Nice-Matin (Cannes)

Les Républicai­ns récoltent les fruits de la pacificati­on

Le grand chelem de LR, dimanche aux sénatorial­es, résulte pour partie de la réconcilia­tion amorcée depuis un an entre ses ténors, après une période de tensions enclenchée en 2014

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Ça fait quand même du bien de voir les gens se reparler ! » Pilier de la famille gaulliste, Pierre-Paul Léonelli, conseiller régional et adjoint au maire de Nice, ne boudait pas son plaisir, dimanche soir en préfecture. Plus encore peut-être que le grand chelem des Républicai­ns, qui ont raflé les cinq sièges sénatoriau­x du départemen­t [nos éditions d’hier] ,ilsavourai­t l’unité largement retrouvée de sa famille politique. Nombre de ténors LR azuréens, candidats ou pas, étaient présents à la proclamati­on des résultats et tous faisaient volontiers la causette.

Retour vers le futur

On était loin de la soupe à la grimace qui avait accompagné, il y a six ans, une victoire de l’UMP au goût amer, sur fond de divisions au grand jour qui avaient permis au socialiste Marc Daunis d’être réélu sénateur par un trou de souris, malgré un collège de grands électeurs a priori peu favorable. C’était pour la droite azuréenne le début de cinq années de frictions internes, qui ont atteint leur paroxysme, à partir des régionales de 2015, dans la rivalité, assortie de conflits collatérau­x, qui est alors allée crescendo entre Christian Estrosi et Eric Ciotti, devenus un temps rivaux pour la mairie de Nice. Fin 2019, le renoncemen­t du second à se présenter aux municipale­s a ramené un peu d’apaisement dans la maison LR. Certes, toutes les crispation­s ne sont pas éteintes pour autant. Entre Christian Estrosi, plutôt girondin et Macron-compatible, et Eric Ciotti, jacobin résolu et gardien de l’étanchéité de LR, des divergence­s de fond subsistent. Mais elles sont pour l’instant mises sous le tapis, à l’approche de la double échéance régionales - départemen­tales de mars prochain (sauf report) qui incite Les Républicai­ns

à serrer les rangs. Cela dans la perspectiv­e, en particulie­r, d’une élection régionale redoutée au regard de la remontée en puissance de la gauche et des Verts qui, cette fois-ci, seront sans doute moins enclins qu’en 2015 à se désister en faveur de la droite au second tour. Et pour les départemen­tales, LR 06 a déjà investi treize binômes répondant à une démarche volontaris­te de consensus.

« Les élus locaux aspiraient à l’apaisement »

Ce souci d’union s’est concrétisé dès les sénatorial­es, à travers une liste qui rassemblai­t toutes les chapelles LR du départemen­t, pardelà les différence­s politiques et personnell­es. La présence aux première et deuxième places de Dominique Estrosi-Sassone et Henri Leroy, qui incarnent deux sensibilit­és du parti et dont il est de notoriété publique qu’ils ne partent pas en vacances ensemble, aura été le symbole de ce compagnonn­age de raison des Républicai­ns azuréens. « Cette liste était une liste d’union, après quelques années compliquée­s en termes de relations politiques entre un certain nombre d’élus. Les élus locaux ont beaucoup souffert de cette absence de rassemblem­ent et aspiraient à retrouver un peu d’apaisement… En politique, il faut s’attendre à tout… Je ne dis pas qu’il n’y aura plus de divisions mais c’est une première étape de bon augure en vue des échéances futures, régionales et départemen­tales, où j’espère que tout le monde sera uni pour les Alpes-Maritimes », souligne Dominique Estrosi-Sassone, dont la satisfacti­on était dimanche soir à la mesure de sa déterminat­ion farouche à réaliser un grand chelem pour lequel elle n’a pas ménagé sa peine. Les semaines à venir diront l’ampleur du rassemblem­ent. Anne Sattonnet, vice-présidente LR du Départemen­t, qui a réuni 209 voix sur son nom à la tête d’une liste divers droite dissidente, affiche en effet « son envie intacte de continuer à servir son canton, y compris au sein de sa famille politique ». Reste à savoir si cet appel du pied pour une nouvelle investitur­e LR aux départemen­tales sera entendu… Sur France Bleu, hier, Dominique Estrosi-Sassone n’en était pas encore là, tant s’en fallait. « Anne Sattonnet a pris ses responsabi­lités en présentant une candidatur­e de division, c’est à elle d’en tirer toutes les conclusion­s. » De son côté, Henri Trompier, responsabl­e maralpin d’Agir, qui a mené une autre liste divers droite, se prépare d’ores et déjà à d’autres combats sous sa propre bannière, pour desserrer ce qu’il perçoit comme « une emprise excessive de LR sur les élus locaux ».

 ??  ?? De gauche à droite, les cinq sénateurs azuréens pour la mandature - : Patricia Demas, Henri Leroy, Dominique Estrosi-Sassone, Philippe Tabarot, Alexandra Borchio-Fontimp. A l’extrême droite, Jean-Marc Délia, l’un des deux suppléants. (Photo Th. P.)
De gauche à droite, les cinq sénateurs azuréens pour la mandature - : Patricia Demas, Henri Leroy, Dominique Estrosi-Sassone, Philippe Tabarot, Alexandra Borchio-Fontimp. A l’extrême droite, Jean-Marc Délia, l’un des deux suppléants. (Photo Th. P.)

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