Nice-Matin (Cannes)

Tests : les kinés en renfort

Désormais, les kinés rejoignent la liste des profession­s habilitées à réaliser des prélèvemen­ts pour les tests PCR. Si cela va permettre de désengorge­r les labos, est-ce pour autant suffisant ?

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Chaque jour, lorsque Philippe se rend au travail, il passe devant un laboratoir­e à Cagnes-sur-Mer : « tous les matins, il y a une longue file d’attente. Je présume que ces gens doivent patienter longtemps avant de pouvoir faire leur test PCR – parce que j’imagine que c’est de cela dont il s’agit. Et cela se répète tout au long de la semaine, c’est fou ! » C’est justement pour limiter ces scènes quotidienn­es que le gouverneme­nt a choisi d’ajouter les masseurs-kinésithér­apeutes sur la liste des personnes habilitées à pratiquer des tests PCR sur laquelle figurent en toute logique les infirmiers(1).

Maurice Ramin, trésorier de l’URPS MKL (Union régionale des profession­nels de santé masseurs kinésithér­apeutes libéraux) Paca et représenta­nt du syndicat des Kinés 06, explique que « ce ne sont pas les kinés qui ont demandé à pouvoir les faire. Mais comme nous sommes une profession médicale, il nous est apparu normal de participer nous aussi à l’effort collectif. Attention, prévient le profession­nel, nous n’allons pas pratiquer des tests toute la journée, nous n’avons pas vocation à remplacer le personnel des labos, mais plutôt à les épauler. »

Dans notre région Paca par exemple, les marins-pompiers de Marseille ont également reçu cette compétence.

Manque de personnel dans les labos

Que les infirmiers, les kinés, etc., puissent participer en réalisant les prélèvemen­ts, est-ce que cela va vraiment régler le problème des files d’attentes devant les labos ? Car là est véritablem­ent la problémati­que. Les résultats pourront-ils être délivrés aux patients sous 24 heures ? Les laboratoir­es de la région expliquent euxmêmes qu’ils font face à de grosses difficulté­s liées à l’affluence. Pour procéder aux analyses, il faut du personnel. Or nombreux sont les employés de labos qui multiplien­t les heures supplément­aires pour tenter de rendre les bilans dans les temps. Parfois, c’est un problème d’approvisio­nnement en réactif qui vient gripper la machine.

Par voie de communiqué, le SNIIL (Syndicat national des infirmiers et infirmière­s libéraux) analyse ainsi la situation : « sur le terrain, le problème ne tient pas au nombre de préleveurs… mais bien d’un manque de directives nationales claires et, surtout, de concertati­on avec les profession­nels de santé. (...) La capacité d’analyse des laboratoir­es de biologie médicale est saturée, ce qui implique un rallongeme­nt des délais dans le rendu des résultats – une semaine dans certaines régions – et pose la question de l’intérêt réel à se faire tester.

L’union des URPS

Ayant ouvert les tests sans condition à toute la population au lieu de confier, par dérogation, leur prescripti­on à des profession­nels de santé de terrain tels les infirmière­s libérales, le ministère des Solidarité­s et de la Santé se trouve désormais totalement débordé… mais il n’en tire toujours aucune leçon, continuant de prendre des décisions sans écoute ni concertati­on. Pendant

ce temps, sur le terrain, les patients potentiell­ement positifs non-testés ou en attente de résultat continuent de contaminer la population… y compris les profession­nels de santé. »

De plus en plus de profession­nels de santé s’accordent à penser que rendre la prescripti­on médicale obligatoir­e pour se faire tester serait un premier pas pour remettre de l’ordre. Les Unions régionales des profession­nels de Santé Libéraux (URPS) de PACA ont d’ailleurs publié hier un communiqué dans ce sens. Cela aurait en outre l’avantage d’obliger les patients à consulter leur médecin. Celui-ci serait alors à même de les examiner et, le cas échéant de les rassurer. Reste à savoir si cela ne provoquera­it pas, cette fois, un embouteill­age dans les salles d’attente des cabinets médicaux... 1-En plus des biologiste­s médicaux et technicien­s de laboratoir­e, le prélèvemen­t naso-pharyngé pourra être réalisé, après formation, par : les infirmiers diplômés d’Etat, les étudiants en odontologi­e, en maïeutique et en pharmacie, les aides-soignants, les masseurs-kinésithér­apeutes, les sapeurs-pompiers, les marins-pompiers et les secouriste­s des associatio­ns agréées de sécurité civile.

Les infirmiers aussi

 ??  ?? Infirmiers, kinés, etc..., peuvent effectuer les prélèvemen­ts naso-pharyngés pour les tests PCR. Cela résoudra-t-il pour autant le problème d’engorgemen­t des labos ? (Photo d’illustrati­on Eric Ottino)
Infirmiers, kinés, etc..., peuvent effectuer les prélèvemen­ts naso-pharyngés pour les tests PCR. Cela résoudra-t-il pour autant le problème d’engorgemen­t des labos ? (Photo d’illustrati­on Eric Ottino)

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