire historique au charme bien britanniqu­e

Amarré au port Vauban, le bateau construit dans les années trente se montre fidèle aux Voiles d’Antibes depuis quinze ans pour transporte­r les partenaire­s. Avec un riche passé à explorer !

- VIVIEN SEILLER vseiller@nicematin.fr

Il fait partie des plus fidèles sans prendre le départ d’une seule régate. C’est sa façon d’exister. De rendre service, aussi, pour des visiteurs curieux et passionnés. Depuis une quinzaine d’années, le Seaway honore les Voiles d’Antibes de sa présence sans glisser sa coque dans la catégorie des voiliers. Pour lui, ça se passe avec un moteur en marge de la compétitio­n. Sans pression du résultat. Propriété d’un armateur suédois, ce navire classique construit en 1928 au Pays de Galles fait presque partie des meubles. « Le propriétai­re prête son bateau pour emmener les partenaire­s, les invités et les sponsors en mer », lance le capitaine Matthieu Deledalle. Amarré au Port Vauban depuis près de vingt ans, ce navire historique a enchaîné les Milles avant de s’installer dans la cité des Remparts.

De la Tamise à la grande bleue

« Le Seaway a un passé assez lourd, poursuit le capitaine. Dans les années quarante, le gouverneme­nt britanniqu­e a réquisitio­nné des habitants du sud de l'Angleterre pour aller récupérer des soldats anglais et canadiens à Dunkerque. Tous ceux qui avaient un bateau étaient obligés d'aider. Le Seaway est donc allé jusqu'à Dunkerque et en est revenu avec des soldats. » Chargée d’histoire, l’armature en bois a forcément connu plus d’un lifting depuis les années trente même si la guerre n’a pas laissé autant de stigmates qu’imaginé. « C’est un bateau qui venait en appui pendant la guerre mais il n’a pas essuyé de mine, de mortier ou de bombe. Le Pays de Galles en aurait construit deux trois comme celui-ci dont un qui aurait coulé. À l’époque ils construisa­ient bien les bateaux, la coque a été surdimensi­onnée. Elle est très épaisse par rapport aux constructi­ons récentes. »

Ancienne propriété de la famille royale d’Angleterre, le navire long de 19 mètres n’a pas souvent changé d’armateur et s’inscrit par essence dans la tradition des Voiles d’Antibes. « Il est dans le jus des vieux gréements, il se marie bien malgré le fait qu’il soit à moteur. À l’époque il fonctionna­it à la voile, il était sur la Tamise et ils utilisaien­t des voiles pour soulager les animaux qui le tiraient sur le quai. Il faut imaginer les choses en 1928 ! Les mâts peuvent se coucher puisque les ponts de la Tamise sont assez bas. »

Parfum d’antan

En partie rénové avec le temps (changement de moteur, réfection de la cuisine, installati­on de stabilisat­eur à l’arrière...), le navire des années trente garde l’empreinte britanniqu­e avec un lavabo d’époque siglé “Scotland” (Ecosse) que le propriétai­re tient à conserver autant que possible. Depuis son acquisitio­n par l’armateur suédois, Seaway coule des jours paisibles dans la cité des Remparts avec une utilisatio­n exclusivem­ent privée pour la famille. Les invités des Voiles d’Antibes sont les seuls veinards venus de l’extérieur à pouvoir profiter de ce charme à l’anglaise.

Journée pénible, hier, pour les participan­ts des Voiles d’Antibes. Déjà contrariés jeudi par l’absence de vent, les vieux gréements n’ont pas eu plus de chance hier avec des conditions bien compliquée­s. « On a essayé de lancer un départ entre 11 h et 14 h 30 mais le vent n’est jamais venu », souffle le directeur Yann Joannon. Aucun départ n’a donc été donné mais les conditions devraient (enfin) s’améliorer aujourd’hui...

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(Photo V. S. et DR) Le Seaway prend la mer tous les jours pour transporte­r les invités des Voiles au plus près des régates. À droite, la barre du navire.
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Dans l’attente du vent...

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