Avec les fusiliers marins, personne ne passe !
Depuis le 1er septembre, leurs unités ont changé de nom. La mission des fusiliers marins, elle, reste la même : assurer la défense militaire des sites sensibles de la marine. Reportage au coeur de la base navale de Toulon
Véritable ville dans la ville, la base navale de Toulon, qui s’étend sur plus de 250 hectares, est immense. Avec ses dizaines de bassins, ses kilomètres de quais, le premier port militaire d’Europe abrite quelques-unes des unités les plus précieuses de la Marine nationale. Parmi lesquelles : l’emblématique porte-avions Charles-de-Gaulle, mais aussi l’ensemble des sous-marins nucléaires d’attaque, ancienne et nouvelle générations mélangées. Autant dire que les hommes du Bataillon de fusiliers marins Détroyat (également présents sur la base aéronavale d’Hyères et la Pyrotechnie) ne sont pas trop de 500 pour assurer la défense
(1) de cette enceinte militaire.
Un mode opératoire en perpétuelle adaptation
Sept jours sur 7, 24 heures/24, en mer comme à terre, les fusiliers marins, en tenue de camouflage et fusil d’assaut HK416 sur la poitrine, veillent. Sur le plan d’eau de la petite rade, il n’est pas rare de voir leurs embarcations pneumatiques puissamment motorisées patrouiller, avec en arrière plan les imposantes silhouettes grises des navires de guerre. « On a principalement affaire à des plaisanciers égarés qui n’ont pas fait attention qu’ils avaient pénétré dans les eaux militaires », raconte l’enseigne de vaisseau de 1re classe (EV1) Vincent, capitaine de compagnie.
Mais même s’il n’y a là aucune mauvaise intention, les « fus’ » se préparent à des actions beaucoup plus agressives. Ainsi, au fin fond de la rade, dans le « cimetière » marin où sont stockées les vieilles coques en attente de démolition, une autre équipe suit une formation spécifique de pilotage. « Ils s’entraînent à suivre des embarcations au comportement plus suspect, à les repousser, voire à les aborder », commente sobrement l’EV1 Vincent. Lorsqu’on évoque l’attaque, certes pacifique, menée en décembre 2005 contre le porte-avions Clemenceau par un commando de Greenpeace, le capitaine de frégate Philippe Sierra explique : « Cette situation a donné lieu à un Retex (retour d’expérience, Ndlr). Depuis cet événement, on a, comme à chaque fois, réadapté notre mode opératoire », déclare le commandant du Bataillon de fusiliers marins Détroyat.
« Chez nous, le système d’armes, c’est l’homme »
Retour sur le plancher des vaches. Sur la colline Malbousquet plantée de pins, une Edim (équipe de défense et d’interdiction maritime), conduite par le second maître Alexandre, répète ses gammes. Le scénario de l’exercice : une patrouille doit riposter après avoir été prise à partie par un individu armé. En tête de l’escouade de cinq hommes, le quartiermaître de seconde classe (QM2) Gaëtan et son chien Pilox ouvrent la marche. De façon presque imperceptible, sauf pour son maître, le berger malinois a changé de comportement. Débusqué, l’intrus armé sort de sa cachette. Sur un ordre du QM2 Gaëtan, Pilox riposte sautant sur l’agresseur et en le mordant à la jambe droite. L’exercice du mordant est répété une seconde fois. « On développe l’intelligence de situation des fusiliers marins en faisant du drill, en répétant les entraînements », explique l’EV1 Vincent. Le commandant Sierre renchérit : « Les fusiliers marins sont des combattants de la mer. Le système d’armes chez les fusiliers marins, c’est l’homme. Celui qui est bien préparé va progresser vers le haut. En leur faisant répéter les exercices, en les variant, on développe chez les hommes leur sens du raisonnement tactique ». 1. Sept cents si on ajoute les compagnies Le Sant et Colmay, les « unités filles », comme les appelle le capitaine de frégate Philippe Sierra, le commandant du Bataillon.