Nice-Matin (Cannes)

Des mots, de l’émotion et des larmes à Menton

Des enseignant­s, des lycéens et des citoyens anonymes se sont rassemblés au jardin de la Paix Simone-Veil, hier, pour rendre un hommage poignant au professeur victime de la barbarie

- ARNAULT COHEN acohen@nicematin.fr

Ils n’étaient qu’une vingtaine, hier matin, au premier jour des vacances scolaires, réunis au parc du Pian, à Menton, pour rendre hommage au professeur d’histoire sauvagemen­t assassiné et décapité la veille, en fin de journée, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Ils étaient peu nombreux mais leur émotion et leur dignité se sont répandues dans toute la cité des citrons. Il y avait des enseignant­s, des lycéennes venues de Menton, Beausoleil et Cap-d’Ail, des citoyens anonymes et un élu de la Ville, Jean-Claude Alarcon, adjoint au maire.

Cet échantillo­n représenta­tif de Menton a répondu à l’appel improvisé de Florence Lagache, professeur­e d’anglais au lycée Pierre-et-Marie-Curie, vendredi soir. « Quand j’ai appris cette monstruosi­té, j’ai contacté mes collègues, mes élèves, leurs parents, les citoyens de Menton, confie l’enseignant­e. Il fallait que l’on se rassemble pour rendre hommage à notre collègue et réaffirmer notre volonté de défendre les valeurs de la République. »

« Cher collègue… »

Cet hommage s’est déroulé dans un lieu hautement symbolique, le jardin de la Paix Simone-Veil, créé après l’attentat de Charlie Hebdo (lire ci-contre). Cet espace, situé au parc du Pian, est aujourd’hui devenu le lieu incarnant « la lutte contre le racisme, l’antisémiti­sme, le terrorisme, le djihadisme, l’obscuranti­sme et, depuis cette année, le combat contre les anti-LGBT », résume Florence Lagache. « Ce jardin était fait pour toi » ,amême souligné son instigatri­ce lors d’un discours improvisé en fin de matinée. Des mots poignants, des messages lourds, de l’émotion et beaucoup de larmes ont ponctué cette prise de parole spontanée, dont une grande partie s’adressait à cet enseignant victime de la barbarie.

« Cher collègue, là où tu es, j’espère que tu n’as plus mal. Tu as préparé ton cours, comme nous tous, avec beaucoup de profession­nalisme, beaucoup d’amour pour tes élèves. Et tu voulais simplement leur apprendre à penser par euxmêmes, à comprendre l’histoire de notre pays. Tu as payé cher le fait d’enseigner les valeurs de la République à tes élèves : liberté, égalité, fraternité, laïcité. » « Sans le savoir, cher collègue, ce jardin de la Paix était fait pour toi, aussi. Il est là pour dire à tout le monde que notre métier est essentiel. Nous, les enseignant­s, nous sommes le coeur battant de la République. (...) Là où tu es, je t’offre toutes les palmes académique­s du monde. Tu les mérites bien. »

(1) Les yeux humides et les coeurs transpercé­s, tous ont alors observé une minute de silence. (1) Retrouvez de très larges extraits de ce discours poignant dans une vidéo publiée sur www.nicematin.com

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Florence Lagache, au centre : « Cher collègue, tu as payé cher le fait d’enseigner les valeurs de la République à tes élèves. » (Photos A. C.)

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