Enquête sur la « taupe » de Sarkozy : le PNF visé
Trois magistrats du parquet national financier (PNF) dans le viseur d’Éric Dupond-Moretti : malgré un rapport qui a largement dédouané le PNF pour ses investigations sur la « taupe » de Nicolas Sarkozy dans l’affaire des « écoutes », le garde des Sceaux a lancé hier une enquête administrative, s’attirant les foudres des magistrats.
Confiée à l’inspection générale de la justice (IGJ), elle vise les deux magistrats qui étaient chargés du dossier et leur responsable hiérarchique, l’ancienne cheffe du PNF, Eliane Houlette. Cela constitue « une attaque inédite » de l’institution judiciaire et une « tentative de déstabilisation » du PNF, se sont insurgés dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron les deux principaux syndicats de magistrats, en demandant son intervention. La Chancellerie ouvre cette enquête car elle estime que le rapport de l’IGJ montrait que « des faits relevés seraient susceptibles d’être regardés comme des manquements au devoir de diligence, de rigueur professionnelle et de loyauté ».
Le PNF avait été mis en cause pour avoir épluché les relevés téléphoniques détaillés (« fadettes ») de ténors du barreau – dont Éric DupondMoretti, depuis devenu garde des Sceaux – pour identifier qui aurait pu informer l’ancien président et son avocat Thierry Herzog qu’ils étaient sur écoute, dans une affaire de corruption. L’émoi suscité par cette affaire avait poussé l’ex-ministre de la Justice Nicole Belloubet à demander un rapport à l’IGJ.
« Méthodes de barbouze »
M. Dupond-Moretti, encore avocat, s’était alors emporté contre des « méthodes de barbouzes » et avait déposé une plainte notamment pour « atteinte à la vie privée », avant de la retirer le soir de sa nomination comme garde des Sceaux en juillet.
Dans son rapport, l’Inspection a globalement dédouané le PNF, estimant que le cadre légal était respecté, tout en notant « un manque de rigueur » dans le traitement de la procédure et une « remontée hiérarchique de l’information lacunaire » ,auvudela sensibilité de cette affaire. Le jour de la remise de ce rapport, Éric Dupond-Moretti s’était montré particulièrement virulent à l’Assemblée. « On peut lire dans ce rapport un certain nombre de choses très intéressantes : le défaut de gouvernance [...] mais aussi un suivi interne distendu [...], un manque de rigueur dans le traitement de la procédure, une remontée de l’information lacunaire… Bref, peutêtre un certain nombre de dysfonctionnements. »