Nice-Matin (Cannes)

« Une stratégie réfléchie »

Il y a dix jours, à Barcelone, Andy Verdoïa est devenu à 17 ans le plus jeune vainqueur en Mondial Supersport. L’espoir niçois couvé par Yamaha a su tirer profit d’un caprice du ciel

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Sans prévenir, dame victoire lui a tendu les bras. Et il est allé l’enlacer ! Samedi 19 septembre, dans l’arène de Barcelone subitement douchée par une averse dantesque, Andy Verdoïa (Yamaha R6) a marqué l’histoire du championna­t du monde Supersport (WorldSSP). En choisissan­t sciemment de braver les flots déchaînés plutôt que de passer par la case « stand » afin de chausser des gommes pluie, le jeune pensionnai­re niçois du bLU cRU Yamaha MS Racing Team est passé de la 16e à la 1re place en moins de deux tours. Un succès tombé du ciel ? Oui et non ! Il raconte.

Andy, où se situe cette victoire pour le moins inattendue sur votre échelle de valeurs ? Est-ce la plus belle ?

La plus belle, je ne pense pas. Mais la plus incroyable, oui, sûr et certain.

Elle gardera forcément une place à part dans ma mémoire. Parce qu’elle résulte d’une stratégie réfléchie. Dès le début, lorsque les premières gouttes apparaisse­nt, je laisse passer des rivaux pour tâter le terrain dans leur sillage, pour évaluer la situation. Je ne voulais surtout pas me vautrer dans le premier piège.

Prendre le risque de rester en piste au plus fort du déluge, c’est votre choix ou c’est une consigne de l’équipe ?

(Du tac au tac) C’est ma décision. A ce moment-là, d’ailleurs, en passant devant les stands, je n’ai pas regardé mon panneau. Je ne voulais pas être influencé.

Pas question de changer d’avis. Nous étions très proches du cap des  % de la distance parcourus, je le savais. Le drapeau rouge n’allait pas tarder à être brandi, je le sentais. Donc il fallait tenter le coup.

Personne d’autre n’a osé ce pari. Surpris ?

Ah oui ! J’imaginais que plusieurs pilotes s’arrêteraie­nt pour changer de gommes. De quoi me permettre de finir dans le top . Mais que les gars jouant la victoire en fassent de même, ça m’a étonné.

Comment avez-vous réussi à rester sur vos roues lors du dernier tour ?

Je n’avais jamais vécu une telle expérience par le passé. La piste est devenue impraticab­le en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Même avec des pneus pluie, c’était l’enfer, m’a-ton confié après coup. Moi, en slicks, bien sûr, je roulais au ralenti. Dans les lignes droites, la roue arrière patinait. Je ne pouvais même pas enclencher la troisième ! Dans les virages, il m’a fallu composer avec quelques pertes d’adhérence. Mais aucune grosse frayeur à déplorer, malgré tout.

Quand le drapeau rouge abrège la course, vous réalisez tout de suite que vous avez gagné ?

Pas du tout ! Je n’imagine pas un instant un tel dénouement. Même une fois rentré au parc fermé, quand les gens du team m’annoncent la bonne nouvelle, je n’y crois pas. Il a fallu que je vois le classement final validé sur un écran de télé pour me rendre compte que l’on venait de passer de rien à tout en l’espace de deux tours.

Vous avez dormi la nuit suivante ?

Oui, mais au réveil, l’excitation et la fatigue étaient toujours là. (Rires) Le dimanche, ça m’a fait plaisir de retrouver une piste normale. De ne plus faire du surf. Les automatism­es sont revenus instantané­ment, j’ai redémarré à fond.

La course  ?

Je réalise un départ correct. De quoi prendre le bon wagon et viser le top . Hélas, dans le premier tour, mon coéquipier chute juste devant moi.

Pour l’éviter, je dois freiner et aller au large. Un contretemp­s qui me prive d’un résultat positif (e).

Avant Barcelone, la e place obtenue le er mars en Australie lors de la course d’ouverture constituai­t votre meilleur score...

J’ai connu un début de saison assez difficile, c’est vrai, principale­ment à cause de problèmes physiques. D’abord, je suis passé deux fois sur le billard pour opérer mes avant-bras du syndrome des loges, avant l’Australie puis après le confinemen­t. Ensuite, il y a cette chute, à Jerez, où j’escalade une machine en perdition pour atterrir lourdement dans le bac à gravier. Bilan : un doigt bien esquinté, os et tendon. Depuis, je ne suis pas à  %. Ma main manque de force. Mais ça va de mieux en mieux.

‘‘

La roue arrière patinait ”

Côté pilotage, quel paramètre aimeriez-vous améliorer en priorité ?

Là, maintenant, il faudrait que j’arrive à exploiter pleinement mon pneu arrière en début de course, durant les quatre ou cinq premiers tours. Si on progresse dans ce domaine, sûr que je franchirai un cap.

Magny-Cours ?

La manche française ! Je l’aborderai comme les autres, avec l’ambition d’aller au bout de chaque course, samedi et dimanche. Pour l’instant, je ne compte que deux abandons en onze épreuves : une chute et un pépin mécanique. On vient d’enchaîner sept arrivées consécutiv­es. Une série qu’il faut prolonger, cette semaine puis lors de la finale portugaise (Estoril, - octobre, ndlr).

 ?

Je rempilerai en World Supersport. Encore et toujours grâce au soutien de M. Eric de Seynes (le patron français de Yamaha Motor Europe).

Même marque, même championna­t... Si changement il doit y avoir, il ne concernera donc que le team au sein duquel je roulerai.

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Andy Verdoïa a crânement su saisir sa chance. (Photos DR)
 ?? (Photos Pep Ségalès) ?? Lors de la finale andorrane, à Sant Julià, Naomi Monnier a fait carton plein : une double victoire synonyme de titre mondial pour la jeune ambassadri­ce de l’AMC Grasse.
(Photos Pep Ségalès) Lors de la finale andorrane, à Sant Julià, Naomi Monnier a fait carton plein : une double victoire synonyme de titre mondial pour la jeune ambassadri­ce de l’AMC Grasse.
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