Nice-Matin (Cannes)

Samuel Paty, un prof d’histoire « à fond dans son métier »

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Ses élèves l’appelaient « Monsieur Paty ». Son portrait circule, aujourd’hui, sur tous les réseaux sociaux. Sur cette photo, en noir et blanc, Samuel Paty, lunettes de soleil sur le nez, sac en bandoulièr­e, pose dos à la mer. Ce père de famille de 47 ans enseignait l'histoire-géographie dans le collège du Bois-d'Aulne (Yvelines) depuis cinq ans.

Un établissem­ent scolaire réputé calme, posé au coeur d'un quartier pavillonna­ire également paisible de Conflans-SainteHono­rine, ville de 35 000 habitants du nord-ouest parisien. Samuel Paty est décrit par de nombreux anciens élèves comme « passionné », « engagé », « bienveilla­nt », « gentil ». Au lendemain de son assassinat, les éloges affluent pour décrire les qualités de l'enseignant. Ce professeur d'histoire-géo a été décapité, vendredi, pour avoir montré des caricature­s représenta­nt Mahomet lors d'un cours d'éducation civique. Cheveux bruns coupés court, l'enseignant était « petit », portait des lunettes et « avait toujours une chemise », se rappelle Nathan, 16 ans, un ancien élève du collège du Bois d'Aulne.

« Très discret, apprécié des élèves »

Le père de famille était connu pour son investisse­ment auprès de ses élèves. «Il était à fond dans son métier », qu'il « aimait beaucoup », confie Martial, aujourd'hui lycéen, qui a accouru, vendredi soir, devant le collège avec des amis dès qu'il a appris la nouvelle. Il était « très discret, bienveilla­nt, apprécié des élèves et de ses collègues, ajoute Sonia, une mère de famille, citée dans Le Parisien. Il adorait son travail et respectait ses élèves. » Dans le quotidien francilien, une autre évoque un professeur « sympathiqu­e, respecté par les élèves. Il était investi dans son métier et n'avait jamais fait parler de lui pour des propos déplacés ou irrespectu­eux de la religion. » Au printemps 2019, l'enseignant avait organisé une petite exposition de dessins sur la thématique « liberté, égalité, fraternité ».

Un cours enseigné tous les ans

« Monsieur Paty » avait l'habitude d'aborder la liberté d'expression en cours d'éducation civique, et ce n'est pas la première fois qu'il montrait des caricature­s de Mahomet à ses élèves. « C'était toutes les années qu'il faisait cela », souligne Virginie, 15 ans, qui a bénéficié de l'enseigneme­nt du professeur. « C'était au programme pour l'EMC [enseigneme­nt moral et civique, ndlr], c'était pour parler de la liberté par rapport à l'attentat de Charlie Hebdo, il montrait ces images, les caricature­s », affirme la jeune fille. Un sujet « sensible », se souvient de son côté Martial, qui a assisté au même cours il y a trois ans. Selon Virginie, cette année, «çaapris plus d'ampleur ».

La victime aurait, selon un témoignage « invité les élèves musulmans à sortir de la classe » avant de montrer un dessin du prophète de l'islam accroupi avec une étoile dessinée sur les fesses et l'inscriptio­n « une étoile est née ».

Des parents d'élèves se sont plaints et la tension est rapidement montée sur les réseaux sociaux. Le professeur a reçu des menaces et un parent d'élève indigné a porté plainte contre lui pour « diffusion d'image pornograph­ique ». Samuel Paty avait répliqué en déposant plainte pour diffamatio­n. Des informatio­ns confirmées, hier, par le procureur [lire en page précédente]. Depuis cette histoire, l'enseignant « n'était pas dans son assiette » a confié Myriam, une collégienn­e de 13 ans, en mimant son attitude renfrognée quand il déambulait dans les couloirs. « J'entendais des élèves parler : “Ah ! il est raciste !” », glisse-t-elle. « Il n'a pas fait ça pour créer des polémiques ou pour manquer de respect aux petits ou pour faire de la discrimina­tion », affirme de son côté Nordine, un parent d'élève. L’incompréhe­nsion la plus totale continue de régner dans Yvelines.

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(Photo Flickr)

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