La taxe inondation va tomber sur l’agglo l’an prochain
Face aux intempéries majeures de ces dernières années, des investissements pour la prévention des inondations vont devoir être engagés. Pour les financer, une nouvelle taxe verra le jour en janvier 2021
Les événements climatiques et les inondations subis par le département, et en particulier dans le pays de Grasse en octobre 2015 et plus récemment en novembre et décembre 2019, ont laissé de lourdes traces dans les esprits. Afin de rendre possible un programme de travaux prioritaires, la communauté d’agglomération du Pays de Grasse (CAPG) a pris des dispositions pour instaurer le cadre de la taxe GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), qui sera perçu par l’intercommunalité à partir du 1er janvier 2021, afin de pouvoir engager et financer des travaux de sécurité.
« Quiconque a été un jour touché par des inondations ne sait plus entendre la pluie sans avoir le ventre qui tressaille, clame Florence Simon, maire de Pégomas et viceprésidente de la CAPG en charge de la GEMAPI et des risques majeurs. Plus qu’une obligation, c’est un devoir d’élu que nous portons. La volonté n’est pas de taxer, mais de financer ensemble ce qui doit être engagé. Nous devons avoir le courage de nous donner les moyens. Ce cadre se joue sur un échelon national puisque c’est la France entière qui délibère sur l’instauration de cette taxe. »
« Il faut arrêter de subir, a ajouté Jérôme Viaud, président de la CAPG. Pendant trop de temps, ces sujets n’ont pas été anticipés. Il faut sortir de ce risque pour la population par une démarche proactive. Des actes ont longtemps été attendus, nous allons les poser sur la table des délibérations. »
Si la CAPG n’a pas encore fixé le montant, il ne pourra pas dépasser le plafond de 40 euros par an et par habitant, prévu dans le cadre de la loi MAPTAM (Loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles). La délibération a été approuvée à l’unanimité de l’assemblée délibérante.
« Nous payons le bétonnage à outrance »
À l’unanimité, oui, mais pas sans une remarque du conseiller d’opposition Paul Euzière (groupe Gatea) qui avait en premier lieu exprimé son opposition. « Qui dit nouvelle taxe, dit nouvel impôt. La topographie, la fréquence accrue des épisodes orageux… tout cela est vrai, mais ne date pas d’aujourd’hui. Nous payons aujourd’hui le bétonnage à outrance, l’imperméabilisation des sols et la destruction progressive des espaces naturels depuis 50 ans. Et pour tenter de corriger l’absence d’anticipation et d’aménagements responsables, on essaie de conjurer les catastrophes à venir en essayant de rattraper des décennies de carence en imposant cette taxe. »
« Nous avons cet héritage de la bétonisation dont nous ne sommes pas responsables, mais dont nous avons la responsabilité aujourd’hui, a répondu Florence Simon. Je prends note de votre volonté de rester dans l’inaction. Notre territoire est l’un des plus meurtris de France dans ce domaine. Ce principe sera mis en place sur l’ensemble du territoire. Un principe de solidarité porté par des personnes dans d’autres endroits qui ne sont pas concernés par notre problème. Comment pourrions-nous dire à ces personnes : “Nous ne participons pas” ? »
« Je me souviens m’être opposé, en 2013, à un projet qui s’appelait “village des marques” situé à Pégomas. Projet qui a continué d’être porté par la municipalité de 2014 dont vous avez fait partie, a répliqué Paul Euzière. J’avais combattu ce projet, tout comme David Lisnard [ainsi que Jérôme Viaud, Ndlr] car 75 % se trouvait en zone inondable. »
« C’est un vote lourd de responsabilité, soit on agit, soit il ne passe rien et nous tournons la tête », a conclu Jérôme Viaud.