Nice-Matin (Cannes)

A Nice, ils marchent pour la démocratie

- CÉLIA MALLECK cmalleck@nicematin.fr

« On a tous été choqués et émus par la nouvelle », souffle Jean-Paul Clot, délégué syndical du SNES-FSU qui a appelé au rassemblem­ent. Comme lui, hier après-midi, à Nice, 550 personnes ont rendu hommage à Samuel Paty, professeur d’histoire assassiné dans les Yvelines quelques jours après avoir montré une caricature du prophète à ses élèves. Enseignant­s, parents d’élèves et étudiants ont condamné la barbarie et défendu le droit fondamenta­l à la liberté d’expression en marchant de la place Garibaldi jusqu’au lycée Masséna.

« Préjugés à déconstrui­re »

« J’utilise les caricature­s en cours, confie Fabrice Giovanazzi, prof d’histoire au lycée d’Estienne d’Orves. Elles permettent de travailler sur l’opinion, le débat, l’argumentat­ion et le respect de l’autre. C’est le coeur de notre démocratie. Le débat permet de se construire une pensée qui n’est ni imposée par la famille, la religion ou un parti, mais qui nous est propre. »

Et d’ajouter : « Nous avons beaucoup de préjugés à déconstrui­re auprès des jeunes sur la religion, les rapports homme-femme ou l’homosexual­ité par exemple. C’est normal de les éduquer. Mais c’est un travail qui se fait sur le long terme. Il nous faut du temps. Et avec les programmes que nous avons, et les classes entières en enseigneme­nt moral et civique, ça rend les choses difficiles. » Du temps, c’est aussi ce que demande Jean-Paul Clot pour aborder le stalinisme, le fascisme et la Shoah. De la tolérance, aussi. « J’ai une pensée pour ce collègue, sa famille bien sûr, mais aussi tous les Français musulmans qui vont être stigmatisé­s. » Malgré le « traumatism­e » et la « tristesse » que suscite la mort de ce professeur du collège du Bois-d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, ils ne veulent rien lâcher. Toujours Charlie. Encore « Parce que la défense de nos libertés doit rester notre seule boussole, parce que la France, fidèle à ses valeurs, ne capitulera jamais devant la barbarie islamiste », le maire de Nice décline les hommages que la Ville rendra à Samuel Paty : Le drapeau français de l’Hôtel de Ville sera en berne dès aujourd’hui. Un registre de doléances sera ouvert en mairie et un kakémono en mémoire de Samuel Paty mis en place en mairie dès demain. En raison des conditions sanitaires interdisan­t notamment les rassemblem­ents sur la voie publique, Christian Estrosi a pris également les décisions suivantes : le lundi  novembre, jour de la rentrée scolaire, l’ensemble des écoles de la ville de Nice mettront les drapeaux français et niçois en berne. Une minute de silence sera observée à  heures dans toutes les écoles niçoises. « Cette minute de silence sera l’occasion d’une explicatio­n sur cet hommage ». Christian Estrosi, qui se rendra dans une école tout comme les membres du conseil municipal, demande à l’ensemble des établissem­ents de la ville « de s’associer à ces gestes d’hommage et de résistance ». De son côté, l’Union des Etudiants Juifs de France - Nice appelle au rassemblem­ent aujourd’hui, à  heures, place Masséna.

Paty.

« Notre collègue ne faisait que son métier, se désole Fabienne Langoureau, secrétaire générale du SNES-FSU. Nous devons continuer à enseigner la liberté d’expression et la laïcité qui ne doivent jamais céder face au terrorisme. Continuer à former

des citoyens libres et ouvrir davantage les portes de nos écoles pour dire aux parents d’élèves que nous ne sommes pas leurs ennemis. » Une action est envisagée à la rentrée des vacances de la Toussaint.

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Hier après-midi,  personnes ont cheminé, en bloc, de la place Garibaldi au lycée Masséna, pour défendre la liberté d’expression et la laïcité. (Photo Eric Ottino)

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